La réforme du collège, entrée en vigueur à cette rentrée, sera-t-elle effectivement appliquée sur le terrain? Rendez-vous jeudi pour un test grandeur nature des résistances, avec un appel à la grève une semaine après la reprise des cours.
Une rentrée "apaisée " pour la ministrePour Najat Vallaud-Belkacem, on assiste à une rentrée "apaisée", celle "de la réalité et non des fantasmes", après les polémiques, grèves et manifestations qui ont entouré la réforme depuis sa présentation il y a un an et demi.
La ministre de l'Education nationale estime que les collèges réticents ne dépassent pas 5 à 10% et a adressé une fin de non-recevoir aux demandes de moratoire.
Une intersyndicale appelle à la grève
L'intersyndicale constituée du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, Snep-FSU (enseignement professionnel), FO, CGT, Sud et Sundep (privé) appelle jeudi à une grève contre la réforme et les conditions de rentrée, avec une manifestation à Paris au départ de la place de la Sorbonne. Sans le Snalc, syndicat minoritaire, qui a quitté l'intersyndicale après un désaccord sur les modalités d'action.
Ces organisations, qui ont rassemblé 80% des voix aux élections professionnelles, craignent notamment une "mise en concurrence" des matières et des collèges, voire un grignotage des horaires des disciplines.
Appliquer la réforme a minima
Le Snes a édité un fascicule avec des pistes pour "entrer en résistance pédagogique": ne pas mentionner l'aide personnalisée (AP) ni les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) dans les emplois du temps, ne pas se sentir obligé de participer à certaines réunions... Le syndicat avait déjà appelé à boycotter ou perturber les journées de formation à la réforme organisées par le ministère l'année dernière.
Le Snalc a de son coté publié un "mode d'emploi" pour abroger la réforme "de l'intérieur".
Certains s'opposent à la grève
"Que des collègues doutent et se posent des questions, c'est légitime", mais l'appel à la grève, "c'est de l'affichage", estime Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, syndicat pro-réforme. Il ne s'attend pas à une grande mobilisation jeudi et pense que "la majorité" des enseignants "entreront dans le dispositif" de la réforme.
Pour Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT, également favorable à la réforme, "ça se passe bien" en gros dans un quart des collèges,
"mal" dans 15%, tandis que dans 60-65% des établissements, "c'est en construction, il y a un temps nécessaire à l'appropriation de la réforme".