Alzheimer : l'espoir d'un nouveau traitement pour mieux vivre avec la maladie

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A Toulouse, des patients participent à un protocole de recherche sur un nouveau traitement de la maladie d'Alzheimer. Le reportage de Bruno Frédiani et Frédéric Desse. ©FTV

Quinze malades d'Alzheimer participent à Toulouse à l'étude thérapeutique d'un médicament qui tend à ralentir les effets cognitifs de la maladie. Malgré les possibles effets secondaires, les premiers résultats constituent un véritable espoir. Reportage.

Pierre, 77 ans, est l'un des quinze patients suivis à Toulouse dans le cadre d'une étude clinique aux résultats déjà prometteurs pour lutter contre la maladie d'Alzheimer. Il s'agit du protocole de recherche du Lecanemab. Un anticorps qui agit sur des protéïnes anormales au niveau cérébral, un médicament qui permettrait de ralentir le déclin cognitif.

Ce jour-là, Pierre est sous perfusion. Depuis qu'il a rejoint ce protocole de recherche il y a deux ans, l'urbaniste à la retraite s'en remet à l'équipe du Dr Jean-Pierre Ousset. "Comment allez-vous ?, questionne le coordonnateur du centre de recherche clinique du Gérontopôle de Toulouse. Ça va, ça va", lui répond son patient. Comme tous ceux qui ont rejoint les essais thérapeutiques du Lecanemab (1795 patients dans le monde), Pierre est à un stade précoce de la maladie d'Alzheimer. Et depuis un peu plus de six mois, il est dans la phase de traitement actif.

Pour la première fois, un impact significatif sur la maladie

"On ne peut pas parler de guérison dans ce genre de maladie, mais que ça puisse un peu stopper le problème qui fait que je perds la mémoire... Perdre la mémoire, c'est pas marrant tous les jours", nous confie Pierre, le bras relié à un goutte à goutte de Lecanemab. Une perfusion, synonyme d'un immense espoir.

Un espoir que l'on peut visualiser sur l'écran d'ordinateur du Dr Jean-Pierre Ousset. Le coordonnateur du centre de recherche clinique au sein du Gérontopôle de Toulouse nous explique les résultats prometteurs de ce médicament encore en cours de test en Europe.

On est sur un premier pas en termes d'effet positif sur une maladie sur laquelle, pour l'instant, on n'avait trouvé aucun point d'impact. On a pour la première fois un impact significatif. Il faut poursuivre la recherche pour améliorer cet effet. 

Dr Jean-Pierre Ousset

Le médicament s'attaque aux dépôts d'une protéïne anormale dans le cerveau. Et ce qu'indique l'étude, c'est que "les patients sous placebo ne varient pas en termes de charge de la protéïne. Alors que chez les patients sous produit actif, dès 3 mois, commence une diminution spectaculaire."

Ce que l'on observe d'un point de vue clinique, c'est une diminution de la pente de la maladie. Ça ralentit d'une façon significative. Au bout de 18 mois, on a 27% de ralentissement par rapport au groupe non-traité. En revanche, cela ne stoppe pas la maladie. On est sur un premier pas, on va dire.

Dr Jean-Pierre Ousset

Il n'empêche que pour la première fois, dans le cadre de la recherche de traitement contre Alzheimer, un médicament a atteint "sa cible". "On a vraiment un produit qui correspond à ce que l'on attendait en termes d'action sur ces protéïnes anormales au niveau cérébral. Reste à démontrer que cela se traduit par une variation, un changement chez les patients", poursuit le coordonnateur du centre de recherche clinique au sein du Gérontopôle. Alors, terminés les trous de mémoire chez les malades d'Alzheimer ? Il est bien trop tôt pour le dire. Patience et prudence sont les maîtres-mots du Dr Jean-Pierre Ousset.

Un risque à prendre pour vivre mieux avec la maladie

Pierre et sa femme ont été informés des risques d'effets secondaires du Lecanemab. Mais le patient de 77 ans est de nature optimiste. Et si espoir il y a de mieux vivre avec la maladie, pas question de s'en priver. Ce qui compte, pour lui, "c'est l'espoir de revivre un petit peu comme avant.  Et puis surtout que ça n'empire pas." Continuer à "vivre à peu près normalement", être pour sa femme "un homme un peu comme avant". 

Pierre nous confie que lui et sa femme habitent ensemble depuis 54 ans. Et l'urbaniste retraité se verrait bien continuer ainsi encore 10 ou 20 ans. Et les risques d'effets secondaires, il préfère tout simplement les écarter. Il fait totalement confiance aux médecins et chercheurs impliqués dans cette étude clinique. Pour lui, c'est bien simple, le patient est engagé dans un travail d'équipe. 

Je fais partie de l'équipe. Si ça peut marcher, c'est bon pour moi. C'est bon pour eux, et puis c'est bon pour le monde. C'est l'essentiel. 

Pierre, malade d'Alzheimer

Son épouse aussi accepte cette prise de risques. "Il faut essayer, dit-elle. C'est une drôle de maladie, je ne la souhaite à personne. On perd sa personnalité, on perd tout." Le Lecanemab, développé par les deux géants pharmaceutiques Eisai et Biogen, a obtenu sa mise sur le marché américain sur décision de la Food and Drug Administration en date du 6 janvier 2023.

Pour les malades d'Alzheimer en France, l'heure est encore à la prudence et à la patience. "Prudence sur cet effet thérapeutique, observé lors de ce protocole de recherche toujours en cours. "Et patience parce qu'avant que ce traitement soit disponible en France, il faut qu'il soit approuvé par toutes les instances de régulation", rappelle le Dr Jean-Pierre Ousset. Les autorités sanitaires européennes et françaises devront trancher avant une éventuelle mise sur le marché du Lecanemab.

Selon la Fondation Médéric Alzheimer, 1.2 million de personnes étaient atteintes de la maladie en France en 2019. Elle devrait en toucher quasiment le double en 2050.

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