"La Russie était là pour construire, pas pour détruire", les propos troublants d'un ancien sénateur au sujet de la guerre en Ukraine

L'ancien sénateur du Gers, Aymeri de Montesquiou Fezensac d'Artagnan faisait partie des 106 observateurs internationaux recrutés par la Russie pour jauger le déroulement du scrutin présidentiel en mars 2024 qui a vu la réélection de Vladimir Poutine avec 88% des voix. Au cours d'une interview accordée à Quotidien, l'élu tient des propos pour le moins troublants.

L'ancien sénateur du Gers, Aymeri de Montesquiou Fezensac d'Artagnan fait parler de lui au cours de la diffusion d'un reportage diffusé, ce jeudi 2 mai 2024, dans l'émission Quotidien sur TMC.

L'actuel maire de la commune de Marsan faisait partie de la dizaine d'élus français envoyés comme observateurs de l'élection présidentielle russe en mars dernier, comme ce fut déjà le cas en 2019. Lors de son passage en Russie, il avait déclaré à la chaîne de télévision Russia Today : "ces élections sont bien organisées dans les règles que l'on pratique en France", met en avant l'équipe de Yann Barthès, dont un extrait est visible sur X : 

Son appartement situé en face de l'ambassade russe

Des propos qu'il confirme à nouveau dans son appartement parisien en recevant les journalistes de l'émission, qui s'étonnent que celui-ci soit situé juste en face de l'ambassade russe.

"Chaque pays a sa spécificité au niveau régime démocratique, c'est un régime démocratique". L'édile explique s'être appuyé sur sa longue expérience d'élu : " les règles qui sont appliquées en France, elles étaient là. Il y a une liste des gens inscrits, des isoloirs. On fait une caricature de ces élections. J'ai vu des gens heureux d'aller voter", assure-t-il.  Ce n'est pourtant pas l'avis d'autres observateurs qui ont dénoncé des fraudes à l'image de Stanislav Andreïtchouk, coprésident de l’ONG Golos, qui selon nos confrères de France info a dû fuir son pays.  

L'équipe de Quotidien évoque également la visite de l'élu à Marioupol, "cette ville détruite et annexée par la Russie en 2022 où des milliers d'Ukrainiens ont été tués et déportés, occupée et russifiée de force où les habitants ont donc pu voter", contextualise le journaliste Paul Gasnier qui en diffuse l'extrait sur X. "C'est une ville où les Russes ont tué et déporté des milliers d'Ukrainiens, est-ce que cela vous a mis mal à l'aise d'être là-bas ?", interroge-t-il. "Pourquoi dites-vous cela, est-ce que cela a été établi ?" "Oui, cela a été établi." "Si c'est le cas, c'est anormal, stipule l'élu avant de mettre l'accent sur les reconstructions.

"Moi, j'ai été bluffé par ces reconstructions, on voit que ce sont des immeubles neufs. On voit qu'il y a une volonté de faire, on voit que la Russie était là pour reconstruire et non pas pour détruire."

Aymeri de Montesquiou, maire de Marsan

Le sénateur semble tout acquis au discours de Vladimir Poutine concernant la guerre en Ukraine.

L'interview se poursuit : "À aucun moment, vous vous êtes senti instrumentalisé par Vladimir Poutine pour servir de caution à ce scrutin ?"  relance Paul Gasnier. "Personne ne m'instrumentalise", rétorque l'édile, évoquant ses blessures passées au rugby.

Une interview écoutée et observée

L'interview s'interrompt quand le journaliste tourne son regard vers une femme qui les observe et les écoute : "Moi, je suis Alexia Miloradovitch". Elle se présente comme étant celle qui a recruté l'ancien sénateur : "C'est moi qui ai invité M. Montesquiou. À Marioupol, on était ensemble". La ressortissante russe déclare qu'elle ne travaille pas pour l'ambassade, mais pour le gouvernement. "Je propose des noms qui ont très, très bonne réputation, car on a besoin de gens avec une très bonne réputation qui peuvent venir observer".  Selon son profil Linkedin, celle-ci serait "facilitateur des affaires étrangères", depuis 2009.

De nombreuses casquettes et des casseroles


Mais l'actuel maire de Marsan, Aymeri de Montesquiou descendant de d'Artagnan, aujourd'hui âgé de 81 ans, ancien député du Gers et européen, ex-représentant spécial en Asie centrale pour l'ex-président Nicolas Sarkozy, a-t-il vraiment une "bonne réputation" ? 

Fin mars 2024, il comparaissait devant le tribunal correctionnel d'Auch, poursuivi pour travail dissimulé par son ancienne collaboratrice Karine Mouton, qu'il accuse, elle et son épouse, d'abus de confiance et de détournement de fonds. Selon nos confrères du Petit journal, le tribunal rendra sa décision en juin prochain. 

Déchu de son mandat de sénateur

Aymeri de Montesquiou a aussi été déchu de son mandat de sénateur UDI, en 2015 sur décision du Conseil constitutionnel, en raison de l'irrégularité de ses comptes de campagne. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) venait de juger sa déclaration de patrimoine non conforme. Il était reproché au sénateur de ne pas avoir déclaré aux impôts deux comptes bancaires au Luxembourg et en Suisse, dotés chacun de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Lire aussi : Gers : l'élection d'Aymeri de Montesquiou au Sénat invalidée par le Conseil constitutionnel

Un an auparavant, son immunité parlementaire avait été levée. Aymeri de Montesquiou était alors mis en examen dans l'affaire dite du "Kazakhgate" alors qu'il était le représentant spécial de Nicolas Sarkozy en Asie Centrale quand celui-ci était à l'Élysée. L'enquête n'a à ce jour pas abouti. 

Ces "casseroles" n'entacheraient donc en rien sa "bonne réputation" aux yeux du gouvernement russe ? Aymeri de Montesquiou ne cache pas ses liens avec le pays dirigé par Vladimir Poutine où il s'est rendu pour la première fois en 1963 et où il voyage fréquemment. Il a intronisé au moins quatre ambassadeurs russes dans la compagnie des Mousquetaires d'Armagnac, selon nos confrères de la Dépêche du midi. Un pays qu'il affectionne tout particulièrement.

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