L'avion reste le moyen de transport le plus sûr, avec en 2023 un seul accident sur plus de 37 millions de vols. Mais le réchauffement climatique bouscule le monde aéronautique, qui doit s'adapter à ce dérèglement, dont les effets se font de plus en plus sentir.
Aéroports inondés, vols déroutés à cause des incendies ou des turbulences de plus en plus violentes, le transport aérien doit s'adapter en urgence au dérèglement climatique dont les effets se multiplient.
Un mort et près de 120 blessés
Les images de cet avion ont fait le tour du monde. Un passager britannique de 73 ans est mort et 104 autres personnes ont été blessées après de violentes turbulences sur le vol d'un Boeing 777 de Singapore Airlines, qui reliait Londres à Singapour le mardi 21 mai.
🔴 Le galley arrière de l’avion de Singapore Airlines a été particulièrement endommagé après les violentes turbulences.
— air plus news (@airplusnews) May 21, 2024
▫️La compagnie singapourienne envoie une équipe sur place pour assister les passagers et équipages. pic.twitter.com/gZlWGWm9tP
Le 26 mai, six passagers et six membres d’équipage ont également été blessés après des turbulences au-dessus de la Turquie, lors d’un vol de Qatar Airways reliant Doha à Dublin. Deux gros-porteurs touchés en moins d'une semaine, le phénomène interpelle.
La faute au réchauffement climatique
Ces turbulences, vraisemblablement dues au réchauffement climatique, se sont multipliées au cours des 50 dernières années au-dessus de l'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient. Les chercheurs de l'institut Cerfacs de Toulouse, associé à Météo-France travaillent sur le dossier.
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Une étude sera bientôt publiée et elle devrait confirmer cette hypothèse : "Avec le réchauffement climatique, on a une intensification de différence de température nord sud", a déjà affirmé Mohamed Foudad, l'un des chercheurs toulousains, spécialiste de l'atmosphère du vent. "Cela a pour effet d'augmenter le cisaillement vertical du vent qui génère les turbulences".
Des turbulences invisibles
À l’origine de ces turbulences, des orages violents, mais pas seulement. Elles se produisent aussi par temps clair et sont considérées comme les plus dangereuses : "Ces types de turbulences sont difficilement détectables, car invisibles", déclarait il y a peu le chercheur. "En plein vol et sans avoir pu le prévoir, les pilotes peuvent avoir à affronter cette situation soudaine".
Les turbulences constituent un véritable problème de sécurité. Mais elles coûtent aussi des millions de dollars aux compagnies aériennes. Car elles occasionnent des dégâts sur les avions provoquent des retards dans les aéroports. Il faut donc trouver des solutions.
Des solutions à trouver
Une première étude d'impact du changement climatique sur l’aviation avait été menée en 2021 en partenariat avec l’Isae-Supaero, Météo France, l’Onera, l’Enac et l’avionneur Airbus. Elle avait déjà apporté quelques pistes aux constructeurs et aux compagnies aériennes.
L'IATA, l'association mondiale des compagnies aériennes s'est également dotée depuis 2018 de "Turbulence Aware", une base de données mondiale d'informations en temps réel sur ces phénomènes, alimentées par des capteurs sur les avions en vol.
Réunis cette semaine à Dubaï, les acteurs de l'aéronautique mondiale rappellent l'importance d'une adaptation de tous à moyen et long terme. Car "le climat est à l'origine de 30% de l'annulation des vols en 2023, contre seulement 12% en 2022".
L'avion reste toutefois le moyen de transport le plus sûr, avec en 2023 un seul accident sur plus de 37 millions de vols.