Plusieurs habitants de la Haute-Garonne ont eu la surprise de voir leur cerisier ou leur poirier en fleur. C'est une des conséquences du réchauffement climatique avec un phénomène qui s'accélère depuis 10 ans. Est-il dangereux pour les végétaux ? Quelles sont les espèces concernées ? Comment la nature va s'adapter ?
Samedi 22 octobre, un week-end comme un autre pour ce couple de retraités qui habite Cugnaux proche de Toulouse. Sauf que voilà, depuis la fenêtre, un arbre intrigue le mari : le cerisier est en fleur en plein automne ! "C’est incroyable, il faut le voir pour le croire. Quand mon mari me l’a dit, je ne l’ai pas cru." Claude a dû se rendre à l'évidence.
Les arbres fruitiers refleurissent à l'automne
Pour ce couple de retraités, c'est une première mais certainement pas une dernière. Une floraison insolite contre nature qui intrigue. "Il a fleuri très vite mais de manière moins abondante qu'au printemps. Cet été, il a donné des fruits comme d'habitude et là, il refleurit. Oui ça inquiète, c’est insolite, que va-t-il se passer par la suite?"
Des fleurs et des arbres d'ornement qui se croient au printemps alors que les feuilles sont prêtes à tomber, le phénomène est assez fréquent, mais c'est beaucoup plus rare pour les arbres fruitiers.
Dans le verger de Boris Presseq à Bouconne, ce sont les poiriers qui se parent de fleurs blanches. "En fait, ca devient plus fréquent pour les espèces domestiques mais beaucoup plus rare pour les sauvages. Dans la famille des rosacés fruitiers (les pommes, poires, abricots, prunes, cerises, pêches), on constate des floraisons tardives. Pour les espèces sauvages, c'est plus compliqué."
Le botaniste du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse avance des pistes. "Ces floraisons s'expliquent par le fait que nous avons les mêmes durées du jour (de lumière) qu'au printemps, ce qui est normal. Cette année ce sont aussi les mêmes températures, ce qui est anormal. Il va falloir sélectionner, s’adapter aux contraintes climatiques et donc planter des espèces qui correspondent davantage au climat méditerranéen."
Quelles conséquences pour les végétaux ?
A Cugnaux comme partout, ce phénomène interroge. "Je me suis renseigné sur internet. Est-ce que ça pourrait faire crever mon cerisier ? Certains disent oui, d'autres non. J'ai du mal à savoir. En tous cas mes parents étaient agriculteurs et je n'ai jamais vu ça", reconnaît Claude.
Une chose est sûre, cette floraison tardive n'est pas normale et elle n'est pas sans conséquence sur les végétaux. "Cette floraison abîme et fait dépérir l'arbre. Il perd de la vigueur. Il ne faut pas pas sous-estimer la résilience du végétal. C’est déjà arrivé. Les espèces végétales s'adaptent et se déplacent. L'arbre va s'en remettre mais il ne faudrait pas que cette chaleur se prolonge encore plusieurs semaines. Si chaque année l'arbre refleurit à l'automne, là oui : il va mourir", affirme Boris Presseq.
En fait, il est très difficile voire impossible de faire des prédictions. "Personne ne peut anticiper la réponse de végétal, on ne peut pas partir sur des certitudes. La nature s'adapte au climat. Oui, il y aura une évolution des végétaux. Plus personne ne peut prédire les productions fruitières des régions. On est dans une imprévision phénoménale."
Les joyeuses incertitudes du temps et de la nature. Les floraisons automnales finiront par nous sembler normales. Les espèces végétales s'adapteront. L'homme aura sans doute plus de mal.
