"Ce ne sont pas de petits vols, c'est de l'artillerie lourde" : Orange face à l'ampleur inédite du trafic de cuivre

Les vols d'or rouge se multiplient. La région Occitanie est l'une des plus touchées. L'une des principales victimes : l'opérateur de téléphone et internet, Orange. Quelle est l'ampleur du trafic et ses conséquences sur la vie quotidienne des particuliers et entreprises ? Entretien.

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Les chiffres donnent le tournis. En 2023, Orange, opérateur de téléphonie et internet, a été victime de nombreux vols de câbles sur ces infrastructures. 1600 sur toute la France. Soit 1200 kilomètres de câbles dérobés et plusieurs millions d'euros de préjudice. L'Occitanie est l'une des régions les plus visées. "C'est clairement plusieurs centaines de milliers d'euros" de préjudice en Occitanie, nous indique le délégué régional Orange, Nicolas Brochot. Quelle est l'ampleur du phénomène, quels en sont les impacts et comment se prévenir de ces vols ? Voici les réponses à nos questions.

"C'est de l'artillerie lourde"

200 gendarmes mobilisés, une dizaine d'interpellations et un préjudice estimé entre 200 000 et 400 000 euros. Un coup de filet d'une rare ampleur a été réalisé début janvier 2024 dans le cadre de vols et trafic de cuivre, sous la houlette du parquet de Cahors. "Cette opération est une bonne nouvelle", reconnaît aujourd'hui le délégué régional d'Orange, soulignant "un travail main dans la main avec les forces de gendarmerie."

Il faut dire qu'au palmarès des régions les plus touchées par les vols de cuivre, l'Occitane figure en bonne place. "200 en 2023", avec des départements plus touchés que d'autres comme le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Gard et l'Hérault. Orange parle aujourd'hui de véritable fléau.

"Cela représente plusieurs centaines de kilomètres de câbles volés, nous précise Nicolas Brochot. Ce sont des tonnes de câble. Ce ne sont pas des petits vols." La saisie menée début janvier 2024 le confirme : le vol et le trafic de cuivre sont particulièrement organisés.

Cela représente de grosses infrastructures, des poids lourds... Cela nécessite de tronçonner les câbles. Tout cela, c'est quand même de l'artillerie lourde pour organiser ça.

Nicolas Brochot,

délégué régional Orange en Occitanie

Derrière tous ces vols, les conséquences... "Des dérangements collectifs et parfois cela engendre des problèmes de sécurité", alors que les opérations de réparation et de remise en service des connexions demandent du temps.

Les réseaux Orange sont souvent enterrés. Associés à des infrastructures routières ou ferroviaires. "C'est une telle capillarité, un tel déploiement sur le réseau national, que c'est difficile de surveiller tout le réseau."

"La cible, ce sont nos réseaux cuivre, des réseaux structurants. Les gros câbles qui représentent jusqu'à 1800 paires de cuivre. Sachant qu'une paire, c'est un client. Ce sont des câbles de réseaux structurants qui irriguent des zones larges de population", nous détaille le délégué régional Orange en Occitanie. Résultat : un vol peut s'avérer désastreux à bien des titres.

"Voler un câble de cuivre peut mettre une vie en péril"

Pour Orange, le vol de câbles en cuivre déployés historiquement pour les lignes de téléphone puis internet pour l'ADSL, représente aujourd'hui "un véritable fléau." Ne plus être connecté dans notre société d'aujourd'hui a de multiples impacts pour les particuliers, les entreprises, les collectivités.

"Orange est reconnu comme opérateur d'importance vitale, nous sommes une entreprise dont l'État a jugé le fonctionnement indispensable à la vie de la Nation", rappelle Nicolas Brochot. Autrement dit, voler un câble de l'opérateur peut impacter les services d'urgence comme les hôpitaux, les pompiers, la police.

Voler des câbles de cuivre peut mettre en péril la vie des personnes parce que nos câbles peuvent desservir des services d'urgence ou des personnes qui cherchent à les joindre par téléphone ou par mobile.

Nicolas Brochot,

délégué régional Orange en Occitanie

Le délégué régional d'Orange insiste sur les impacts particulièrement pénalisants de ces vols. "Il y a des impacts matériels, mais il peut y avoir des dommages humains autour de ça. On touche à la fois des clients grand public et des entreprises sans distinction, quel que soit l'opérateur. Je rappelle que les opérateurs tiers passent aussi par les réseaux cuivre d'Orange pour fournir leur ADSL."

Terminaux de paiement électronique, télétravail... Aujourd'hui, il y a énormément d'usages numériques qui passent par ces connexions. Et les conséquences potentiellement nombreuses sur les entreprises.

"On ne lâchera rien"

À chaque vol, Orange porte plainte. Et l'opérateur travaille étroitement avec les préfectures et services de gendarmerie pour endiguer le phénomène. "Sous l'égide ministère de l'Intérieur et celui de la Justice, il y a une mise en place de convention de lutte contre la malveillance", explique Nicolas Brochot. Le but : créer des synergies, partager des informations et agir ensemble dès qu'il se passe quelque chose.

Ces conventions ont été mises en place sur quasiment tous les 13 départements d'Occitanie. À cela s'ajoutent de nouveaux dispositifs dissuasifs sur nos infrastructures. "On ne lâche rien sur ces sujets-là", affirme Nicolas Brochot, tout en soulignant la très bonne qualité des échanges avec l'état-major de la gendarmerie.

Les solutions, d'un point de vue technique ? Il y a la résilience des réseaux. "Ça, c'est extrêmement important pour nous, de s'assurer qu'il y ait des boucles de résilience en place pour limiter au maximum les impacts pour nos abonnés." Et puis, il y a le déploiement de la fibre.

"Le cuivre, va faire l'objet d'un arrêt progressif d'ici à 2030. D'une déconstruction progressive", rappelle le délégué régional Orange. L'opérateur veut tourner la page du cuivre. De cet "or rouge" dont le prix à la tonne peut attirer les trafiquants. "Il y a une demande mondiale. Il y a les véhicules électriques qui ont besoin de cuivre. Il y a un sujet", nous confiait Nicolas Brochot. Ce dimanche 11 février 2024, le cours de la tonne de cuivre affichait les 8200 dollars US.

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