Le programme de mentorat Femmes & sciences a été lancé en 2017 à l’université Paul Sabatier de Toulouse. Soutien moral, accompagnement personnalisé, opportunités professionnelles : grâce à cette initiative, les femmes scientifiques peuvent échanger sur le parcours avec des pairs. Une démarche pour l’égalité qui inclut aussi les hommes.
En 2019, seuls 28% des chercheurs scientifiques en France sont des femmes. Au CNES, à l’IRD, dans l'industrie automobile ou le numérique…. Peu importe le domaine de recherche, le constat est implacable : “les femmes sont sous-représentées parmi les chercheurs”. C’est ce que révèle une publication gouvernementale datée de mars dernier et qui étudie la parité femmes-hommes dans la recherche en France.
L’université Paul Sabatier de Toulouse n’a pas attendu cette vaste étude pour mettre en place un programme visant à plus de représentativité dans la recherche. Baptisé Femmes & sciences mentorat, il a été lancé dès 2015 à Montpellier (Hérault) et s’adresse en priorité aux jeunes femmes doctorantes. Durant douze mois, elles sont chapeautées par des chercheuses déjà établies au sein de laboratoires ou d’entreprises. Objectifs : échanger sur les difficultés propres au cursus, mettre en commun les expériences et partager son réseau.
Trouver un équilibre
Romane Dusfour-Castan est doctorante à l'université de Toulouse. Inscrite en 2e année de microbiologie et génétique moléculaire, elle bénéficie du programme de mentorat et y trouve son compte.“Il me permet de rencontrer des personnes ayant des parcours différents, autant dans la recherche académique que dans le privé”, remarque la scientifique.
Pour Romane Dusfour-Castan, cette expérience lui a permis de “prendre conscience de toutes les voies possibles qui existent après une thèse”. Mais un point précis évoqué au cours de la période de mentorat l’intéresse aussi : trouver un équilibre entre la carrière professionnelle et la vie privée. “Grâce à ma tutrice, j’apprends à gérer ma vie personnelle et ma carrière sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre”, explique la doctorante.
Privilégier les rapports humains
Pendant ce parcours, la jeune doctorante est épaulée par Pascale Dufourcq. Cette professeure de biologie du développement à l’université Paul Sabatier n’a pas pu compter sur des figures scientifiques qui pouvaient lui apporter un soutien pendant qu’elle faisait ses études. “Et évidemment, cela m’a manqué sauvagement, cruellement”, confie-t-elle.
Je ne fais pas que de la science. Il y a aussi beaucoup d’humain.
Pascale Dufourcq, professeure de biologie du développement à Toulouse
Pour pallier la véritable lacune, Pascale Dufourcq entend aujourd'hui “remettre l’humain” au cœur des disciplines scientifiques. “Je suis enseignante, mais je ne fais pas que de la science. Il y a aussi beaucoup d’humain. Je pense que je suis extrêmement sensibilisée à ces questions-là. Dans nos métiers, les interactions et le réseau à la fois humain et scientifique sont extrêmement importants”, assure la chercheuse.
Les hommes concernés
À l’initiative de ce projet, Julie Batut, chercheuse en biologie au CNRS. Selon elle, ce programme permet de mettre au jour toutes les difficultés rencontrées par les femmes lorsqu’elles étudient ou travaillent dans le milieu scientifique. “Depuis trop longtemps et encore trop souvent, dans notre domaine, le rôle modèle est masculin. Grâce au mentorat, aux témoignages, on montre que ce rôle modèle peut être féminin”, explique-t-elle.
Pour promouvoir l’égalité féminine, il faut inclure les hommes.
Julie Batut, chercheuse en biologie au CNRS
Pour autant, toutes les tutrices volontaires n’accompagnent pas uniquement des femmes de sciences, fait remarquer Julie Batut. Des hommes en doctorat peuvent eux aussi y prétendre s’ils en ressentent le besoin. Selon elle, il était nécessaire d’approcher les hommes dans ce dispositif dès sa création, notamment pour leur montrer “toutes les difficultés auxquelles sont soumises les doctorantes”. “Pour promouvoir l’égalité féminine, il faut inclure les hommes”, achève l’intéressée.