"On est otages d'une guerre économique", les producteurs d'Armagnac s'inquiètent de la menace chinoise de surtaxe de leurs produits

La menace planait depuis le début de l'année, elle obscurcit encore un peu plus l'horizon des producteurs de Cognac et d'Armagnac en cette fin d'été. La Chine prévoit en effet de surtaxer les spiritueux français de 30 à 39 %. Un coup de massue pour les producteurs

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Dans la coopérative les Hauts de Montrouge à Nogaro dans le Gers, 500 fûts d'Armaganc vieillissent patiemment. Certains étaient destinés à l'exportation vers la Chine. Mais l'Armagnac restera peut-être dans le Gers.

Plus de 30% de taxe supplémentaire

En cause la dernière annonce de Pékin prévoit une surtaxation des spiritueux français pouvant aller jusqu'à 39%. Quand on sait que la Chine est le second marché en volume en termes d'exportation, on mesure le niveau d'inquiétude des producteurs.

Le président de la cave Patrick Farbos accuse le coup. "On est en train de vendanger la nuit pour récolter du bon raisin, pour faire un bon Armagnac. Et certains derrière leurs bureaux font tout pour que l'Armagnac ne rentre plus dans leur pays. Parce qu'avec plus de 30% de taxes supplémentaires c'est ce que ça veut dire ! ".

Et le marché chinois est essentiel pour l'ensemble de la filière même s'il ne s'agit du premier pays importateur. Mais les temps sont durs. Chaque partenaire commercial est important. "Aujourd'hui je vois un centime par terre, je le ramasse ! On ne peut pas se permettre de dire ça ne marche plus dans ce pays, on va voir ailleurs ! " assène-t-il un rien désabusé.

Otages d'une guerre économique

Car les producteurs ont le sentiment d'être en réalité pris en otages dans le cadre d'un conflit économique entre l'Europe et la Chine. Bruxelles cherche à freiner l'importation de voitures électriques chinoises avec une taxe à peu près égale à ce que prévoit Pékin sur les spiritueux français. 

Mais le ministère chinois du commerce justifie sa menace en évoquant des soupçons de dumping des eaux-de-vie venant d'Europe. Une enquête à mème était lancée. "Nous avons été mis au courant. Nous avons dû répondre à des questionnaires. Qu’est-ce qu'on vend, à qui ? Nous avons été transparents et de bonne foi et voilà malgré tout la sanction qui pourrait tomber ! En moyenne 34% de hausse de taxe, c'est démesuré ! On est déjà taxé ! Qui pourra encore acheter de l'Armagnac en Chine ?", réagit PIerre Daniel le directeur de la cave des Hauts de Montrouge.

Dans l'attente d'un nouveau gouvernement

Olivier Goujon, le président du bureau national interprofessionnel de l'Armagnac, est aussi inquiet. Le marché chinois est considéré comme un marché dynamique avec une classe moyenne friande d'Armagnac. "La crainte c'est de perdre des parts de marché. Il faut savoir qu'on exporte 58 de l'Armagnac produit en France. Et la Chine est un partenaire important. On attend aujourd'hui que l'Europe, le gouvernement se saisissent à bras-le-corps de ce problème. On compte aussi sur le soutien de la région. Il faut sortir de cette guerre économique !"

Mais le nouveau gouvernement n'est toujours pas au travail et la chine pourrait mettre à exécution sa menace de surtaxation d'ici la fin de l'année.

Écrit avec L. Dubois

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