Grippe aviaire : les éleveurs ne décolèrent pas après la confirmation d'un second foyer épidémique dans le Gers

Après un premier cas de grippe aviaire détecté lundi 26 décembre 2022 dans un élevage de canes pondeuses à Aignan (Gers), la préfecture confirme un deuxième foyer dans la commune. Cette fois, il s’agit d’un élevage de poules pondeuses, situé à un kilomètre du premier.

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Un premier cas de grippe aviaire avait été détecté dans un élevage de canes pondeuses dans la commune de Aignan, dans le Gers, le 26 décembre 2022. "Les premiers signes cliniques ont été constatés par l'éleveur puis par le vétérinaire sanitaire qui suit l'élevage (baisse de la consommation d'aliments et calme anormal). Les canes n'étaient pas encore entrées en ponte. Le vétérinaire sanitaire a signalé cette suspicion aux services de l'Etat et procédé à notre demande à des prélèvements pour analyses. Les services de l'Etat ont alors instauré une zone de restriction temporaire", explique la préfecture du Gers.

Quelques jours plus tard et un kilomètre plus loin, un nouveau foyer dans un élevage de poules pondeuses est confirmé par la préfecture du Gers.

"Une bombe à retardement"

Un arrêté préfectoral détermine ainsi un périmètre réglementé suite à une déclaration d’infection d’influenza aviaire hautement pathogène. Une zone de protection (ZP) a été mise en place ainsi qu’une zone de surveillance (ZS) et une zone réglementée supplémentaire (ZRS) dans un rayon de 3, 10 et 20km autour de l’établissement concerné.

L’annonce de ce deuxième foyer décuple la colère des éleveurs. "Tout est bloqué, les mouvements de volailles sont interdits. Entre 50.000 et 90.000 canards prêts à être gavés, dont la plupart sont en âge de sortir, comme le mien par exemple, qui se retrouvent bloqués, s’insurge Lionel Candelon, président du collectif Les canards en colère. Pour l’instant, on ne sait pas ce qu’on va faire. On continue de travailler, de dépenser de l’argent mais dans 8 jours on ne sait pas ce qu’on va nous annoncer pour nos animaux. C’est une bombe à retardement."

Pour l’éleveur, il serait judicieux "d’envoyer tout ce qu’on a en gavage pour éviter les pertes". Sachant que selon lui, 100.000 animaux seraient prêts à être gavés dans la zone. "Qu’on abatte un foyer c’est une chose, mais qu’on abatte tout autour à titre préventif, c’est pourrir le travail d’un éleveur. Au-delà de l’aspect financier, c’est les trois derniers mois que j’ai passé avec mes animaux qui partent en poussière. C’est notre travail qui s’envole", souligne Lionel Candelon.

Tout ce qui nous reste à faire, c'est de brûler un bâtiment institutionnel ou se de se pendre dans nos exploitations

Lionel Candelon, membre du collectif Les canards en colère

Un dossier d'indemnisation de 108.000 euros

Ce qui est dur pour le membre du collectif, c’est de voir son exploitation détruite pour la troisième fois consécutive. "J’espère pouvoir continuer mais ça fait trois ans qu’on s’en prend plein la gueule. En 2022, sur ma production, j’ai sorti 353 prêts à gaver sur 18.000 et j’ai été bloqué 267 jours. Tout ça à titre préventif puisque je n’ai jamais eu le virus." 

Un autre problème qui vient s’ajouter est évidemment l’aspect financier. "On nous fait des promesses mais on nous prend pour des bouffons. On est des éleveurs français et aujourd’hui, on nous considère moins que les déchets qu’on recycle. Le minimum est au moins d’avoir les indemnisations promises, mais aujourd’hui on nous annonce que l’on recevra seulement 50% du solde des indemnisations au mois de janvier." Le membre du collectif Canards en colère a un dossier d’indemnisation qui s’élève à 108.000 euros.

Pour rappel, la commune d'Aignan se trouve au cœur d'un des dispositifs Adour, censés limiter la diffusion du virus et éviter les crises des années précédentes. Ce plan, lancé par le gouvernement, a pour mesure phare un vide sanitaire dans les 68 communes les plus densément peuplées en volailles dans le Gers, mais aussi les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. La mesure s'applique entre le 15 décembre 2022 et le 15 janvier 2023.

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