Les 240 000 festivaliers qui baroudent pendant trois semaines dans les rues sont une manne financière incroyable pour la bourgade de Marciac dans le Gers.
Ici un quartet, là un trompettiste solo. Un concert de jazz éphémère émerge à chaque tournant, dans les rues étroites et ensoleillées de Marciac. Ces douces notes attirent les touristes groggy par le soleil qui, en attendant les grands concerts du soir, sirotent un verre en terrasse ou se délectent des saveurs locales. Ils sont plus de 240 000 festivaliers à investir la petite commune du Gers de 1.350 habitants, capitale du jazz trois semaines durant.
"Faut pas se le cacher, c'est ce qui nous permet de vivre. On n'aurait pas le festival, on ne pourrait pas vivre" lance Mme Chaillou, gérante de l'éphémère bar à tapas "El Bodega".
Selon une enquête du cabinet-conseil Traces TPi réalisée en 2014, 56% des professionnels locaux déclarent qu'ils fermeraient leur structure si le festival devait s'arrêter. "Le festival de jazz, c'est un gros chiffre au niveau de l'année", confie à l'AFP Jean-Charles Da Silva - dit "Charly" -, l'un des patrons du Central Sport café. "Ca nous permet d'être un peu plus confortable l'hiver". Idéalement situé sur la place du village, son café reçoit "six à sept fois plus de monde qu'en temps normal".
Hors festival, la petite commune compte dix café-restaurants. Bien trop peu pour survenir à cette marée de curieux. Selon l'organisation, 60 commerces de bouche supplémentaires ouvrent durant les trois semaines de la manifestation, du 27 juillet au 15 août. A l'année, Mme Chaillou tient une des 13 chambres d'hôtes de Marciac. L'édition 2018 n'est pas terminée qu'elle a déjà "des demandes pour 2019!" glisse-t-elle. D'ailleurs, cette période exceptionnelle "représente environ la moitié" de son chiffre d'affaires annuel.20 millions d'euros de retombées
Si on met de côté les 35.000 personnes qui préfèrent venir à la journée, les touristes venus pour le festival privilégient les séjours longs d'environ 7 jours. "On a développé très tôt un dispositif de chambres d'hôtes qui nous permet de faire face à l'essentiel de la demande dans un rayon de 30 km autour de Marciac", explique Jean-Louis Guilhaumon, maire de la commune.
La vague satisfait les hôteliers - avec près de 237.700 nuitées en 2014 - et les restaurateurs, mais aussi les petits producteurs locaux. En effet, le shopping est le deuxième poste de dépenses de ces touristes au long-court, après la billetterie. Au total, 47% des vacanciers vont acheter des produits du terroir (charcuterie, vins de la région), pour près de 100 euros en moyenne.
Pour le maire, JIM constitue "un rayonnement culturel exceptionnel pour la région" avec "plus de 20 millions d'euros de retombées économiques". Le festival est aussi un gros générateur d'emplois, notamment pour les jeunes. Au Café de l'Hôtel de Ville, par exemple, les effectifs passent de "quatre à 15 employés".
Même son de cloche à la boulangerie du coin : "On embauche trois personnes supplémentaires en temps de festival", confirme Anne Verger-Borderolle, la gérante. Derrière les vitrines emplies de figurines de guitaristes, trompettistes et jazzmen, la fréquentation de sa boulangerie "triple" en été. "Marciac hors festival ? C'est mort !", plaisante-t-elle.