Face aux épisodes de sécheresse causés par le réchauffement climatique, l'oléiculture dans les territoires méditerranéens traditionnels est en danger. S'impose alors la nécessité de reconstruire une culture et de l'adapter dans de nouveaux milieux. En France, on peine encore à prendre ce tournant.
En seulement un an, entre janvier 2023 et janvier 2024, le prix de l'huile d'olive a bondi de 20% dans les supermarchés français. La cause de cette augmentation spectaculaire : la chute de la production d'olives dans le monde. La sécheresse causée par le réchauffement climatique occasionne des dégâts. Si l'olivier subsiste, ses rendements ne suivent plus.
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David Kaniewski, maître de conférences à l'université Paul Sabatier de Toulouse en Haute-Garonne, explique le danger pour l'oléiculture : "Moins de grains de pollen, donc moins de fécondations engendrent une baisse majeure de la fructification." En Occitanie, la période de sécheresse se termine à la fin de l'automne et c'est à ce moment-là que la récolte fait défaut. "La qualité des olives est différente, le goût est rance, ce qui dénature l'huile", explique l'enseignant-chercheur.
Des conséquences pour les exploitants
Symbole d'identité méditerranéenne, l'olivier est surtout un pilier économique de cette région. L'Espagne, l'Italie, la Turquie et la Grèce sont les principaux pays producteurs, mais la France aussi fabrique son huile. Avec le changement climatique, "le climat méditerranéen devient peu favorable à l'oléiculture", affirme David Kaniewski. C'est déjà le cas en Méditerranée orientale et cela commence à s'étendre en Méditerranée occidentale. "Les conséquences pour les producteurs actuels risquent d'être immenses", rappelle le chercheur.
Avec des étés très secs et très chauds, les olives seront plus petites et moins charnues, et les arbres de moins en moins protégés contre les pathogènes, ces bactéries transmises par les insectes, vecteurs de maladies. Il restera des oliviers réensauvagés, qui ne produiront pas d'huile.
La nécessité de s'adapter
Comment pallier ce danger pour l'oléiculture ? "Il faut que les filières s'adaptent", déclare David Kaniewski. Il faut envisager une migration des espèces, effectuer des tests pour voir où peuvent s'implanter les oliviers et les remplacer par d'autres cultures". Mixer les cultures et adapter l'économie au changement climatique "serait la clé".
Si l'Espagne a réagi en ce sens, la France est en retard. "Il y a un statu quo", regrette le maître de conférences. "La filière oléicole se porte très mal, mais nous ne réalisons aucun test d'implantation sur d'autres territoires." Un principe, pourtant adopté pour la viticulture, également en proie aux conséquences du réchauffement climatique, mais dont le poids économique est bien plus important dans notre pays.
De l'huile d'olive de l'Aude ?
L'oléiculture du Var ou de l'Hérault pourrait disparaître dans moins d'une dizaine d'années. "Ce qui caractérise le changement climatique actuel, c'est sa rapidité", souligne David Kaniewski. "On se sert tout de même de l'exemple des changements climatiques passés pour avoir une base de projection et trouver les températures saisonnières optimales pour l'oléiculture."
🫒 Conférence-débat : "L'olivier : origine, domestication, développement et menaces actuelles"
— UT3 Paul Sabatier (@UT3PaulSabatier) April 3, 2024
🗣️ Présentée par David Kaniewski et Guillaume Besnard du CRBE @ObsMip
📅 Mercredi 10 avril, à 18 heures
📍 Hôtel d'Assézat @ASIBL_Toulouse
🟢 Gratuithttps://t.co/1hPlUydAj3 pic.twitter.com/rJpWOk4Oob
En Occitanie, la ville de Carcarsonne, dans l'Aude, présente déjà les conditions climatiques pour accueillir des oliviers.
David Kaniewski présentera la conférence-débat : "L'olivier : origine, domestication, développement et menaces actuelles", à l'Université Paul Sabatier de Toulouse (Haute-Garonne), le 10 avril 2024.