Classement de Shanghai : Montpellier et Toulouse dans le top 300 sur fond de critiques sur la politique de regroupement des universités

Montpellier (Hérault) et Toulouse (Haute-Garonne) se positionnent dans les 300 premières places du classement mondial de Shangaï des universités mondiales révélé mardi 15 août. Mais derrière ces classements, les critiques fusent, dénonçant une vision limitée de la qualité universitaire et mettant en lumière les enjeux de regroupements institutionnels.

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La publication du classement de Shanghai est devenu, en plein coeur de l'été, le rendez-vous le plus attendu du milieu universitaire français. Avec douze des quinze premières places, les établissements américains prédominent toujours largement dans cette hiérarchisation des universités qui fête cette année ses vingt ans. L'université Paris-Saclay, première université française se classe à la 15e place. Au total, 27 établissements de l'enseignement supérieur français apparaissent dans ce palmarès mondial révélé mardi 15 août. 

Montpellier et Toulouse dans le top 300

L’Université de Montpellier (Hérault) conforte sa place parmi les 200 meilleures universités du monde au classement général. Une réelle satisfaction pour Philippe Augé, Président de l’Université de Montpellier : "ces bons résultats dans le classement de Shanghai, ainsi que dans l’ensemble des autres classements mondiaux traduisent une politique ambitieuse d’excellence menée depuis plusieurs années qui s’appuie sur le talent et l’investissement important de nos équipes de chercheurs et d’enseignants-chercheurs, que je tiens également à féliciter. Ces résultats découlent aussi des moyens exceptionnels alloués pour la recherche et la formation dans le cadre du programme d’Excellence I-SITE, projet porté avec l’ensemble de nos partenaires."

L'Université Toulouse 3 Paul Sabatier et Toulouse 1 Capitole se positionnent dans les 300 premières places.

Six critères rentrent en compte dans ce palmarès : le nombre de Prix Nobel et de médaillés Fields parmi les anciens élèves (10 % du score final), le nombre de Prix Nobel et de médaillés Fields parmi les chercheurs (20 %), le nombre de chercheurs les plus cités dans leurs disciplines (20 %), le nombre d’articles publiés dans les revues Nature et Science (20 %), le nombre d’articles indexés dans Science Citation Index et Social Sciences Citation Index (20 %) et, enfin, la performance académique au regard de la taille de l’institution (10 %).

Qualité de l'enseignement et taux de réussite des étudiants pas pris en compte

Comme le souligne le quotidien Le Monde : "La qualité de l’enseignement, le taux de réussite des étudiants ou le taux d’insertion des diplômés ne font pas partie des éléments considérés pour ce classement, régulièrement critiqué pour les critères qu’il impose à la définition d’une « bonne » université."

Pour Marianne Blanchard, sociologue dans le domaine de l’éducation, de l'enseignement supérieur et des grandes écoles et maîtresse de conférence à l’Université Toulouse – Jean Jaurès , ce classement de Shangaï n'est qu'une question d'affichage, inadapté au système français et à l'enseignement supérieur : "C’est uniquement une certaine recherche qui est prise en compte, ce qui a ses limites. Il n’y a rien qui valorise le taux d’encadrement des étudiants par exemple. Avec ce classement on définit les universités non pas en fonction de leur rôle social premier qui devrait être de proposer des enseignements de qualité à tous, n’importe où en France sans différenciation. De plus ce palmarès est très centré sur les « sciences dures », mesurant par exemple les publications dans les revues Science et  Nature. L’objectif affiché est de renforcer la visibilité, d’avoir une taille critique à l’international, mais cela est souvent un prétexte pour appuyer des réformes visant à la mise en concurrence des établissements à l’échelle nationale.."

Une politique de regroupement pour "gagner en visibilité"

Pour d'ailleurs toujours mieux figurer dans ce classement de Shangaï, chaque année, le gouvernement français encourage le regroupement d'établissement d'enseignement supérieur.

C'est par exemple le cas en Occitanie où la marque "Université de Toulouse" a été créé en janvier 2023, regroupant plusieurs universités et établissements d'enseignement supérieurs toulousains. Une évolution fortement appuyé par la présidente de région d'Occitanie Carole Delga, que le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Une évolution dénoncée Marianne Blanchard : "Cette politique favorise la différenciation des établissements. Avec les fusions et les regroupements, ils ont créé des structures qui n’existent nulle part ailleurs, aux prétextes qu’elles seraient plus visibles. Mais ces regroupements créent des étages administratifs qui alourdissent sans pouvoir généralement créer de synergie particulière au niveau local. La plupart du temps, ces regroupements n'existent que sur le papier, ce sont des établissements fantômes. Il faudrait derrière qu’il y ait des programmes, des enseignements communs. Créer ce type de synergie ça demande du temps, et des moyens dont nous manquons."

A partir de la prochaine rentrée, les doctorats toulousains seront délivrés avec la mention "Université de Toulouse en espérant mieux faire figurer la Ville rose dans le prochain classement de Shangaï. Pourtant la Chine, via Xi Jinping, a annoncé ne plus vouloir comparer ses universités aux autres, notamment américaines. Un nouveau classement international pourrait ainsi voir le jour sous l’impulsion de la Russie et de l’Afrique du Sud dans le smois à venir.

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