En ce début d'année 2023, de nombreux volatiles sont touchés par le virus de la grippe aviaire. Certains départements sont cependant plus touchés que d'autres alors qu'un vaccin est actuellement en phase de test. Pour comprendre la situation, nous avons posé 3 questions à Jean-Luc Guérin, chercheur à l'école nationale vétérinaire de Toulouse.
En Occitanie, de nombreux départements sont touchés par le virus de la grippe aviaire. Il y a quelques jours seulement, la préfecture annonçait dans un communiqué la présence d'un "foyer d'influenza aviaire hautement pathogène" dans le Tarn-et-Garonne, épargné jusque là.
Mais certaines zones sont plus touchées que d'autres en Occitanie. Jean-Luc Guérin, professeur à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse et Directeur d'Unité à INRAE, nous fait un point sur la situation.
Pourquoi certains départements d'Occitanie sont-ils plus touchés que d'autres ?
Cela s'explique pour deux raisons, tout d'abord par la densité des élevages dans le département. On peut constater que les départements du Gers et du Lot sont les plus fragiles et les plus touchés, car il y a de nombreux élevages de palmipèdes comme des canards, pour produire du foie gras. À l'inverse, en Haute-Garonne, dans l'Aveyron ou dans l'Hérault, il y a eu très peu de cas, car ces départements comportent très peu d'élevages de ce type. Dans l'Aude et dans le Gard, plusieurs cas ont été recensés, mais cela concerne surtout des basses-cours ou des oiseaux captifs et non des élevages.
Ensuite, cela dépend aussi du niveau d'exposition des départements. C'est-à-dire de la présence d'oiseaux sauvages porteurs du virus, qui vont entrer en contact directement ou indirectement avec d'autres volatiles et les contaminer.
Où en est aujourd'hui l'épidémie de grippe aviaire?
La diffusion du virus a beaucoup changé, notamment depuis l'été 2022. Ce ne sont plus seulement les oiseaux migrateurs qui contaminent les élevages, les oiseaux sauvages sédentaires sont aussi impactés et propagent désormais eux aussi le virus.
Dans des zones habituellement très peu touchées, la faune sauvage participe au maintient du virus influenza aviaire. Dans la région parisienne par exemple, il y a une mortalité importante des mouettes avec ce virus. L'infection des oiseaux sauvages impacte tout le territoire. On n'est plus du tout dans une situation où ce sont les oiseaux migrateurs qui introduisent le virus.
Aujourd'hui aucun élevage de France ou d'Europe n'est à l'abri face à la grippe aviaire.
Jean-Luc GuérinProfesseur d'aviculture et de pathologie aviaire à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Les périodes de contaminations qui s'étalaient historiquement en hiver : de la mi-novembre à la mi-janvier, ne se limitent plus à ce laps de temps. Les contaminations sont désormais possibles toute l'année. On a l'exemple avec l'année 2022 où il y a eu une persistance du virus tout au long de l'année.
Nous ne savons pas encore précisément expliquer ce phénomène, il pourrait être dû à un changement de propriété du virus qui infecte maintenant un spectre plus large d'oiseaux. On ne sait pas non plus si cette situation va se pérenniser.
Où en est aujourd'hui le vaccin contre la grippe aviaire ?
On travaille sur des premiers essais de vaccins qui ont déjà été effectués sur plusieurs élevages de canards. Les essais vont se poursuivre, on analyse les résultats de ces premiers tests. Comme l'a annoncé le gouvernement, on travaille à ce qu'un plan de vaccination soit opérationnel à partir de l'automne 2023.