Cinq ouvriers roumains embauchés sur le chantier de la nouvelle clinique de Quint-Fonsegrives n'ont pas été payés depuis un mois et demi. Leurs contrats sont illégaux et l'entreprise qui les emploie est en faillite.
Ils ont cessé le travail le 22 mai dernier... Ces cinq ouvriers venus de Roumanie travaillaient depuis janvier 2018 sur le chantier du nouveau centre de consultations de Quint-Fonsegrives, près de Toulouse. Ils ont été embauchés par une entreprise savoyarde, la Savoisienne de Génie climatique, elle-même sous-traitante de la société Engie-Axima pour s'occuper du chauffage de l'établissement. Problème, ils ne sont plus payés depuis plusieurs semaines et leurs contrats sont illégaux. La CGT départementale tire la sonnette d'alarme.
Des heures non payées
Selon l’organisation syndicale, ces cinq ouvriers embauchés en CDI de chantier, ce nouveau contrat créé par ordonnance qui permet à l'employeur d'embaucher du personnel uniquement pour la durée d'un chantier, travaillent 8 heures par jour et 6 jours par semaine depuis plusieurs mois. "48 heures par semaines" dit la CGT "mais bien entendu, seules 35 heures apparaissent sur les feuilles de paye !" Sans compter que ces salariés "ne bénéficient d'aucune indemnité de déplacement, pourtant inscrite dans notre convention collective nationale. Ils sont tous payés comme manœuvres" dit encore le syndicat.Des contrats illégaux
Autre problème, la légalité des contrats. Sur les 5 chauffagistes, un seul est titulaire d'une carte professionnelle du BTP. En France, c'est illégal de travailler sur un chantier sans cette carte. Les quatre autres ne devraient donc pas pouvoir être embauchés sur un tel chantier. Sans compter les domiciliations de chantier portées sur leurs contrats, en Savoie pour certains et pas Quint-Fonsegrives où ils travaillent pourtant tous les jours.Une société en liquidation judiciaire
C'est en appelant leur employeur la semaine dernière pour réclamer le paiement de leur salaire qu'ils ont appris que la société allait être liquidée. leur patron leur a demandé purement et simplement de quitter le chantier en cours, sans autre explication. La Savoisienne de Génie climatique est en redressement judiciaire depuis 2016. Sa liquidation devrait être prononcée la semaine prochaine.Appel aux porteurs de projet
La CGT en appelle aujourd'hui à Engie-Axima et aux porteurs du projet pour que la situation de ces ouvriers soit régularisée. L'organisation syndicale réclame le paiement des heures effectuées et la requalification des contrats. En attendant, les cinq ouvriers roumains ont cessé le travail depuis une semaine. Ils se nourrissent grâce à la solidarité de leurs collègues etattendent que leur situation se règle.Engie-Axima, qui avait choisi la Savoisienne de Génie climatique comme sous-traitante, assure aujourd'hui s'être acquitée de ses contrôles réglementaires mais dit découvrir l'illégalité des contrats. Après avoir appris que les ouvriers roumains avaient cessé le travail le 22 mai, elle a mis en demeure la Savoisienne de Génie climatique par lettre recommandée. Un constat contradictoire devait avoir lieu sur le site vendredi dernier mais le patron de cette dernière ne s'est pas déplacé.
Voyez le reportage de Marie Martin et Eric Foissac: