Après avoir manifesté à Toulouse, mardi 16 janvier 2024, un nouvel appel est lancé par un agriculteur pour bloquer l'A 64 ce jeudi 18 janvier 2024.
Après avoir mené des opérations escargots qui ont perturbé la circulation sur la rocade toulousaine et l'autoroute A 64 et A 62, hier, mardi 16 janvier 2024, les agriculteurs préparent une nouvelle mobilisation. C'est en tout cas le sens de l'appel lancé hier place du Capitole, par Jérôme Bayle, éleveur bovin à Montesquieu-Volvestre, membre de la FDSEA de Haute-Garonne, qui appelle à un blocage de l'A 64, demain jeudi 18 janvier 2024. Hier, ils étaient près d'un millier et plus de 400 tracteurs venus de toute l'Occitanie venus manifester dans les rue de Toulouse en Haute-Garonne.
France 3 Occitanie : maintenez-vous votre appel à manifester lancé sur la place du Capitole ?
Jérôme Bayle : Oui, c'est parti. On se donne rendez-vous à Carbonne à 14 h pour bloquer l'A 64. On ne fait pas ça pour bloquer les gens, mais l'autoroute et faire réagir l'Etat. On ne déversera pas de fumier, il n'y aura pas de casse. Les gens pourront rejoindre l'autoroute en empruntant une contre-allée tout en voyant notre manifestation. Avant d'être membre de la FDSEA, je peux dire que je suis agriculteur avant tout. Hier, on m'a poussé à prendre la parole, place du Capitole et heureusement, car je ne sais pas comment la manifestation se serait terminée. Je ne suis pas là pour enquiquiner la population, mais montrer que nous sommes fiers d'être agriculteurs. Hier, on a provoqué des ralentissements à Toulouse mais on a aussi fait une opération péage gratuit à Roques (NDRL, péage de Muret). Ce sont les agriculteurs qui sauveront l'agriculture et pas les politiques.
France 3 Occitanie : Vous avez été déçus du rendez-vous avec les services de l'Etat à la préfecture ?
Il n'y a eu aucune avancée. Il y a un manque de considération de l'Etat et ensuite on nous demande de faire le dos rond jusqu'au salon de l'agriculture. Cela ne peut plus durer, c'est usant physiquement et moralement, quand vous recevez les banques et les huissiers qui vous appellent tout le temps. Cela me touche particulièrement, car mon père, agriculteur s'est suicidé. Il y a deux agriculteurs par jour qui se suicident. C'est la 3e cause de mortalité dans le monde rural avant les accidents de la route. On dirait que les gens ne se rendent pas compte dans quelle situation, nous sommes. Ils pensent que de toute façon, on touche les aides de la PAC. Mais la PAC (Politique agricole commune) impose beaucoup de choses, jusqu'aux dates des semis, c'est incohérent. Nous, on sème en regardant la météo ! Et là, par exemple, l'administration a pris du retard. Ils ont décidé de nous verser les aides de la PAC seulement en février. Moi ils me doivent 45 000 euros, cela me paie normalement mes emprunts en début d'année. Je ne le cache pas, j'ai fait l'an dernier 215 000 euros de chiffre d'affaires et j'ai fini avec moins 7 000 euros sans pouvoir me verser de salaire. J'ai 43 ans, je suis à mi-parcours. Je me bats surtout pour les jeunes qui veulent faire ce métier.
France 3 Occitanie : Sur quels dossiers portent vos revendications les plus urgentes ?
Nous on veut défendre trois dossiers : la MHE et la demande de prise en charge des prises de sang. Certains d'entre nous n'ont plus les moyens de faire venir le véto pour soigner les bêtes chez eux. Le gazole non-routier (GNR), il vient de prendre 10 centimes d'augmentation. On dépense 30 litres à l'heure, cela nous coûte trois euros par heure de travail. Et enfin l'eau.