Le gouvernement rend possible l'effarouchement de l'ours dans les Pyrénées. "L’État fait passer le message que la cohabitation avec l’ours ne peut se faire qu’à coup de fusil", selon Patrick Leyrissoux, vice-président coordinateur ours de l'association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs.
Le gouvernement a ouvert la voie vendredi à des mesures d'effarouchement de l'ours dans les pyrénées. Les préfets pouvant désormais autoriser, sous condition, de telles mesures en cas d'attaques du plantigrade sur des troupeaux.
"Malheureusement, c’est du clientélisme, l’État veut absolument satisfaire certaine demande de certaines personnes alors qu’il y a d’autres solutions possibles qui fonctionnent", a réagi Patrick Leyrissoux de l'association Ferus ("ce qui est sauvage" en latin).
L’État fait passer le message que la cohabitation avec l’ours ne peut se faire qu’à coup de fusil.
Patrick Leyrissoux, vice-président coordinateur ours, Association Ferus
D'autres solutions pour protéger les troupeaux
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avait promis mi-avril de nouveaux arrêtés sur le sujet - chose faite avec le texte publié vendredi au journal officiel. Ce texte permet aux préfets de département d'autoriser des "mesures d'effarouchement visant la protection des troupeaux domestiques pour prévenir les dommages par déprédation".
"C’était prévisible, on l’attendait, l’Etat persiste et signe dans une action illégale alors qu’il y a d’autres solutions possibles", insiste Patrick Leyrissoux.
Selon le vice-président de Ferus, "Il ya des solutions de protection des troupeaux qui sont subventionnés par l'État, des chiens de protection, des parcs électrifiés mais aussi des bergers d'appuis".
Si malgré la mise en place de ces moyens, il y a toujours des dommages, il y a la mise en place des bergers d’appuis par la pastorale pyrénéenne. Subventionnés par l’Etat, les bergers d’appuis aident et renforcent le gardiennage nocturne notamment.
Patrick Leyrissoux, vice-président coordinateur ours, Association Ferus
Les bergers d’appuis sont itinérants et expérimentés, et sur demande des éleveurs, ils peuvent venir sur place. "Depuis 2015, ils ont effectué plus de 400 gardiennages nocturnes" souligne Patrick Leyrissoux.
Sont possibles les mesures d'effarouchement simple à l'aide de moyens lumineux (torches, phares, guirlandes lumineuses) et sonores (cloches, sifflets, pétards, sirènes), ainsi que des mesures renforcées avec des tirs sonores non létaux.
Cette deuxième option n'est possible que si les mesures simples n'ont pas eu d'effet.
"Des attaques doivent justifier les demandes d'autorisation d'effarouchement, qui sont possibles à condition qu'il n'existe pas d'autre solution satisfaisante", estime le gouvernement.
"Il n'y a lieu d'autoriser le recours à l'effarouchement que lorsque les mesures de protection des troupeaux, bien qu'effectives et proportionnées, s'avèrent insuffisamment efficaces et que le troupeau concerné a déjà subi des dommages", précise le gouvernement.
"Dans le coeur du parc national des Pyrénées, aucune mesure d'effarouchement renforcé ne peut être autorisée" et tout effarouchement simple nécessite l'autorisation du directeur du parc, précise l'arrêté.
331 attaques d'ours en 2022
Depuis la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées au cours des années 1990, les éleveurs de brebis se plaignent de prédations. L'Office français de la biodiversité (OFB) a pour sa part dénombré 331 attaques d'ours sur le cheptel dans ce massif montagneux en 2022, contre 333 l'année précédente.
En 2022, l'OFB a recensé 76 ours dans les Pyrénées, 74 en 2021 et 64 en 2020.
(Avec Afp)