Ariane 5 a célèbré son 100e tir avec succès en Guyane : le lanceur lourd européen, d'une masse de 780 tonnes au décollage, propulsé par du carburant fabriqué à Toulouse, a placé sur orbite deux satellites de télécommunication
Le 100è vol d'Ariane 5 a placé avec sur orbite les deux satellites de télécommunications, Horizons 3e et son partenaire SKY Perfect JSAT Corporation et Azerspace-2/Intelsat 38 pour Azercosmos Intelsat.
C'est à Toulouse qu'est toujours fabriqué le carburant nécessaire aux boosters d'Ariane. Ces super réservoirs de poudre fournissent près de 90 % de la poussée au décollage, durant les 140 premières secondes et sont remplis à 68 % de perchlorate d'ammonium mis au point sur le site d'Ariane-Group, près de la Garonne.
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Ariane s'est arraché pour la 100ème fois du sol guyanais mardi à 19H38 locales (22H38 GMT) à la fin de la fenêtre de tir depuis le centre spatial de Kourou. La fusée s'est élevé verticalement durant environ 13 secondes, traversant la nuit guyanaise avant de s'orienter vers l'Est.
Elle devait initialement partir à 18h53 locales (21H53 GMT) mais un signal rouge avait interrompu la chronologie 1 mn et 34 s avant la fin du décompte. La chronologie avait ensuite repris à H moins 7 minutes.
Un peu plus de 28 minutes après son décollage, la fusée s'est séparée du satellite Horizons 3e qui complètera le réseau d'Intelsat et permettra la fourniture de services haut débit de nouvelle génération dans la région Asie-Pacifique ainsi qu'une couverture plus large de l'océan Pacifique .
La mise en orbite du satellite Azerspace-2/Intelsat 38 a été effectuée 42 minutes après le décollage d'Ariane. Ce satellite multi-fonctions, selon Arianespace, doit notamment permettre de répondre à la demande croissante en service de télédiffusion directe (DTH) et en services de télécommunications pour les gouvernements et privés en Europe, Asie centrale et du sud, au Moyen-Orient et en Afrique sub-saharienne.
Vers la nouvelle fusée Ariane 6 à partir de 2020
En service depuis 22 ans, Ariane 5 est auréolée depuis plusieurs années d'une réputation de fiabilité. Mais l'heure de la retraite approche. Trop coûteuse à produire, pas assez polyvalente, elle va devoir céder peu à peu la place, entre 2020 et 2023, à sa remplaçante Ariane 6, plus adaptée au paysage spatial mouvant et très concurrentiel du début du XXIè siècle.
Jusqu'à présent, Ariane 5 a réussi parfaitement 94 lancements sur 99. Il y a eu deux vrais échecs, deux échecs partiels et en janvier 2018, la fusée a placé sur une orbite dégradée deux satellites mais ceux-ci sont parvenus ensuite à rejoindre l'orbite visée.
Succédant à Ariane 4, moins puissante, Ariane 5 a connu des débuts difficiles. Lors du vol inaugural en 1996, la fusée explose peu après le décollage. Nouvel échec cuisant en 2002 pour le vol inaugural de la version lourde ECA. "Le moteur n'a pas tenu le choc et la fusée est retombée dans l'océan", raconte Hervé Gilibert, actuel directeur technique d'ArianeGroup, la co-entreprise Airbus-Safran créée en 2014 pour développer Ariane 6.
La fusée européenne a alors vécu un âge d'or, car pendant des années les lanceurs américains, avec la navette spatiale et l'Atlas, se sont concentrés sur le marché institutionnel domestique.
La création de la société SpaceX d'Elon Musk, menant de front lancements institutionnels et lancements commerciaux avec son Falcon 9, a bouleversé le paysage. L'Europe spatiale a réagi en décidant de construire un lanceur plus compétitif pour résister à l'arrivée sur le marché commercial des lanceurs américains.
Le coût de production d'Ariane 6 sera 40% moins élevé que celui d'Ariane 5. Le vol inuagural de la future fusée européenne est prévu en 2020. En attendant, SpaceX a détrôné Arianespace en nombre de lancements en 2017 et l'écart s'est creusé en 2018.
D'ici sa retraite définitive en 2023, Ariane 5 devrait être lancée un peu moins d'une vingtaine de fois.
Retour sur l'épopée d'Ariane, un reportage de Cécile Fréchinos diffusé dans l'émission Carnet de Vol au mois de juin 2018 :