Grippe aviaire : trois choses à savoir sur son impact sur l’Homme, après le décès d’une fillette de 11 ans au Cambodge

Une jeune fille de 11 ans est décédée au Cambodge dans un hôpital de la capitale, Phnom Penh, testée positive à la grippe aviaire H5N1. Il s’agit du premier décès lié à la maladie depuis 2014 dans le pays, et de la 868e humaine contaminée en l’espace de vingt ans dans le monde.

Elle était tombée malade le 16 février dernier. Atteinte de fièvre et de toux, une jeune fille cambodgienne est décédée de la grippe aviaire après son hospitalisation, a indiqué ce mercredi 22 février le Centre cambodgien pour le contrôle et la prévention des maladies. Un décès qui fait couler beaucoup d'encre et suscite forcément des interrogations. Voici trois choses à savoir sur les cas de transmission à l’Homme.

La grippe aviaire pourrait exister depuis l’Antiquité

Les premières données scientifiques concernant la grippe aviaire remontent à la fin du 19e siècle. Les volailles ayant une valeur pécuniaire moins importante que les chevaux ou bovins, par exemple, leurs maladies n’avaient pas, auparavant, fait l’objet de descriptions précises.

Pourtant, le virus pourrait être beaucoup plus ancien. Des cas de mortalité d’humains, de bétail, et d’oiseaux ont, en effet, été recensés dès l’Antiquité, sans que l’on puisse les imputer à la maladie. Ils pourraient en effet être liés à la variole ou le choléra aviaire, les descriptions cliniques des symptômes observés étant largement incomplètes.

Le virus ne se transmet pas d'Homme à Homme

Si l’influenza aviaire est aujourd’hui hautement pathogène, le virus ne s’attaque en principe pas aux êtres humains. Cependant, quatre souches de la grippe A – les souches H5N1, apparues en 1996, H7N7, H7N9 et H9N2 – ont dans de rares cas provoqués des complications chez les sujets humains, comme chez cette petite fille cambodgienne.

Au Cambodge, de nombreux clades ont circulé depuis vingt ans.

Dr Jean-Luc Guérin

à France 3 Occitanie

Mais les données relatives à ce triste événement manquent : la souche H5N1 comprend en effet de nombreux clades, des "sous-familles", pas nécessairement présents en Europe. "C’est ça qui nous permet de nous y retrouver, c’est l’équivalent des variants", précise le docteur Jean-Luc Guérin, chercheur à l'école nationale vétérinaire de Toulouse. "Il faut faire attention. Au Cambodge, de nombreux clades ont circulé depuis vingt ans."

Les symptômes seraient, dans tous les cas, similaires à ceux d’une grippe : fièvre, douleurs articulaires, maux de gorge… Si les atteintes respiratoires s’intensifient, elles peuvent conduire à une pneumonie, détaille le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.

Les virus grippaux du type A infectent l’homme et de nombreux animaux. L'émergence d'un nouveau virus grippal A très différent, capable d'infecter les individus et d'induire une transmission interhumaine durable, peut provoquer une pandémie de grippe. Les virus grippaux du type B ne circulent que dans les populations humaines et entraînent des épidémies saisonnières.

Organisation mondiale de la santé

Sporadiques, ces cas de grippe aviaire n’ont en revanche, jusque-là, été transmis qu’après un contact direct avec des volailles contaminées et sous-cuites. Jamais de l’Homme vers l’Homme. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 868 personnes ont été contaminées par la souche H5N1 ces vingt dernières années. L’OMS dénombre par ailleurs 457 décès.

En 2013, la souche H7N9 a quant à elle a provoqué 45 décès en six mois, selon l’OMS. Les personnes contaminées avaient été en contact étroit ou prolongé avec des volailles infectées, ou avaient consommé des plats préparés à partir de volailles contaminées, vraisemblablement exposées sur un marché dans la province de Shanghai.

Les mutations sont surveillées de près

Alors que l’Europe et les Etats-Unis sont en proie à la pire épizootie de grippe aviaire jamais recensée, et que les volailles ont été abattues par dizaines de millions – beaucoup porteuses de la souche H5N1 – y a-t-il lieu de craindre une nouvelle pandémie ? Surveillée par les autorités sanitaires et ne se propageant pas facilement chez l’humain, l’influenza aviaire ne réunit pas de conditions favorables à l’éclosion d’une nouvelle pandémie.

On surveille l’éventuelle apparition de mutations qui pourraient favoriser l’infectiosité chez l’homme. Mais on est loin d’y être.

Dr Jean-Luc Guérin

à France 3 Occitanie

Une mutation n’est cependant jamais exclue. Et à ce stade, si l’industrie pharmaceutique mondiale travaille sur un traitement, aucun vaccin n'existe contre les nouvelles souches de la grippe. Quelques médicaments pourraient soulager les symptômes et prévenir les formes graves chez les sujets touchés.

"Ce risque-là, ça fait des décennies qu’on l’a en tête", rassure néanmoins le Dr Guérin. "C’est pour ça qu’on a mis en place cette surveillance accrue. On surveille l’éventuelle apparition de mutations qui pourraient favoriser l’infectiosité chez l’homme. Mais on est loin d’y être."

L'Organisation mondiale de la santé a malgré tout appelé à la vigilance face au risque de transmission de la grippe aviaire à des mammifères, après des cas détectés chez des renards, des loutres et des lions de mer. Les personnes travaillant ou étant régulièrement en contact avec de la volaille, des déjections ou du fumier, sont par ailleurs invitées à se protéger (gants, vêtements de protection, lunettes…) et à bien nettoyer et désinfecter le matériel.

Quant à l'augmentation récente du nombre de mammifères contaminés, elle s'explique, selon le docteur Jean-Luc Guérin, par l'énorme circulation des oiseaux. "L'exposition des mammifères a considérablement augmenté. Les mammifères concernés, renards, chats... Ont tous consommé des oiseaux morts", résume-t-il. 

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