Le 11 mai, commencera le déconfinement et avec lui le risque que la propagation du coronavirus reprenne de la vigueur. Les professeurs du CHU de Toulouse insistent sur une nécessaire discipline de tous les citoyens. Avec comme clé, le dépistage de toute personne symptomatique et de son entourage.
Au CHU de Toulouse, on se prépare pour le déconfinement. 57 patients Covid hospitalisés dont 15 en réanimation, jamais les chiffres n'ont été aussi bas et c'est un soulagement. A partir du lundi 11 mai, la clé du déconfinement repose sur un dépistage, non pas généralisé mais des personnes symptomatiques et de leurs contacts. L’enjeu : vérifier rapidement si elles sont atteintes et les isoler pour empêcher toute contamination.
Le Directeur Général des hôpitaux toulousains Marc Penaud se veut enthousiaste avant l’épreuve que beaucoup redoutent : la fin du confinement. « Durant 2 mois, on a vécu une incroyable solidarité au sein de l’hôpital. Ce n’est pas qu’un vécu de crise. Nous avons démontré notre capacité à prendre des décisions très vite, dans un dialogue très constructif entre nous et en fonction des besoins des patients. L’hôpital de demain doit tenir compte de ce qui vient de se passer. »
A condition bien sûr que chaque citoyen prenne ses responsabilités en ne faisant pas n’importe quoi. Pierre Delobel, professeur spécialiste en épidémies en appelle à la plus grande vigilance : « c’est la clé de la réussite du déconfinement. Il ne faut pas que tout le monde se rue sur les berges de la Garonne et fasse comme avant. Nous sommes au creux de la pandémie mais le risque est toujours là. Ce n’est pas à l’hôpital que l’on attrape le coronavirus, mais à l’extérieur ! »
Dès le mardi 12 mai, un drive pour le dépistage à Purpan
Dépistage et traçage des contacts, voilà les enjeux de la nouvelle période qui s’ouvre. Si jamais la pandémie repart, il faut pouvoir la cibler et la limiter au minima en isolant les personnes symptomatiques. « Un dépistage systématique n’a pas de sens car il faudrait le répéter tous les 2 ou 3 jours », assure Marc Penaud. En revanche, il est capital de tester les personnes qui ressentent les premiers symptômes pour vérifier si elles sont atteintes par le virus. Dès le lundi 11 mai, le CHU disposera d'un drive pour effectuer les tests, place Baylac sur le site de Purpan.Mais attention, la première démarche si vous pensez avoir les symptômes, c’est d’aller voir votre médecin généraliste (ou bien les services d’urgences) pour avoir une prescription médicale. Avec ceci, il vous suffira de prendre rendez-vous sur un numéro dédié 05-61-77-66-66 et de vous rendre place Baylac à Toulouse. Le drive est ouvert du lundi au vendredi, de 7H à 20H. Vous pouvez prendre rendez-vous dès le lundi 11 mai mais il sera opérationnel seulement le lendemain. Un test virologique sera alors fait à l’aide d’écouvillons. Normalement, il en faut un pour chaque narine, réalisé assez profondément dans la cavité pour que le test soit le plus fiable possible.
Un diagnostic très rapide
Le prélèvement est alors envoyé dans le laboratoire de virologie de l’hôpital. Le virologue Jacques Izopet est formel : « nous pouvons faire jusqu’à 3000 tests par jours, soit 3 fois plus qu’auparavant. Le résultat sera connu entre 12H et 24H plus tard ». 3 plateformes fonctionnent 24h/24 et 7j/7 à Toulouse. Pour casser la propagation, la personne infectée et ses contacts seront isolés et soignés.
Quid des tests sérologiques ? Ces tests sanguins servent à retrouver la présence d’anticorps développés pour combattre le coronavirus. Ils permettent donc à postériori, de savoir si un patient a été contaminé. "Ces tests sérologiques n’ont pas encore été homologués mais des évaluations sont faites. Quand ils seront disponibles et que les réactifs seront livrés, nous pourront faire 1000 tests par jour", assure Jacques Izopet.
L’exemple à suivre des EHPAD
Tester les personnes symptomatiques et leurs contacts, c’est exactement ce qui a été fait dans les EHPAD de l'ancienne région Midi-Pyrénées et, à un degré moindre, sur l'ensemble de l'Occitanie. Le gériatre Yves Rolland explique que Toulouse est même précurseur en la matière avec la mise en place d’une plateforme au gérontopôle du CHU. Avec une équipe resserrée à l’écoute des EHPAD, pour répondre à leurs questions, faire des téléconsultations. En cas d’hésitation et de forts doutes de maladie, le CHU envoie une équipe mobile d’infirmiers pour effectuer les prélèvements, les mêmes qui seront faits dès le mardi 12 mai au drive de Purpan. Ce dispositif s’est révélé plutôt efficace : le nombre de décès en Haute-Garonne s’est limité à 16.Généralisation des tests pour le personnel du CHU de Toulouse
Jusqu’à présent au sein du personnel hospitalier, seules les personnes qui ressentaient des symptômes ont été testées. Mais désormais, tout le monde sera testé. Il y aura un centre dédié de prélèvement pour dépister et éviter le cas échéant de contaminer les patients de l’hôpital ou le reste du personnel. L'hôpital va assurer un véritable suivi sérologique, ce qui permettra de mettre en place les mesures de prévention adaptées. Au niveau du personnel du CHU qui a bien voulu se signaler, on relève 800 cas de personnes symptomatiques, 600 consultations, 500 prélèvements et 53 cas de personnel positif (une majorité de soignants).
Le CHU a passé un premier cap en remplissant parfaitement sa mission face à la pandémie. Le Directeur Général Marc Penaud est confiant pour la suite : « le sujet c’est comment on répond aux attentes de nos patients. C’est la priorité et il ne s'agit pas que des critères quantitatifs. Je voudrais que les 2 mois que nous venons de traverser nous parlent. Demain ne sera pas comme hier. »