Accusée de jouer le jeu de l'extrême-droite, la conférence de Chloé Morin sur le "wokisme", organisée par une municipalité, fait polémique

La conférence du 13 juin 2024, de la politologue Chloé Morin, organisée par la métropole de Toulouse (Haute-Garonne), fait polémique. Celle qui décrie le "wokisme" n'est pas vue d'un bon œil, de la part d'une gauche qui réfute l'existence du concept et dénonce des proximités idéologiques avec l'extrême-droite.

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Dans les médias, elle est souvent présentée comme politologue. Elle-même se définit "spécialiste de l'analyse de l'opinion et de la communication publique". Depuis 2020, elle dirige un cabinet de conseil en stratégie d'influence. Essayiste et experte associée à la fondation Jean Jaurès. Chloé Morin est habituée des plateaux télé, sur lesquels elle intervient régulièrement.

Elle est l'invitée de Toulouse Métropole, le 13 juin 2024, pour une conférence dans laquelle elle évoquera son sujet de prédilection : le "wokisme" et son incidence sur notre "perception de la société". Cette rencontre s'inscrit dans un cycle de conférences autour des "valeurs républicaines" qui, selon le maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, "permettent de prendre le temps d’écouter l’expression de la pensée sereine et posée de professionnels et d’intellectuels de renom". Un programme loin de faire l'unanimité.

Un terme controversé 

Sur X (anciennement Twitter), ils sont plusieurs à décrier la venue de Chloé Morin. La conseillère municipale LFI, Agathe Roby, parle du wokisme comme d'un "concept qui n'existe pas" et l'associe aux "théories fumeuses de l'extrême droite". Les députés toulousains du même bord, François Piquemal et Hadrien Clouet, ont également vivement critiqué le choix de Jean-Luc Moudenc, qui se "réserve le droit de porter plainte" contre ceux qui se sont érigés contre la venue de Chloé Morin, en "menaçant de la perturber".

C'est le cas du Collectif Média Auto Enervé, qui invite ses abonnés à prendre des places (gratuites) pour la conférence, "pour qu'il n'y ait personne" et "zbeuler", c'est-à-dire mettre le bazar, à la conférence.  

Concrètement comment peut-on définir le wokisme ? Dans une interview donnée à Brut, sur le site de Franceinfo, Chloé Morin définit le wokisme comme "une grille de lecture du monde qui le partage entre les dominants et les dominés”. Dans les “dominants”, elle classe “les hommes, les pays occidentaux, les anciennes puissances coloniales", et dans les “dominés, elle classe “les minorités sexuelles, les minorités religieuses ou les femmes". Selon elle, le wokisme est "la pratique de l'intolérance au nom de la tolérance", car les wokes seraient prêts à tout pour renverser les rapports de domination.

À qui profite le wokisme 

Pierre Bernat, coprésident de la section toulousaine de la Ligue des droits de l'homme, s'insurge de la publicité que fait Toulouse Métropole, sur les réseaux sociaux, de la conférence et assure que le concept de wokisme a "été créé par l'extrême droite". Il s'appuie sur l'entretien donné à l'Humanité, par la professeure en sciences du langage, Marie-Anne Paveau. Cette dernière affirme que "le wokisme n'est pas un mouvement, mais un mot javelot, une arme fabriquée par l’extrême droite, la droite, et une certaine gauche réactionnaire." Pour elle, "il s’agit de faire croire qu’il y a un ennemi dangereux pour la République, une menace intellectuelle et idéologique qui va défaire les structures sociales, l’identité française, et réinterpréter l’histoire".

De son côté, le politologue Clément Viktorovitch parle, sur Franceinfo, d'un "terme fourre-tout" et "une arme de disqualification massive utilisée contre le discours de gauche". On constate l'omniprésence de l'emploi du wokisme dans les médias et ces derniers semblent, comme les adversaires du concept, contribuer à le faire exister. 

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