Affaire Alain Ferrand : pourquoi le maire du Barcarès avait-il une grosse somme d'argent liquide lors de son arrestation à Montpellier ?

Alain Ferrand a été mis en examen pour corruption, favoritisme et blanchiment et écroué mardi, dans un dossier concernant des marchés publics entre 2012 et 2023, en lien avec les villages de Noël du Barcarès. Mais lors de son arrestation à l'aéroport de Montpellier, le maire transportait l'équivalent de 55 000 euros en liquide d'où les accusations de transfert non déclaré de sommes provenant de l'étranger.

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Pour le maire du Barcarès dans les Pyrénées-Orientales, les mises en examen et les chefs d'inculpation se multiplient ces dernières années.

Placé en détention provisoire à la prison d'Aix-Luynes, dans l'enquête sur l'affaire du marché public pour la construction des chalets du village de Noël, il est accusé de corruption par un élu public, favoritisme, prise illégale d'intérêts, participation à une association de malfaiteurs et blanchiment.

Un voyage professionnel au Congo-Brazzaville

Sur le communiqué de mise en examen du parquet de Marseille, on trouve aussi une autre accusation, celle de transfert non déclaré de sommes provenant de l'étranger.

Car lors de son arrestation dimanche, les sept policiers et gendarmes venus accueillir Alain Ferrand à sa descente d'avion, à l'aéroport de Montpellier, ont découvert une forte somme d'argent sur lui et dans sa valise. 32 000 euros et 16 000 dollars, confisqués par les enquêteurs. 

Tout est légal. Cette somme correspond à un retrait dans une banque de Brazzaville sur le compte d'une société dont Alain Ferrand est le PDG. Elle devait servir en France à payer du matériel et des pièces automobiles de rechange introuvables au Congo. Nous avons fourni les bordereaux officiels aux juges.

Jean-Robert Phung, avocat d'Alain Ferrand

Alain Ferrand est en effet PDG d'une société au Congo-Brazzaville qui gère plusieurs hôtels. Mais interdit de sortie du territoire depuis trois ans à cause d'une autre affaire judiciaire concernant également les marchés publics du village de Noël du Barcarès, il ne pouvait plus s'y rendre, affirme le conseil.

Cette interdiction levée, il part donc en Afrique et constate que des travaux sont nécessaires pour réparer les hôtels et les voitures destinées à conduire les clients à l'aéroport. Mais impossible de trouver le matériel et les pièces automobiles Mercedes sur place.

Alors le conseil d'administration, pour gagner du temps, car les virements bancaires sont très longs entre le Congo et la France, décide de fournir l'argent à Alain Ferrand pour qu'il fasse les démarches en France.

Cet argent était destiné à être déclaré au moment des paiements. De toute façon, en France, on ne peut pas règler de telles sommes à des entreprises sans fournir une provenance. A Brazzaville, un samedi de nuit, le bureau des douanes était fermé. Pareil, le dimanche à Roissy, en plus mon client n'avait que 50 minutes pour sa correspondance. Et il n'a pas pu le déclarer à Montpellier, il a été interpellé avant.

Jean-Robert Phung, avocat d'Alain Ferrand

Un appel du placement en détention provisoire et une demande de remise en liberté ont été déposés ce mercredi. L'instruction doit avoir lieu dans les 15 jours. "Il n'y a rien dans le dossier depuis 12 ans, pourquoi cela changerait-il ?", poursuit l'avocat.

"Ferrand, c'est pas Mesrine"

Pour l'avocat du maire du Barcarès, la justice s'acharne depuis des années sur Alain Ferrand. Et son arrestation "rocambolesque" à Montpellier, un dimanche est un "guet-apens".

Depuis 20 ans, Alain Ferrand est traqué. Mises en examen, gardes à vue, rien n'y fait. Toutes les procédures se terminent par des classements sans suite ou des relaxes. Il est pourtant traité comme à priori coupable. Cette arrestation rocambolesque à Montpellier le prouve. Sept policiers et gendarmes pour l'arrêter et deux juges pour l'entendre, Ferrand c'est pas Mesrine. Il aurait reçu une convocation, il s'y serait rendu !

Jean-Robert Phung, avocat d'Alain Ferrand

Les réactions des habitants du Barcarès

Élu pour la première fois en juin 1995 maire de la station balnéaire catalane qui compte 6 000 habitants mais dix fois plus l'été, Alain Ferrand a été réélu haut la main en 2011, 2014 et 2020. Il a partagé le fauteuil de maire du Barcarès avec son épouse Joëlle (1999-2011), au gré des inéligibilités de l'un et de l'autre.

Au Barcarès, l'affaire Ferrand est de toutes les conversations et les avis sont partagés.

"Il y a 20 ans que je suis ici, et on a vu beaucoup de changement, c'est bien", dit une riveraine. Plus pragmatique, une passante affirme : "il faut qu'il rembourse, c'est tout. Sinon, ce sont les concitoyens qui vont payer, c'est cela le problème".

Un Barcarésien nous confie : "C'est vrai que ce n’est pas très normal. Alors maintenant, quoi faire ? Mais ici, il est assaisonné pas mal je crois au point de vue politique. Il est vite démoli".

Alain Ferrand, figure de la droite dans les Pyrénées-Orientales, avait déjà été placé en détention en janvier 2022 mais libéré une douzaine de jours plus tard en raison d'une nullité de procédure dans l'ordonnance de révocation de son contrôle judiciaire.

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