Le jongleur Martin Palisse vit avec la mucoviscidose. Il en a fait un spectacle présenté au festival du cirque actuel qui se tient à Auch dans le Gers. Portrait.
Il savait qu'il en parlerait sur scène un jour. Et puis, ce moment est venu. Le spectacle s'appelle "Time to tell".
Martin Palisse vit avec la mucoviscidose depuis 40 ans. Une maladie génétique rare, incurable. Un mal qu'il combat, qui a influencé sa vie et son travail de jongleur. Avec l'aide du metteur en scène David Gauchard, il en a fait un récit présenté sous l'un des chapiteaux du festival de cirque actuel Circa à Auch (Gers).
"J'ai appris à jongler à l'âge de 16 ans et demi - 17 ans", commence-t-il sur la scène devant quelques 150 spectateurs. Il raconte qu'il envisage alors de faire une école de cirque. Mais la proviseure du lycée lui explique qu'il est un élève doué en mathématiques, qu'il peut avoir accès à de bonnes écoles, qu'il ne va quand même pas finir jongleur avec un chien dans la rue et que l'école de cirque, de toutes les façons, ce n'est pas pour lui au vu de ses capacités physiques. Martin Palisse est aujourd'huiun artiste reconnu. Le jongleur dirige le Sirque, le pôle national des arts du cirque de Nexon en Limousin.
Vivre à 100 %
Sous le chapiteau, pieds nus, il marche, court, danse, jongle. Il s'essouffle, mais ne s'épuise pas. Il lance des balles, les tient en équilibre, en laisse tomber parfois.
Rien ne permet de voir que Martin Palisse est malade. Et pourtant quand on lui pose la question, il reconnait simplement : "j'ai un corps qui a des limites, c'est une maladie handicapante d'un point de vue pulmonaire, donc avec une oxygénation qui n'est pas optimum. J'ai compris avec le temps que j'ai un corps qui n'est pas très souple. J'ai une résistance physique moindre. Il faut que je me batte pour atteindre le même niveau que les gens du même âge que moi. Mais c'est aussi de ça que je tire ma force, ma volonté d'avancer. Cette maladie peut-être m'emportera plus jeune que d'autres, mais elle m'aura donné cette volonté de vivre à 100 %."
La maladie et le regard des autres
La maladie, les traitements, les couloirs des hopitaux, il dit tout. À 40 ans, il se dévoile sur scène. Il a eu cette envie, cette nécessité forte d'en parler pour extérioriser. "J'ai toujours eu cela au fond de moi. Cela arrive aujourd'hui peut-être parce que c'est un âge que je ne pensais pas atteindre. Je n'étais pas programmé pour aller aussi loin. C'est un peu bizarre d'avoir vécu toute une partie de sa vie en se disant, je ne vais pas vivre longtemps et puis, au bout d'un moment, on se dit "tiens, ça fait longtemps que je vis en fait"."
La mucoviscidose, il la subit surtout dans le comportement ou le regard des autres, un regard parfois pesant. Il dit avoir appris à lire au fond des yeux. "Les rapports sociaux sont biaisés par cette maladie. J'ai toujours eu l'impression que les autres la portait beaucoup plus que moi. Les gens sont plus inquiets que vous."
Avec son histoire, Martin Palisse espère interroger le public. Amener les spectateurs à se poser des questions sur leur rapport à la maladie, à la mort et surtout à la vie.