Circulation de drogue, échanges de faveurs sexuelles, les pratiques hallucinantes entre patients pénitenciers au CHU de Toulouse

Le service psychiatrique du CHU de Purpan à Toulouse (Haute-Garonne) est en proie à de grosses difficultés au niveau de la gestion de patients pénitentiaires. Entre circulation de drogue, échange de faveurs sexuels et effectifs limités, le service est en grande souffrance. Un syndicaliste de l'hôpital raconte.

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La crise de l'hôpital se renforce jour après jour, semaine après semaine si l'on écoute les personnels hospitaliers. Depuis le Covid-19, ils ne cessent de crier leur désarroi face à des directions et agences régionales de santé sourdes à leurs revendications selon eux. Au CHU de Purpan de Toulouse (Haute-Garonne), c'est le service psychiatrique qui souffre de plus en plus.

La prise en charge de patients pénitentiaires est ultra-délicate avec de la circulation de drogue, des faveurs sexuelles entre patients, accentués par des effectifs limités. Benoît Dupuis, du service pédopsychiatrie et syndicaliste Sud Santé Sociaux, lance un énième cri d'alarme.

Comment se passe la prise en charge de patients venant de centre pénitentiaire ? Depuis quand en prenez-vous en charge ?

Benoît Dupuis : "on en a depuis quelques années. Mais depuis un an et demi, on en a de plus en plus, à la demande de la préfecture, car le service USHI (Unités hospitalières sécurisées interrégionales) de Rangueil est surchargé. C'est en corrélation avec la surpopulation de la prison de Seysses. Cela amène à avoir une population de patients qui change avec d'autres problématiques.

On peut tomber sur des patients qui ont fait 10 ans de prison. Leur régime carcéral est strict avec un personnel équipe : là, vous les mettez auprès d’infirmiers qui n’ont rien pour se protéger."

"La direction nous écoute, mais est-ce-qu' elle comprend ?"

On parle de drogues, de faveurs sexuelles, d'effectifs débordés. Qu'en est-il concrètement ?

"Il y a toujours eu de la drogue qui circule, mais là, ça devient prégnant dans le service. On retrouve par exemple des pipes à crack.

Il y en a qui ont plus de revenus face à d'autres qui ont des problèmes d'argent, et donc ça peut se combler sous forme d'échanges sexuels. 

Lorsque le nombre de patients est en rapport avec le nombre d'agents, ils sont capables de sentir les tensions et de les apaiser. Par contre, quand ce n'est pas le cas, ils se sentent en insécurité avec des patients de plus en plus en plus difficiles."

Avez-vous signalé ces problèmes à votre direction ? Comment réagit-elle ? 

"Depuis plusieurs années, les équipes le signalent. Ils réclament plus de personnel et des locaux adaptés. Comme réponse officielle, ils ont : « on va réfléchir et on va voir ». La direction nous écoute, mais est-ce-qu' elle comprend ? Je ne crois pas.

Sinon, l'ARS et le gouvernement aurait répondu avec des moyens en plus. Là, c'est tout l'inverse. Si les agents ne sont pas sereins, les patients le voient et la prise en charge est compliquée."

Vous avez la possibilité de faire valoir votre droit de retrait. Y pensez-vous ? *

"Les agents tiennent au service public et ne veulent pas fermer leurs services, même s'ils considèrent leurs conditions de travail exécrables. Que deviendraient les patients s'ils ne sont pas là ? Le droit de retrait, c'est très difficile dans la fonction publique hospitalière." 

Il y a quelques mois, trois personnes ont été agressées au couteau par un patient en psychiatrie à l'hôpital de Montauban. Une infirmière a aussi été tuée à Reims le 23 mai. Est-ce-que ces antécédents vous inquiètent au CHU ? 

"On y pense évidemment, on se dit que ça peut nous arriver. Moi, en tant que syndicaliste, ça me fait froid dans le dos. Je vivrais très mal que mon syndicat n’ait pas réussi à faire comprendre que l’on vit des tensions extrêmes. C'est toujours lié à nos conditions de travail : sans bonne prise en charge, ça peut péter."

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