Les ambulanciers de France vont se rassembler, mardi 30 novembre devant le ministère de la Santé à Paris, pour exiger une revalorisation de leur statut. Aujourd'hui techniciens de la filière logistique, ils veulent être considérés comme des soignants. Un Toulousain va faire le déplacement à vélo pour l'occasion.
"C'est irrespectueux pour nous, et pour nos patients". Ambulancier depuis 20 ans au CHU de Purpan à Toulouse, Thierry Cubury, 56 ans, ne décolère pas. Pour lui, avoir le statut de technicien de la filière logistique est un affront à sa profession. Mardi 23 novembre, il se mettra en selle pour rejoindre la place Vauban à vélo afin de demander au ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, de reconnaitre les ambulanciers comme des soignants. Une rencontre avec les professionnels du secteur est prévue ce jour-là, et des centaines d'ambulanciers convergeront de l'ensemble de la France pour porter leurs revendications, exprimées depuis des mois.
Rattachés à un Centre hospitalier universitaire, les ambulanciers SMUR sont des agents de la Fonction Publique Hospitalière de catégorie C. Considérés dans le décret du 12 décembre 2016 du Code de la Santé publique comme des "conducteurs", aucune fonction médicale propre ne leur est attribuée, ils relèvent des agents techniques et ouvriers.
Prêts à tout pour faire parler d'eux
A l'échelle nationale, les ambulanciers réclament d'être intégrés à la filière soignante, et de passer ainsi de la catégorie C à la catégorie B. "On ne transporte pas des meubles, on transporte des vies humaines", s'insurge le Toulousain. Un changement qui s'accompagnerait d'une revalorisation des carrières, et des salaires.
"J'ai décidé de faire ce périple à vélo, car je veux faire sortir les ambulanciers de l'ombre, que l'on parle de notre métier. Les gens ne savent pas la responsabilité qu'on a" explique Thierry Cubury. Avec cette initiative personnelle, le Toulousain espère bien attirer le regard de la population et des médias sur son combat.
De son côté l'AFASH - l'Association Française des Ambulanciers SMUR et Hospitaliers - a choisi de faire appel à des spécialistes pour réussir à faire enfin parler d'eux. C'est donc à Up to Flux, une agence de communication basée à Bordeaux en Nouvelle-Aquitaine, qu'ils ont choisi de faire appel.
"Cela fait 15 ans qu'ils demandent la même chose, là ils sont vraiment dans la volonté de faire connaître leurs revendications" explique Virginie Hunzinger, chargée de communication en charge du dossier. "Le Ségur de la Santé leur avait donné de l'espoir, mais finalement il n'y a eu aucune avancé sur le fond du dossier", explique-t-elle.
Les oubliés du Ségur de la Santé
Aux premières loges de la prise en charge des malades durant la crise sanitaire liée à la Covid-19, les ambulanciers ont pourtant fait partie des grands oubliés du Ségur de la Santé.
"En pleine crise nous étions considérés comme des soignants" soutient Thierry Cubury, car les ambulanciers ont été soumis à l'obligation vaccinale au même titre que les personnels des établissements médicaux. "Maintenant, on redevient de simples chauffeurs", peste-t-il "ça nous a touché, c'est pour cela qu'aujourd'hui on sort de nos gonds".
Ils viendront de partout en France pour défendre leur position devant le ministre de la Santé le 30 novembre. Thierry Cubury partira sept jours avant, du CHU de Purpan, direction Paris. Sur la route, pour son Tour de France de la reconnaissance, il fera escale à Agen, Bordeaux, Angoulême, Poitiers, Angers, Chartres.
"On ne peut plus continuer comme ça"
"Je vais être logé par des syndicalistes ou des ambulanciers des SMUR de France. Je reçois plein de messages de soutien sur internet" s'émeut le Toulousain, galvanisé par les réactions positives. "Je sais que ça va être dur, que je vais avoir mal aux jambes [rires]," dit l'ambulancier habitué des compétitions cyclistes, "mais je veux qu'on prenne nos revendications au sérieux".
Environ 500 ambulanciers grévistes sont attendus place Vauban le 30 novembre d'après les organisations syndicales, dont une vingtaine du CHU de Purpan. Les discussions risquent d'être vive, et Thierry Cubury a déjà tranché : ils auront gain de cause, c'est la seule issue possible. "On ne peut plus continuer comme ça. Et on ne continuera pas comme ça."