INFO FRANCE 3 - Le 11 février 2023, des portraits de professeurs qualifiés de harceleurs et des banderoles ont été accrochés au sein de l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse. Dans un véritable climat d'omerta, six plaintes ont été déposées pour dégradations et diffamation contre X.
La journée portes ouvertes 2023 de l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse (Haute-Garonne) a depuis 15 jours transformé l'établissement de l'enseignement supérieur en véritable camp retranché. Selon nos informations, les personnes venues visiter l'école en ce samedi 11 février ont eu la surprise de découvrir des portraits de plusieurs professeurs de l'ENSA qualifiés de "harceleurs" et des banderoles aux slogans comme "je veux être diplômé.e pas agressé.e" affichés dans l'enceinte du bâtiment conçu par l’équipe de l’architecte Georges Candilis.
Ne pas parler afin de ne pas "dégrader l'image de l'école"
L'action n'a pas été revendiquée. Mais comme nous l'a confirmé le parquet de Toulouse, suite à cet événement, plusieurs enseignants incriminés et la direction de l'école ont déposé plainte contre X pour dégradations et diffamation. Mais l'information est restée particulièrement confidentielle, circulant à mots couverts dans le milieu des architectes.
Au sein même de l'établissement, l'omerta (par définition un silence gardé sur un sujet compromettant ou tabou) est imposée. Face à des journalistes et des syndicalistes trop curieux à leur goût, l'association des étudiants de l'ENSA, le Bureau des associations (BDA), invite les élèves architectes à ne pas répondre, afin que l'image de l'école ne soit dégradée par cette affaire.
Ces incriminations, ne respectant pas les procédures habituelles, doivent être gérées, selon eux, en interne. Et conseille de contacter la direction à la moindre information, tout en soulignant que ces accusations de harcèlement n'ont pas été prouvées.
Le précédent de l'Ecole d'architecture de Montpellier
L'affaire est d'autant plus sensible que l'Ecole d'architecture de Montpellier a été frappée de plein fouet en 2020 par des accusations similaires. Le 27 octobre 2020, élèves et enseignants découvraient des tags et des collages près du portail de l'établissement montpelliérain : "harcèlement", "complicité", "école de la honte".
Une enquête préliminaire portant sur des faits de harcèlement moral et sexuel visant des étudiants, des enseignants ou des personnels administratifs avait été ouverte. Deux ans plus tard, l'ex-directeur de l'École et un enseignant étaient renvoyés en correctionnelle pour harcèlement.
Sollicitée, la direction de l'ENSA Toulouse a répondu que l'école était "fermée pendant une semaine pour les congés d'hiver" et nous invitait à la "recontacter le lundi 27 février 2023 au matin."