Dans un courrier adressé à la direction de l'hôpital et à l'agence régionale de santé, 25 urgentistes annoncent démissionner de leurs fonctions administratives lundi, pour protester contre le retrait des moyens alloués pendant la crise sanitaire. Une solution aurait été trouvée.
Ce sont nos confrères du quotidien Libération qui s'en faisaient l'écho hier : 25 médecins urgentistes de Toulouse menaçent de démissionner de leurs fonctions administratives, faute de moyens. Ils s'en sont expliqués dans un courrier adressé à la direction du centre hospitalier de Toulouse et à l'ARS (agence régionale de santé).
Le ton est celui de la colère. Froide. Pour rappeler les immenses difficultés des services d'urgence en France avant la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus. Puis les moyens supplémentaires, octroyés du jour au lendemain, pour faire face à la crise.Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d'une société suspendue au coronavirus. Il relaie aujourd'hui une lettre de 25 urgentistes de Toulouse qui démissionnent... https://t.co/2Zv5aJf3Dw
— Alex Schwartzbrod (@ASchwartzbrod) July 9, 2020
Las, ces moyens sont aujourd'hui retirés, au motif que la pandémie touche à sa fin. C'est donc un brusque retour à la normale. A l'anormale, pour les médecins démissionnaires.
"La direction du CHU de Toulouse a décidé de suspendre la totalité de ces moyens, nous contraignant à travailler dans la peur", écrivent-ils dans leur lettre de démission que publie aujourd'hui Libération. "La peur permanente de ne pouvoir assurer nos missions face aux besoins de la population. La crise du Covid a suscité la peur de nos concitoyens et de nos dirigeants. Nous avons tenu face à celle-ci. Nous refusons désormais d’exercer au quotidien dans la peur, faute de moyens pour travailler correctement."
C’est pourquoi nous choisissons de quitter nos fonctions dans une institution où la seule de nos revendications, celle de la sécurité de nos patients, est traitée avec le plus grand mépris
Ce procédé de démission des fonctions administratives a déjà été brandi par des médecins, et précisément au tout début de l'année 2020, en pleine crise dans les services d'urgences français.Contactée jeudi en fin d'après-midi, la direction du CHU de Toulouse a réagi le vendredi 10 juillet par le biais d'un communiqué commun avec l'ARS. Elle y indique les nouvelles modalités de financement du SMUR et du SAMU 31. "Acteur majeur et reconnu comme tel au cours de la crise, le SAMU - SMUR constitue également un service clef de la réponse à l’urgence chaque jour de l’année. L’Agence régionale de santé et la Direction du CHU partagent le constat d’une activité structurellement forte et croissante, tant du SAMU que du SMUR", fait-elle savoir.
Pour la direction des hôpitaux de Toulouse, de nouvelles modalités de financement sont anoncées pour 2021 mais reste à boucler l'année en cours. Selon le CHU, les récentes négociations ont permis : "le financement H24 d’un binôme médical et infirmier supplémentaire, renforçant le SMUR" et "la facilitation de la réorientation des patients depuis les urgences vers un médecin généraliste par le financement d’un forfait financé sur le Fond d’intervention régional (FIR)".
Le patron du Samu toulousain, Vincent Bounes, a indiqué tabler sur un règlement de l'affaire. Le déblocage de nouveaux moyens était discuté depuis plusieurs mois pour "remettre à niveau la capacité" face à la croissance démographique de Toulouse, mais il a "fallu faire un sprint face à un grand coup de déprime de l'équipe, rincée" par la lutte contre le Covid, a-t-il affirmé, jugeant que les motivations des protestataires n'étaient "pas égoïstes".
Ces mesures sont-elles de nature à apaiser une colère grandissante, encore alimentée par la déception du Ségur de la santé ? Plus que jamais mobilisés pour ne pas tirer un trait sur la terrible épreuve du Covid-19, les soignants, qui ont déjà manifesté le 16 juin dernier pour des moyens dignes du service public de santé, sont appelés à se rassembler le 14 juillet à Toulouse, par les syndicats Sud et CGT du CHU (centre hospitalier universitaire) de Toulouse.