Dans quelques semaines, le service de prévisions de Météo-France sera accessible gratuitement et librement réutilisable. Cette évolution concerne les données d'observations en temps réel, les données climatologiques et les données de radar jusqu’ici accessibles uniquement en payant une redevance. Un changement qui entraîne plus de travail pour les équipes du Météopole de Toulouse.
C'est une petite révolution. Au 1er janvier 2024, toutes les données et prévisions de Météo-France seront accessibles gratuitement et librement réutilisables. "Météo-France va supprimer fin 2023 toutes ses redevances de réutilisation de données publiques", indique le gouvernement.
"Cette suppression concerne 38 jeux de données dont les données d'observations en temps réel, les données climatologiques et les données de radar", jusqu'ici accessibles uniquement en payant une redevance.
Imposée par l'Union Européenne
Cette évolution, réclamée de longue date par des associations et des secteurs économiques, est la conséquence de la législation européenne qui impose depuis 2019 la mise à disposition gratuite, sauf exceptions, des données des services publics. Cela permettra "un accès, en temps réel et à la fréquence de 6 minutes, aux données de plus de 2.000 stations d'observation et à l'ensemble de ses données de radars (40 radars de métropole et d'outre-mer...) en temps réel et toutes les 5 minutes", indique le gouvernement.
Acteur majeur de la donnée météorologique en France, @meteofrance rythme le quotidien des Français et les informe de la réalité climatique. Je salue la mise en Open Data de ses données dès 2024 qui permettra, j’en suis sûre, de favoriser l’innovation et de mieux anticiper !
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) November 9, 2023
Comprendre le changement climatique
Température, humidité, direction et force du vent, pression, précipitations, entre autres, seront disponibles, tout comme l'indicateur thermique national (moyenne quotidienne de la température de l'air relevée dans 30 stations météorologiques représentatives). Les données des puissants modèles de prévision numérique de l'établissement français, AROME et ARPEGE, seront également en libre accès, "jusqu'à 4 jours d'échéance".
Les données climatologiques, c'est-à-dire les observations passées sur plusieurs décennies, ainsi que les projections du climat futur jusqu'à la fin du siècle, au niveau national et au niveau local, seront aussi disponibles. Cela devrait permettre "aux décideurs (ministères, collectivités, entreprises) de mieux comprendre à quel climat ils seront confrontés et d'anticiper, par des stratégies d'adaptation, les effets du changement climatique", assure le gouvernement.
Cette nouvelle étape doit aussi permettre de "constater les effets déjà observés du changement climatique et offrir un terreau d'innovation et de recherche aux entreprises et aux chercheurs", ainsi que "faciliter l'information de la société civile", affirme le communiqué.
"Attention aux apprentis prévisionnistes !"
"C'est très bien pour les Français, mais attention aux apprentis prévisionnistes !", prévient Lionel Althuser, représentant national CFDT Météo France. "La demande va être énorme. Le marché de la météo est très concurrentiel. C'est une opportunité pour les entreprises privées qui vont tenter de monnayer des services supplémentaires sans avoir les compétences de vrais prévisionnistes,"conclut le syndicaliste.
Une perte financière pour Météo France et du travail en plus...
En juillet, le directeur de la stratégie de Météo-France Christophe Morel avait indiqué au quotidien Le Monde que ces redevances représentaient 1,6 million d'euros en 2022, soit 0,42 % du budget 2021 de la structure. Enfin, cet accès libre représente un défi technique pour mettre à disposition le très grand volume d'information produit par Météo-France puisqu’en 2022, plus de 1.000 To ont été diffusés.
"L'accès libre à la météo, on ne s'y oppose pas" réagit Sandrine Deville, porte-parole de Solidaires Météo. "En revanche, sa mise en place se fait dans la douleur. Sans compensation financière et à effectif quasi constant. 2 à 3 agents informaticiens viendront renforcer les équipes du centre opérationnel de Toulouse qui héberge toutes les données. Mais à ma connaissance, les recrutements ne sont pas faits" regrette Sandrine Deville.
Cette petite révolution intervient aussi alors que direction et organisations syndicales n'arrivent pas à s'entendre sur la prochaine bascule de l'organisation des prévisions en interne. Bref, le moral des prévisionnistes de Météo France n'est pas au beau fixe.
Ecrit avec AFP.