Alors que l'on fête samedi 25 mars les 60 ans du Traité de Rome qui avait jeté les bases de l'Europe telle qu'on la connaît aujourd'hui, et en plein débat présidentiel, il est bon de jeter un oeil sur ce que la région Occitanie perçoit de l'Europe. Instructif.
Agriculture, travaux, innovation, cohésion sociale, l'Europe est partout mais n'est pas forcément visible de nos concitoyens. Et l'Europe n'a pas aujourd'hui bonne réputation. Le débat présidentiel en cours en France, le Brexit au Royaume Uni, la montée des nationalismes et du protectionnisme ont tendance à montrer de l'Europe un visage pas forcément favorable : un "machin" technocratique dirigé par les puissances de l'argent et la chancelière Merkel !Les 60 ans du Traité de Rome
Pourtant, les fonds européens financent des programmes ou des équipements essentiels à la vie des Français en général et de la région Occitanie en particulier.A l'occasion des 25 ans du Traité de Rome, signé le 25 mars 1957 dans la capitale italienne, et instituant la Communauté Economique Européenne entre 6 pays (France, Allemagne, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas), il est donc instructif de voir ce que l'Europe "rapporte" à la région Occitanie.
Car désormais c'est au niveau régional qu'est gérée la plus grosse partie des fonds européens. La Région instruit les dossiers et la commission européenne distribue les fonds sur la base de programmes pluri-annuels. "Nous travaillons sur 5 ans, explique Guillaume Cros, vice-président (EELV) du Conseil régional en charge des affaires européennes. Mais notre marge de manoeuvre est faible : l'essentiel c'est de consommer les fonds européens avant leur terme, de manière à ne pas devoir rendre de l'argent à Bruxelles. C'est dans ce sens que je dirige 2 à 3 fois par an des comités de programmation qui regardent l'avancée des dossiers et la consommation des crédits".
3 milliards d'euros entre 2014 et 2020 !
Actuellement, la région Occitanie gère en parallèle deux volées de programmes européens. Et pour cause : la période en cours a débuté alors que les deux régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon existaient encore. Dès 2021, la gestion se fera sur une seule région.Sur un plan purement comptable, ce sont donc 3 milliards d'euros que l'Europe va distribuer en Occitanie entre 2014 et 2020 au titre de la politique régionale et de la politique de développement rural.
A cette somme, s'ajoutent les crédits dont la région peut bénéficier au titre des programmes interrégionaux (Pyrénées, Massif central, etc) ou des programmes de coopération transfortaliers (Espagne-France-Andorre, Méditerranée, etc). A ces crédits, il faut aussi ajouter enfin ceux du Fonds social européen (FSE) distribués directement par l'Etat.
L'Europe de proximité existe !
"On dénigre l'Europe dans son fonctionnement, poursuit Guillaume Cros, mais c'est un vrai moteur. Grâce à l'argent de l'Europe 1 euro + 1 euro = 3 euros au sens où l'Europe créé une dynamique, fait émerger des choses. L'Europe de proximité elle existe !".
Elle assure l'équilibre des territoires
Le conseil régional gère 2,8 milliards de ces fonds pour le compte de la Commission Européenne dont 1,9 milliards rien que pour les fonds FEADER qui dans l'intervalle 2014-2020 représentent... 10 000 projets ! "C'est tout ce qui concerne la cohésion des territoires, explique encore Guillaume Cros, l'agriculture, les espaces ruraux, la diversification par exemple quand un exploitant agricole veut ouvrir un gîte à la ferme. Cela est très important, surtout dans notre région, où il existe un vrai déséquilibre entre les métropoles et les territoires ruraux".Des réussites mises en valeur
Dans le cadre des 60 ans du Traité de Rome, une opération de communication est menée par la Commission Européenne pour montrer la réussite de ces financements dans les territoires. 60 projets (pour 60 ans) sont ainsi mis en valeur en France dont 6 en région Occitanie : l'hôpital transfrontalier de Cerdagne, le projet de recyclerie de vélo de l'association toulousaine Cycles-Re, l'école de la deuxième chance de Midi-Pyrénées, etc.Ces réussites n'empêcheront pas les anti-européens de dénoncer un fonctionnement archaïque et technocratique de l'Europe, y compris sur des projets concrets en région. Elles n'empêcheront pas non plus les euro-septiques de constater que certains territoires où secteurs sont maintenus artificiellement "sous perfusion" par les fonds européens. Mais elles réjouiront les Européens convaincus qu'au quotidien, l'Europe, malgré toutes les difficultés, actionne des leviers essentiels à la vie des régions françaises.