L'actionnaire chinois de l'aéroport de Toulouse (ATB) défend son bilan à la tête de l'infrastructure, après quatre ans de gestion controversée et avant une possible revente de sa participation.
Au début de l'année, l'actionnaire chinois de l'aéroport de Toulouse (ATB) avait mandaté la banque Lazard pour recevoir des offres de rachat de sa participation de 49,99% rachetée en 2015 à l'Etat pour 300 millions d'euros.
"Ces derniers temps, nous avons reçu de nombreuses sollicitations de la part d'investisseurs potentiels. Nous avons donc fait appel à une banque d'investissement pour étudier les différentes options", a déclaré le président de Casil Europe, Mike Poon, dans un entretien accordé à l'Agence france Presse.
Le groupe chinois y assure que la décision de vente n'est pas encore entérinée.
"Nous n'avons pris aucune décision sur une vente" pour le moment, a-t-il dit, sans donner d'indication sur le nombre de candidats ou leur profil. "Il faut étudier toutes les opportunités, toutes les alternatives. Peut être qu'un nouvel actionnaire ou un nouvel opérateur pourrait apporter une meilleure valeur ajoutée" à l'aéroport, a cependant ajouté Mike Poon.
Casil Europe est une holding française créée par le groupe d'État chinois Shandong High Speed Group et le fonds d'investissement hongkongais Friedmann Pacific Asset Management.
Le 15 mars avait été fixé comme "date cible" pour le dépôt des offres mais il ne s'agit pas d'une date butoir, selon l'entourage de Casil.
La priorité pour "tout investisseur responsable est de vraiment faire venir un actionnaire qui puisse être bénéfique à l'aéroport", promet le patron de Casil Europe.
Les autres actionnaires de l'aéroport sont la Région, le département de Haute-Garonne, la métropole de Toulouse et la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), qui détiennent 40% de la société de gestion d'ATB tandis que l'Etat en détient encore 10,01%.
La présence et la gestion du groupe chinois ont suscité plusieurs controverses depuis près de quatre ans.
Un vif différend a opposé les acteurs locaux à Casil Europe, accusé de vouloir "maximiser le versement de dividendes". Actionnaires privés et publics ont finalement conclu fin décembre 2018 un accord sanctuarisant les réserves.
Aéroport "transformé"
L'entrée de l'actionnaire chinois a aussi suscité les craintes des syndicats qui ont contesté l'opération devant la justice administrative, qui doit rendre sa décision dans les prochains semaines.
Les syndicats ont demandé par ailleurs à la justice la mise sous séquestre des actions de Casil pour éviter qu'une vente n'intervienne avant que cette décision.
"Nous sommes au capital depuis plus de quatre ans, nous avons fait beaucoup de choses, nous avons beaucoup transformé l'aéroport", a plaidé le dirigeant de Casil.
Avant la privatisation, entre 2005 et 2015 le trafic d'ATB était passé de 5,6 millions de passagers à 7,6 millions.
La même croissance de 2 millions de passagers a été réalisée en trois ans, entre 2016 et 2018, selon Mike Poon, précisant que les investissements réalisés entre 2014 et 2018, ont été "supérieurs de 31%" aux prévisions du Contrat de régulation avec l'Etat (CRE) (84,1 millions contre 63,9 millions prévus).
"La seule chose sur laquelle nous travaillons encore, c'est une liaison directe entre la Chine et Toulouse. Nous espérons que cela se fasse
bientôt, que Casil reste ou non", a-t-il ajouté.
Casil Europe s'était engagé à investir "800 millions d'euros" sur toute la durée de la concession jusqu'en 2046, a-t-il précisé.
"Avant la privatisation, l'aéroport n'avait pas l'organisation la plus efficace qui soit", a-t-il poursuivi, précisant qu'il était alors un usager régulier de la plateforme en tant que dirigeant de l'entreprise chinoise Calc (China Aircraft Leasing Group Holdings Limited), un loueur d'avions et "un des plus importants clients d'Airbus".