Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi trois mesures pour tenter d'apaiser la colère des "gilets jaunes". A Perpignan, ou à Agde, le collectif attend beaucoup plus du gouvernement.
Les Gilets Jaunes du péage nord de Perpignan ont écouté avec attention l'allocution du premier ministre ce matin. L'annonce d'un moratoire ne suffira pas à calmer leur colère. "Maintenant, c'est six mois mais qu'est-ce que ça veut dire ? Lui, à la fin du mois, il aura sa paie. Mais, moi, qu'est-ce que j'ai comme retraite ? Moi, je suis déjà dans la rouge. Comment je fais ?," s'insurge Michel, retraité.
Maintenant, c'est six mois mais qu'est-ce que ça veut dire ? Lui, à la fin du mois, il aura sa paie. Mais, moi ?
La détermination des Gilets Jaunes n'est donc pas prête de faiblir. Les mesures du gouvernement sont clairement jugées insuffisantes et elles arrivent trop tard. "Il est en train de nous endormir. On veut des augmentations de salaires, de retraites, des baisses de taxes et de charges," explique un gilet jaune."Ils veulent juste le calme mais c'est le calme avant la tempête," prévient Emy, mère au foyer.
Il aurait fait ça la première semaine, ça aurait peut-être marché mais maintenant les revendications sont beaucoup plus vastes
"Il aurait fait ça la première semaine, ça aurait peut-être marché mais maintenant les revendications sont beaucoup plus vastes. Il faut remplir le frigo. Il faut que les gens puissent vivre de leur travail."
Les Gilets jaunes catalans attendent d'autres mesures d'apaisement et promettent samedi une nouvelle journée importante de mobilisation.
A Agde (Hérault), le moratoire de six mois sur la taxe carbone et la suspension des hausses du gaz et de l'électricité ne passent pas. Un sentiment partagé par de nombreux automobilistes. Et nous avons pu constater que la population les soutient largement.
Continuer à mettre la pression
Alors, sur ce rond-point de l'Ephèbe, les Gilets Jaunes, qui se relaient depuis le 17 novembre, comptent bien continuer à mettre la pression sur le gouvernement. Seules des mesures d'équité fiscale et sociale pourraient les faire fléchir.
Les mesures annoncées
Carburant: six mois sans hausse de taxes. La hausse prévue le 1er janvier 2019 de la taxe carbone sur l'essence, le fioul et le diesel est suspendue pour six mois.Le gouvernement renonce également pour la même durée à la convergence fiscale du diesel et de l'essence, c'est-à-dire à davantage taxer le diesel, jugé plus néfaste pour l'environnement, afin de le rendre plus onéreux que l'essence.
Enfin, Edouard Philippe a suspendu une troisième mesure, elle aussi source de crispation: l'augmentation des taxes prévues sur le gazole non routier (GNR) utilisé notamment par les entreprises de travaux publics.
Gaz et électricité: pas d'augmentation des tarifs cet hiver
Les tarifs régulés de l'électricité et du gaz, qui concernent respectivement environ 26 et 4,5 millions de ménages, ne bougeront pas jusqu'en mars.
Contrôle technique: pas de durcissement avant l'été
Redouté par les "gilets jaunes" qui possèdent des voitures anciennes et en particulier des diesels, le durcissement du contrôle technique prévu pour janvier 2019 est lui aussi suspendu pour six mois.