A l'heure du déjeuner ce mercredi, il fallait lever les yeux vers le ciel pour contempler l'envol du tout dernier exemplaire de l'Airbus A380 sorti des chaînes d'assemblage de l'avionneur européen à Toulouse-Blagnac. Le géant du ciel a décollé pour Hambourg en Allemagne, mais il reviendra bientôt.
Après avoir effectué son tout dernier test de "reject take-off" ("interruption volontaire de décollage") à 10H30 du matin, le tout dernier exemplaire de l'Airbus A380 sorti des chaînes de l'avionneur européen a décollé majestueusement de la piste de l'aéroport de Toulouse-Blagnac pour son "maiden flight" (son tout premier vol) ce mercredi 17 mars 2021 vers midi et demi.
Après une première boucle d'une heure et demie pour tester le comportement de tous ses systèmes en vol, il a mis le cap sur l'usine Airbus de Hambourg, dans le Nord de l'Allemagne, non sans avoir salué sa cité de naissance d'un battement de ses ailes majestueuses.
The last #A380 said goodbye to his hometown by making a superb wing wave above its factory. ❤️ pic.twitter.com/omT3Nj6xG3
— Aviation Toulouse (@Frenchpainter) March 17, 2021
Dans la cité hanséatique son fuselage va être peint intégralement aux couleurs de la compagnie aérienne "Emirates", car jusqu'à présent seule la dérive de l'appareil porte ses couleurs : le reste du fuselage arbore encore la couleur vert-kaki de la peinture de protection dont il est enduit en attendant de recevoir sa robe définitive.
Place à l'aménagement de la cabine
Surtout, le 118ème super jumbo commandé par la compagnie nationale émiratie va recevoir en Allemagne l'équipement intérieur de sa cabine : entre les suites de 1ère classe, les fauteuils business et les sièges en classe économique (notez la différence entre les appellations) ce géant des airs sera ainsi capable d'accueillir entre 480 et plus de 500 passagers selon les options choisies par le client.
Cette toute dernière page de l'histoire de l'A380 - baptisé A3XX au lancement du projet dans les années 1990 - ne se tourne encore que provisoirement : contrairement à l'habitude, il ne quittera pas Hambourg pour Dubaï dès la fin de sa configuration définitive ; à la place, il reviendra séjourner sur une place de parking à Blagnac pendant plusieurs mois, dans l'attente de sa livraison en 2022.
16 ans d'histoire
Après l'achèvement de son assemblage au sein de l'usine "Jean-Luc Lagardère" en Octobre dernier, l'ultime A 380 avait allumé ses réacteurs pour leur premier test il y a seulement 6 jours sur le tarmac de Toulouse-Blagnac.
Le dernier exemplaire du programme Airbus #A380 (MSN272) ce matin à l'aéroport de Toulouse roulant vers le point fixe "Bikini" effectuer ses essais moteurs au sol après son Engine Run.
— Actu Aero /// AAF (@AAF_Aviation) March 11, 2021
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Son retour dans sa cité de naissance sera l'occasion pour ses admirateurs de contempler une dernière fois ce monument de la technologie aérospatiale européenne : depuis le vol inaugural du tout premier exemplaire de l'A380 le 27 avril 2005, 251 appareils au total ont été produits, dont presque la moitié ont été achetés par la compagnie Emirates.
Exploit technologique, hélas pas commercial
Ce géant des airs s'est avéré un authentique succès industriel, autant qu'un relatif échec commercial : le concept des "super jumbo jets", dans la lignée du Boeing 747, n'a pas résisté aux crises financières et à l'évolution du transport aérien international pendant les années 2010.
Assister au décollage du MSN 272 (son identifiant actuel) ne s'est pas fait sans un pincement au coeur pour les milliers de membres du personnel d'Airbus-industrie qui ont participé au projet.
La Direction du consortium européen a exprimé l'intention - à confirmer - de remplacer la chaîne d'assemblage de l'A380 par celle de l'A321, le dernier-né "monocouloir" capable de traverser l'océan Atlantique avec une consommation de carburant minimale.
Une perspective qui doit désormais passer du rêve à la réalité.