Des antennes de télérelève des compteurs d'eau ont été installées dans les 37 communes de la Métropole Toulousaine. Objectif : transmettre les index de consommation pour traquer plus efficacement les fuites. Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'eau et de l'assainissement, répond à trois questions.
L'opération s'est faite très rapidement. Près de 95% du territoire de la Métropole vient d'être équipé, via une filiale de Véolia, de boîtiers couleur crème : des antennes de télérelève qui permettent de connaître en temps réel la consommation d'eau dans toutes les communes de l'agglomération. Trois questions à Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'eau et de l'assainissement.
France 3 : Quels sont les objectifs de Véolia, à qui vous avez confié la gestion de l'eau à Toulouse, en installant ces antennes un peu partout dans l'agglomération toulousaine ?
Robert Médina : C'est un apport supplémentaire très important que nous faisons avec ces compteurs à télérelève. Ils permettent de suivre jour après jour sa consommation et ne plus être surpris par la facture quand on a une fuite d'eau à son domicile. On avait jusqu'à présent des compteurs à radiorelève, c'est-à-dire qu'un camion passait dans les rues et pouvait relever les compteurs. Ça se faisait une fois ou deux fois par an, grand maximum.
Aujourd'hui, on a un relevé des compteurs jour après jour. Ça permet non seulement à nos administrés de suivre leur consommation, de voir s'ils ont une consommation normale ou pas. Ils peuvent installer une appli sur leur smartphone et suivre quotidiennement leur consommation. 96% des compteurs sont déjà installés, en tout, ça fera 190.000 compteurs connectés sur la métropole. La totalité devrait l'être avant la fin de l'année. Ils nous permettent à nous aussi de voir si les usagers ont des fuites importantes et de les prévenir.
J'en ai eu une moi-même, il y a 3-4 ans. Ma facture est passée à 600 m3 d'eau… j'étais affolé. Effectivement, il y avait une fuite, ça coulait sous la maison et il n'y avait pas de résurgence, personne ne s'en rendait compte. Si c'était aujourd'hui, je n'attendrais pas de voir la facture arriver. J'ai l'appli et je contrôle, pas tous les jours, mais régulièrement.
France 3 : ça sert aussi au gestionnaire à détecter les fuites sur le réseau ?
Robert Médina : Non, ces antennes sont là plutôt pour aider l'administré. Sur le réseau, nous avons un centre d'hypervision qui s'appelle Comet et qui surveille 1600 capteurs sur tout le réseau… qui écoute le réseau et qui écoute les fuites. Il les détecte de façon précise, à 10m, même parfois moins de 2m. Quand c'est plus complexe, il y a des équipes cynophiles, des inspecteurs aussi qui essaient de déterminer l'endroit précis pour qu'on puisse réparer le plus vite possible.
Il faut savoir que le relevé concernant ces antennes, c'est une seconde par jour, c'est l'impulsion d'un portail électrique, beaucoup moins que la télévision ou un téléphone portable. C'est une initiative de Toulouse Métropole, c'était dans le contrat que nous avons signé avec Veolia. Ils avaient cette obligation d'installer des compteurs à télérelève sur toute la métropole.
Notre objectif, c'est d'être les plus vertueux possible, puisque nous sommes une métropole très vertueuse. Aujourd'hui, on est en dessous des 12% de fuite sur le réseau, alors que sur l'Occitanie, par exemple, on est à 25% de moyenne, et sur la France, on est à 20% de moyenne de fuite. Nous, on espère passer en dessous des 10% prochainement.
France 3 : Comment comptez-vous atteindre cet objectif ? Y a-t-il des fuites qui échappent à tout contrôle ?
Robert Médina : Qu'est-ce qui reste comme fuite qui ne sont pas décelables ? Il y a plusieurs éléments. Le sol bouge en permanence. Il peut y avoir effectivement des ruptures ou des joints sur des connexions qui peuvent être détériorées. Ça peut être un affaissement. Avec les travaux sur le métro, des sols peuvent bouger à côté des réseaux d'eau. Il suffit de rien pour qu'il y ait une fuite. C'est pour ça que notre centre hypervision est capital aujourd'hui, puisque eux surveillent les fuites 24 heures sur 24, 12 mois sur 12.
Ça nous permet d'aller plus loin dans l'économie de l'eau. Quand nos scientifiques prévoient qu'en 2050, l'été 2022 sera un été normal. Et quand vous pensez qu'à l'été 2022, la Garonne coulait entre le 1er juin et pendant la période d'étiage, à moins de 37 m3 secondes. Et que sur ces 37 mètres cubes seconde, la moitié pratiquement était parfois du soutien des lacs des Pyrénées, du soutien d'étiage, il y a de quoi s'inquiéter. Il faut absolument faire des efforts et nous devons tous faire des efforts, et pas uniquement les collectivités ou les industriels ou les gros consommateurs, mais chaque goutte d'eau compte et nous devons tous faire l'effort dans ce sens.
C'est la raison pour laquelle on a aussi mis en place la tarification saisonnière : pendant cinq mois, on augmente de 42% le prix de l'eau. Prix de l'eau qui est le moins cher de France après celui de la ville de Strasbourg, il faut le savoir. Ça veut dire qu'avec les 42% d'augmentation, le prix de l'eau à Toulouse-Métropole est en dessous du prix moyen de l'eau en France. Et à partir du 1er novembre jusqu'au 31 mai, l'eau est 30% moins chère par rapport au prix normal. Ça veut dire que l'été, le mètre cube d'eau est à 4,40 euros et l'hiver, quand nous avons de l'eau, la Garonne peut couler jusqu'à 600 mètres cubes d'eau seconde, il est à 2,58, le mètre cube.
Certaines personnes considèrent qu'il y a 12% d'augmentation. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas la différence entre moins 30 et plus 42. C'est plus 42 pendant cinq mois. 42 multiplié par 5, ça fait 210. Et c'est moins 30 pendant 7 mois. 30 multiplié par 7, ça fait 210. Donc, pour quelqu'un qui consomme d'une façon régulière toute l'année, il n'y a pas d'augmentation. Et, au contraire, s'il fait un effort, il va avoir une baisse de sa facture.