Depuis la rentrée, l'Ecole primaire Léon Blum de Cugnaux (31), manque de remplaçants pour palier aux absences de certains enseignants. Ce qui provoque l'inquiétude et la colère des parents d'élèves. La direction de l'établissement semble démunie face à la pénurie de personnel.
"On a l'impression qu'on abandonne nos enfants". Florent F. ne décolère pas. Son fils Fabien, scolarisé en CM2 à l'Ecole Léon Blum de Cugnaux (31) a raté plusieurs heures de cours. "Sa professeur des écoles - qui est aussi la Directrice de l'établissement - n'a pas été remplacée pendant ses heures de "décharge" (les heures où elle occupe sa fonction de direction). Pendant un trimestre, mon fils n'a pas eu cours pendant deux demi-journées par semaine. C'est inacceptable" raconte ce parent d'élèves.
"J'ai alerté la directrice, mais elle m'a expliqué qu'il n'y avait pas de remplaçants de disponibles. Et que c'était pareil dans tout le département de la Haute-Garonne" souligne Florent F. "J'en veux surtout à l'Etat car il crée des citoyens de seconde zone. Alors qu'on nous dit que l'éducation de nos enfants est une priorité, on voit bien que les actes ne suivent pas..." conclut-il.
Cours à la maison
Cet autre papa - qui préfère garder l'anonymat - dresse le même constat. "C'est devenu très compliqué pour ma fille de 6 ans, qui est scolarisée en CP" explique-t-il. "J'ai décidé de la garder chez moi lors des périodes de non-remplacements. Je préfère qu'elle soit chez moi, plutôt que livrée à elle-même dans son école, où de toute façon elle n'a pas cours".
L'enseignante de sa fille arrêtée depuis plusieurs mois. Et elle non plus, n'a pas pu être remplacée.
Grâce au télétravail, ce papa a pu s'organiser pour faire l'école à la maison à sa fille. Mais aujourd'hui, il songe sérieusement à mettre sa fille dans le privé. "J'y pense oui, car on ne peut pas continuer ainsi. Parfois je me demande à quoi servent nos impôts..." s'interroge-t-il.
Contactée, cette membre de la direction de l'établissement préfère elle aussi, garder l'anonymat. Car elle est soumise au droit de réserve. Mais comme ses collègues, elle semble démunie par rapport à la pénurie de remplaçants.
Enfants dans les couloirs
"Cette année on bat tous les records..." souffle-t-elle au téléphone. L'École primaire Léon Blum accueille 249 élèves. Et on manque cruellement d'enseignants remplaçants, c'est une réalité."
Cette professeur des écoles, fait comme elle peut. Aujourd'hui par exemple, elle a fait cours pour une classe de 36 élèves (dont 7 CP) au lieu des 28 qu'elle a d'habitude. "Faute de place, trois élèves sont dans le couloir..." déplore-t-elle. Ce qui pose de sérieuses questions de sécurité.
"Je comprends l'inquiétude des parents, mais le vivier de remplaçants est vide. Il n'y a déjà pas assez de candidats au concours, alors imaginez la situation des remplaçants...J'ai dû attendre le 10 novembre, avant d'avoir quelqu'un pour me remplacer, alors que le problème se pose depuis la rentrée scolaire en septembre dernier" explique-t-elle.
L'ancien ministre de l'éducation nationale sous avait promis un enseignant devant chaque classe. Manifestement, la promesse n'est pas tenue
Béatrice Malleville, Présidente de la FCPE (Occitanie)
Du côté de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves), on n'est pas surpris."C'est de la responsabilité de l'Etat. Voilà des années que nous faisons face à la pénurie d'enseignants. Ce qui a des conséquences sur les apprentissages de nos enfants" explique Béatrice Malleville, la présidente de la FCPE (Occitanie).
Pour elle, c'est au gouvernement de prendre ses responsabilités. "C'est un métier qu'il faut d'urgence réévaluer. Les enseignants ne sont pas assez rémunérés et manquent de considération".
Contacté, le Rectorat de l'académie de Toulouse n'a pas donné suite à nos sollicitations.