21 septembre 2001 : un ancien salarié de l'usine se souvient...

Il y a 14 ans, le 21 septembre 2001, le hangar 221 de l'usine AZF explosait. La catastrophe fait 31 morts, des milliers de blessés, des dégâts considérables et provoque la fermeture du pôle chimique de Toulouse. Ancien DRH de l'usine, Gildas Thomas se souvient de cette terrible journée...

Où étiez-vous, ce matin du 21 septembre 2001, à 10h17 ?

Gildas Thomas : "J'étais à mon bureau de DRH dans le bâtiment administratif qui, Dieu merci, était un bâtiment solide au niveau du gros oeuvre. J'avais une réunion avec un collègue qui était en face de moi. Tout à coup, tout a explosé autour de moi, un grand bruit, tout est arrivé en même temps : mes éclats de fenêtres, les gravats, sur le bureau, sur moi, sur mon collègue. Lui a perdu un oeil. Moi, j'ai juste eu une surdité totale d'une oreille. 
J'ai compris que quelque chose de très grave s'était passé. J'ai voulu sortir par la porte, il n'y avait plus de porte, elle était par terre avec la cloison.
J'ai arraché l'essuie-main des toilettes et je l'ai enroulé autour de ma tête parce que je pissais le sang. Il y avait du sang partout. C'est comme ça que j'ai été filmé d'ailleurs, comme ça que les gens m'ont vu et on su que j'étais en vie.
Et puis, j'ai rejoint tout le monde. La consigne, en cas d'incident grave, c'était d'évacuer. Tout le personnel qui n'était pas directement concerné par l'exploitation des unités, par les mises en sécurité, devaient se retrouver à la porte C.

Dehors, j'ai vu arriver des gens de toute l'usine, des gens blessés et des gens qui portaient des blessés sur des brancards improvisés.
Mon rôle, c'était d'alerter les secours mais les téléphones ne passaient déjà plus. J'ai attendu les secours et je leur ai dit : "Equipez-vous de masques et de scaphandre, car il est possible qu'il y ait des gaz dangereux". 




A quoi avez-vous pensé au moment de l'explosion ?

Gildas Thomas : "J'ai pensé, comme beaucoup de gens, que ça pouvait être un attentat. On était dix jours après ceux du 11 septembre. J'ai entendu des gens dire : "Ah, les cons, qu'est-ce qu'ils ont fait ?". Cela a été le réflexe de beaucoup d'entre nous.
Mais quelle que soit l'origine, j'ai pensé que c'était très grave. J'ai tout de suite pensé aux fuites de chlore et qu'on aurait pu tous y passer." 

Quand avez-vous compris que la catastrophe avait dépassé les limites de l'usine ?

Gildas Thomas : "Je ne l'ai pas imaginé. Jusqu'à 14h30, j'étais en train de gérer la situation, je me suis occupé des blessés et de recevoir les personnes arrivant de l'extérieur. 
Je me suis évanoui à un moment et je me suis retrouvé dans une ambulance qui m'a évacué vers la Croix de Pierre [où un centre de soins provisoire avait été ouvert, NDLR].
Et là, en passant à Langlade, j'ai vu d'abord les dégâts au nord de l'usine. J'étais halluciné. Et ensuite, j'ai vu les dégâts à Tisséo, la Semvat à l'époque et sur toute la route, j'ai vu que tout était dévasté. C'était épouvantable, inimaginable..."



Vous êtes-vous dit que ce serait si long avant qu'il y ait un épilogue à cette affaire ?

Gildas Thomas : "Non. Ce jour-là, et les jours qui ont suivi, les questions, c'était : "Combien de blessés ? Combien de morts ? Et surtout, comment faire pour soulager la détresse des gens ?"
Par contre, ce que j'ai réalisé, c'est que cela aurait bien pire si les opérateurs qui étaient restés sur les unités encore en fonctionnement n'avaient pas mis en sécurité les équipements. 
Ils ont eu un comportement exemplaire. Certains ont fait ça dans des conditions vraiment terribles et ça a été leur premier réflexe pour éviter un sur-accident qui aurait pu être bien plus grave."

Propos recueillis par Marie Martin et Jean-Pierre Duntze







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