Ce lundi 15 août matin, le texte de l'archevêque de Toulouse en 1942 était lu pour la première fois dans les églises et synagogues de France.
Cette journée du 15 août est placée sous le signe du devoir de mémoire. Et ce matin, un message a été lu, celui de Msgr Saliège, archevêque de Toulouse au moment de la seconde guerre mondiale. Une proposition d'Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF).
La personne humaine proteste contre les déportations des juifs pendant l'occupation. "À lire en chaire le dimanche 23 août 1942", est-il écrit en bas du texte. C'est ainsi qu'il ordonna à toutes les paroisses de son diocèse la lecture de cette lettre pastorale.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères, et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle (...) Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes (...) Ils font partie du genre humain, ils sont nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier.
Extrait de "La personne humaine", Msgr Saliège
Une première dans les synagogues en France
Cette année, 80 ans plus tard, les synagogues en France ont lu ce texte à l'occasion de la commémoration des rafles du Vel d'Hiv; c'est une première. "On remercie les autorités juives d'avoir proposé la lecture de ce texte assez fort, qui dénonce la maltraitance, les déportations", déclare Père Hugues de Woillemont, secrétaire général et porte-parole des évêques de France sur Europe 1.
Jules-Géraud Saliège
Évêque de Gap puis devenu archevêque et cardinal de Toulouse en 1928, Jules-Géraud Saliège (1870-1956), a toujours pris position pendant l'occupation. Sans rejoindre à proprement parler la Résistance, dans ses textes, il s'oppose publiquement à l'antisémitisme et dénonce les déportations de Juifs.
L'archevêque aurait d'ailleurs contribué à protéger de nombreux Juifs en les plaçant en lieux sûrs aux alentours de la Ville rose et en fournissant de faux certificats de baptême.
Une action risquée; il est arrêté en juin 1944 par la Gestapo. Un an plus tard, il reçoit la reconnaissance du général de Gaulle en devenant Compagnon de la Libération par décret et devient un symbole moral.