Après 24 ans à la tête du département, Philippe Martin a du démissionner suite à une condamnation judiciaire. Un coup de tonnerre dans le ciel gersois alors qu’aucune succession n’était prévue. De quoi attiser les ambitions et réveiller les vieilles luttes intestines.
Le Gers est connu pour son « bonheur dans le pré », son foie gras et son Armagnac. Mais, depuis plusieurs décennies, le département bénéficie d’un « produit local » qui s’est exporté jusqu’à Paris et qui bénéficie de la lumière médiatique : Philippe Martin.
Figure locale incontournable, l’ancien président du département bénéficiait également d’une vraie stature nationale. Une stature qui n’est pas uniquement liée à un poste de ministre de l’Écologie sous la présidence Hollande. Philippe Martin est réputé pour ses bons mots et son humour. Bon « client » dans la presse nationale, il bénéficie d’une notoriété qui dépasse largement les frontières du pays de d’Artagnan.
Personnalité incontournable reconnue par l'opposition
Même l’opposition départementale reconnaît que Philippe Martin est une personnalité incomparable dans le paysage gersois. Et, pourtant, le 25 janvier prochain, les élus départementaux vont devoir lui trouver un successeur. Comme le souligne Michel Gabas, maire d’Eauze et représentant de la droite gersoise, « une page se tourne de manière inattendue ».
Philippe Martin a pourtant anticipé une démission qui a surpris (sic) tout le monde. Avant les fêtes de Noël, celui qui est encore président du conseil départemental a réuni les élus de sa majorité.
Un successeur désigné
Selon nos informations, Philippe Martin a évoqué un possible abandon de son mandat. Il aurait même « adoubé » son successeur : un autre Philippe, Philippe Dupouy, maire du Touget et conseiller départemental.
Toutes les sources convergent. Avant ce mois de décembre 2021, Philippe Martin n’a jamais envisagé la moindre succession. Pourtant, 6 mois après sa réélection aux dernières Départementales, il prépare un passage de relais.
Les ennuis judiciaires
Ce brutal revirement est lié à une convocation prévue début janvier, par le parquet national financier. Philippe Martin anticipe une éventuelle peine d’inéligibilité et décide de démissionner. Entre Noël et le premier de l’An, l’hypothèse que l’ancien ministre plaide coupable et donc qu’il soit condamné circule. Ce sera fait le 4 janvier, deux jours plus tard, Philippe Martin démissionne.
L’opposition départementale s’étonne d’ailleurs d’un tel timing. « Si Philippe Martin a plaidé coupable et reconnu les faits, c’est qu’il savait parfaitement en se présentant devant les électeurs qu’il risquait de perdre son mandat. Ce n’est pas très honnête et le résultat de l’élection aurait pu être différent si les gersois avaient été au courant des déboires judiciaires de Philippe Martin », estime un élu départemental.
Une candidature surprise
En toute hypothèse, Philippe Martin s’acheminait vers une démission avant les vacances de Noël. Et, même si la succession était improvisée et imposée par une épée de Damoclès judiciaire, elle existait. Elle prenait le visage de Philippe Dupouy. Mais c’était sans compter sur la candidature surprise de Michael Aurora.
Directeur de cabinet du maire d’Auch, artisan de la conquête de la ville par Franck Montaugé, le 1er Fédéral du PS a bousculé les « plans » initiaux de Philippe Martin.
Au final, les choses rentrent dans l’ordre. Michael Aurora, après avoir fait le compte des voix, a renoncé. Un retrait décrit comme douloureux par des proches du jeune quinqua.
Cet épisode laissera des traces au sein de la majorité départementale. Mais, surtout, il démontre que la vraie et forte rivalité « historique » entre le camp Montaugé et le camp Martin est toujours d’actualité.
Selon plusieurs sources, Philippe Martin est intervenu personnellement, y compris en se rendant dans les locaux du PS à Auch, pour mettre fin à l’hypothèse Aurora.
Peu ou pas de suspens
« Le seul suspens est de savoir si Philippe Dupouy va avoir 22 voix », déclare un élu de droite. Le maire du Touget a été investi comme seul candidat du groupe majoritaire au conseil départemental. Les 12 représentants de l’opposition auront une candidate en la personne d’Isabelle Tintané, présidente du groupe Le Gers Autrement. Mais c’est mathématique, sur les 34 conseillers départementaux, le PS et ses alliés disposent de 22 élus. Le vote à bulletin secret peut toujours réserver des surprises, mais à la marge et sans bouleverser le résultat.
Philippe Dupouy est assuré de prendre la succession de Philippe Martin. Une perspective qui ne trouble d’ailleurs pas sa future opposition. « C’est quelqu’un de très ouvert et pas du tout sectaire » souligne Michel Gabas.