Une habitante de Bruguières a déposé plainte le 10 mars dernier contre l’Ehpad de Saint-Lys après le décès de sa mère du coronavirus. Brigitte Mboty estime que sa maman a été victime de négligences de la part de l'établissement.
Brigitte Mboty en est convaincue, si sa maman avait été mieux protégée, elle serait sans doute encore en vie. Cette habitante de Bruguières a déposé plainte le 10 mars dernier contre l'Ehpad de Saint-Lys où résidait sa mère pour " homicide involontaire " et " mise en danger d’autrui par la violation délibérée d’une obligation particulière de sécurité ".
En effet sa maman Gisèle, 86 ans, est décédée le 23 janvier dernier des suites du coronavirus dans cet Ehpad. Un décès qui fait suite à une série de négligences, selon Brigitte Mboty.
11 des 13 résidents de son unité ont contracté le coronavirus
Le 12 janvier je suis alertée par la direction de l'Ehpad qu'un cas Covid s'est déclaré dans le secteur de ma maman, une unité protégée dédiée aux malades d'Alzheimer. Or ma mère ce jour-là n'a pas le coronavirus, un test PCR négatif en atteste. Des courriels nous informent que les résidents malades seront isolés pour respecter le protocole mais très vite je comprends que cela ne sera pas le cas pour ma maman. Elle tombe malade le lendemain. Comme les 11 des 13 résidents de cette unité qui contractent la Covid-19.
Ensuite les événements s'enchaînent. L'état de sa maman se dégrade très vite. Quatre jours après avoir déclaré la maladie, elle est admise aux urgences de Purpan. Cette fois le test PCR s'avère positif à la Covid-19. A l'hopital, l'état de Gisèle se stabilise, elle est alors renvoyée à l'Ehpad de Saint-Lys. Cliniquement " tout va bien " selon son dossier médical. Elle décédera quelques jours plus tard, le 23 janvier à l'Ehpad de Saint-Lys.
Une série de négligences selon Brigitte Mboty
" J'ai été autorisée à la voir le 20 janvier. Elle était vraiment mal, le médecin n'était pas encore venu alors qu'il devait passer le 18 janvier. Le tuyau d'oxygène qui l'aidait à respirer était même débranché ", explique Brigitte Mboty. " Dans la nuit du 22 au 23 janvier, à 0 h 41, j’ai reçu un appel pour me dire que ma mère était décédée, sans autre explication. Ce fut un choc. Il y a eu, selon moi, une série de négligences dans cet établissement. Et c'est désormais à la justice de me dire ce qu'il s'est passé ".
Brigitte Mboty souhaiterait aujourd'hui connaître la vérité. Elle a porté plainte pour " homicide involontaire " et " mise en danger d’autrui par la violation délibérée d’une obligation particulière de sécurité ". Elle sera défendue par Me Pascal Nakache.
La direction de l'Ehpad affirme avoir respecté le protocole sanitaire
Contactée par téléphone, la direction de l'établissement ne souhaite pas commenter ce dossier en cours pour le moment. " Nous avons appris ce dépôt de plainte par la presse. Nous n'avons pas été convoqués par la justice. En l'état n'ayant pas accès au dossier, c'est trop prématuré pour répondre à vos questions ", nous explique Isabelle Maingault, directrice de l'Ehpad Maréchal Leclerc de Saint-Lys.
Je peux juste vous confirmer que notre établissement respecte le protocole sanitaire de l'ARS des maisons de retraite pendant cette crise Covid.
ne autre famille envisage de porter plainte
Brigitte Mboty dit avoir déposé plainte pour rendre de la dignité à sa mère. " Malgré l’âge, ces malades Alzheimer restent des êtres humains ", conclut-elle. Sur les 13 résidents de cette unité Alzheimer, 11 ont contracté la Covid. Plusieurs en seraient décédés, selon elle. La direction de l'établissement n'a pas souhaité préciser le nombre de décès au sein de cet Ehpad.
Une autre famille endeuillée, jointe par téléphone, s'interroge aussi sur le décès en janvier d'un de leurs proches du Covid dans la même unité spécialisée de cet Ehpad. Elle envisage, elle aussi, de porter plainte.