La grippe aviaire gagne du terrain. Ce jeudi, le niveau de risque de propagation a été porté de "modéré" à "élevé" sur l'ensemble du territoire. Les éleveurs ont désormais l'obligation de confiner leurs volailles. Dans le Gers, les éleveurs font face mais le moral n'y est pas.
Le cauchemar redémarre pour des milliers d'éleveurs. Le spectre de la grippe aviaire refait son apparition. Le niveau de risque a été porté de "modéré" à "élevé" sur l'ensemble du territoire métropolitain, selon un arrêté publié au Journal officiel.
Principale conséquence : les volailles confinées
Les éleveurs sont contraints de confiner leurs volailles. Les principales régions de production, la Bretagne et le Pays de la Loire, mais aussi le département des Deux-Sèvres, étaient déjà soumis à cette obligation depuis la mi-octobre. Mais l'épizootie a continué de se propager ces derniers jours : un foyer a notamment été découvert dans le Gard la semaine dernière, dans une basse-cour familiale de la commune de Fourques, près d'Arles. Quelques semaines plus tôt, un autre foyer avait été détecté en Dordogne, le premier dans le Sud-Ouest du pays.
Pour l'instant, le Gers n'a pas été touché par le virus. Dans le département, les éleveurs espèrent passer au travers de cette nouvelle épidémie. Sylvie Robin du Gaec Dubosc-Robin, élève 20 000 canards à Viella dans le Gers. Ses volailles viennent de partir à l'engraissement. Elle devrait en recevoir d'autres le 21 novembre prochain. Des canards qui seront donc à l'isolement dans ses 3300 m2 de bâtiments.
Si nos bâtiments n'étaient pas à payer, on ne mettrait pas de canards dedans cet hiver.
Sylvie Robin, éleveuse de canards et membre du Cifog Gers
L'agricultrice, également membre du Cifog ( Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras), se dit "résiliente". "Il n'y a pas de solution miracle face à ce virus. C'est à nous éleveurs d'additionner les mesures de prévention mais la claustration des animaux nous demande plus de travail." Sylvie Robin, assure que confiner les volailles, oblige à baisser les volumes pour passer à 4 canards au m2 dans les bâtiments. "C'est moins de risque, moins de revenus et plus de charges !"
Pour Lionel Candelon, président des Canards en colère, la claustration n'a toujours pas fait ses preuves.
Confiner, on a bien vu que ça ne marche pas, ça ne protège pas du virus. C'est une mesurette qui sert à rien.
Lionel Candelon, président des Canards en colère
Plus de 770 000 canards abattus
49 foyers ont été recensés dans les élevages, selon le comptage de la saison 2022-2023 démarré le 1er août.
En l'espace de trois mois, plus de 770 000 canards, poulets ou poules pondeuses ont été abattues. Ce bilan a plus que doublé depuis le précédent bilan, le 12 octobre, qui faisait état de l'abattage de plus de 330.000 animaux.
Après une saison 2021-2022 catastrophique (plus de 21 millions de volailles abattues entre fin novembre et mi-mai), le virus a recommencé à frapper des élevages français dès la fin juillet, de manière exceptionnellement précoce. Face à cette diffusion du virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (H5N1) et à l'approche de l'automne, période du début des migrations d'oiseaux sauvages et de la baisse des températures, les autorités avaient déjà relevé début octobre le niveau de risque de "négligeable" à "modéré" sur l'ensemble du pays.
Un milliard d'euros d'indemnisation
Avant même la reprise de l'épizootie cet été, la facture de la grippe aviaire s'élevait pour l'État à plus d'un milliard d'euros consacrés à l'indemnisation des pertes des professionnels.
Depuis le 1er août, 18 pays européens ont repéré le virus sur leur territoire, selon la plateforme française d'épidémiosurveillance en santé animale (ESA), l'Allemagne et la France comptant le plus de foyers en élevages.
Avec AFP