C'est l'un des plus grands sites paléontologique d'Europe. Montréal-du-Gers révèle au public un extraordinaire gisement de fossiles. Eléphants, rhinocéros, écureuils, tortues... Des milliers d'animaux endormis dans l'argile il y a 17 millions d'années.
C'est l'une des collections de fossiles les plus importantes d'Europe. Le site de Montréal-du-Gers a été découvert il y a 25 ans. Depuis, il ne cesse de révéler ses trésors aux paléontologues : une faune extraordinaire piégée dans l'argile il y a 17 millions d'années.Francis Duranthon, le conservateur en chef et directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Toulouse se souvient de la découverte du site en 1988. A l'époque jeune paléontologue, il avait été appelé par les exploitants d'une carrière de calcaire située près de Montréal-du-Gers, dont un tir de mine avait éparpillé des ossements fossiles :
Je marchais sur un tapis d'os. Jamais je n'avais vu ça de ma vie !"
Un vaste cimetière
Le gisement de Montréal-du-Gers, 1,5 hectares sont seuls 400 m2 ont été dégagés remonte au miocène (quatrième époque géologique du tertiaire de -24 à - 5 millions d'années). Il correspond à un ancien marécage où de nombreux animaux ont été piégés. Pour un néophhyte, il apparaît comme un vaste cimetière avec un enchevêtrement d'os englués dans la terre. En fait, précise Francis Duranthon, il s'agit d'un "instantané d'une vie au miocène, de la photo d'un moment de vie" il y a 17 millions d'années, "quand la Gascogne était une jungle".
Un bilan de fouilles impressionnant
25 ans après la découverte du site, le bilan des fouilles est impressionnant :- Plus de 20 000 ossements identifiés
- 90 espèces différentes répertoriées
- 4 espèces inconnues découvertes
Une mine d'informations
Amphibiens, tortues d'1,5 m de diamètre, crocodiles de 2 à 3 m de long, hippopotames, attestent de la présence d'un lac et d'une rivière, dont l'interaction aurait formé le marécage. Les ossements d'éléphants prouvent le contact entre les blocs Eurasie et Afrique, puisque ces pachydermes viennent de ce continent... Quant aux restes de végétaux comme les pollens, ils permettent de reconstituer le climat d'alors: des températures moyennes annuelles de 20° Celsius (contre 14° aujourd'hui) et des précipitations annuelles proches de 1.500 mm contre 800 de nos jours.Un formidable bestiaire
Chaque saison de fouilles réserve des surprises tellement la diversité de la faune piégée dans la couche d'argile se révèle extraordinaire: plus de 50 espèces de mammifères ont été découvertes :- 70 rhinocéros
- 15 éléphants
- des cervidés
- des sangliers,
- des rongeurs
Quatre espèces inconnues
Parmi les animaux les plus curieux figurent une sorte de gros chien, l'Hemicyon stehlini, ou un énorme prédateur ressemblant à un lion, le Megamphicyon giganteus. Mais les scientifiques ont surtout identifié quatre espèces et genres inconnus : deux cochons, un rhinocéros, et surtout un cerf-girafe l'Ampelomeryx ginsburgi, au corps de girafe et à la tête de cerf portant des bois.Un gisement exceptionnel désormais ouvert au public
Dès cet été, les touristes plongeront 17 millions d'années en arrière grâce à des visites guidées du site. Des jeunes de 14 à 17 ans pourront, lors de stages, aider les professionnels à dégager crânes et squelettes d'animaux préhistoriques.Par ailleurs, la proximité des universités de Toulouse, les recherches menées au Museum d'Histoire naturelle, le caractère exceptionnel du site pourraient permettre selon Francis Duranthon : "dans les années à venir d'organiser des master classes en paléontologie au niveau européen".
Le Gers : un département connu pour ses fossiles
Depuis le XVIIIe siècle, le Gers est connu pour ses fossiles. Le physicien et naturaliste français René-Antoine de Réaumur avait révélé dans ses "Observations sur les mines de turquoises du Royaume" que les turquoises recueillies à Simorre étaient des dents de mammifères, plus précisément d'un animal désigné plus tard sous le nom de Mastodonte.Le premier singe fossile connu au monde a pour sa part été exhumé en 1834 sur la commune de Sansan.