Alors que le comité d'éthique du CNRS a accusé l'ancien maire de Toulouse de "dérive populiste", Philippe Douste-Blazy dit "regretter" d'avoir demandé aux Français de se prononcer sur l'hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19.
"La dérive populiste de la science peut être aussi le fait d’un responsable politique". Dans un avis publié le 21 septembre 2021, le Comité d'éthique du CNRS cite plusieurs noms de personnalités du monde de la santé ou de la politique, responsables selon lui des dérives du discours scientifique pendant la crise sanitaire.
Parmi eux, apparaît Philippe Douste-Blazy, ancien maire de Toulouse, professeur de santé publique et ministre de la Santé sous Jacques Chirac. Interrogé à ce sujet sur le plateau de Public Sénat, vendredi 22 octobre dernier, il a affirmé regretter d'avoir demandé aux Français de se prononcer sur l'hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19.
Pétition en ligne
Ce que reproche le comité d'éthique du CNRS à Philippe Douste-Blazy, c'est le lancement avec une dizaine de professionnels de santé, début avril 2020, d'une pétition en ligne demandant au Gouvernement de "mettre à disposition immédiate [...] de l'hydroxychloroquine" pour traiter les malades du Covid-19, alors préconisé à l'époque par Didier Raoult.
Quelques jours avant la pétition, le 23 mars 2020, un décret avait alors été publié, restreignant la distribution du médicament dans les officines de villes comme hospitalières.
Au 27 octobre 2021, cette pétition publiée sur change.org et intitulée "Traitement Covid-19: ne perdons plus de temps ! #NePerdonsPlusDeTemps" continue ponctuellement d'être signée par des internautes. Elle a recueilli à ce jour plus de 580 000 signatures.
Regrets et maladresse
"On ne peut que s'inquiéter que le choix d’un traitement puisse être décidé par l’opinion publique sur la base d’une pétition [...]", déplore le comité d'éthique du CNRS, "et que des décisions politiques puissent être prises en se fondant sur des croyances ou des arguments irrationnels, faisant uniquement appel à la peur ou l’émotion".
Retour sur le plateau de Public Sénat, où Philippe Douste-Blazy se justifie : "Je n’avais pas admis le fait qu’un ministre de la Santé empêche tout médecin de prescrire un médicament, ça n’avait jamais existé encore en France. J’ai voulu combattre cette idée-là".
Si j'ai une chose à me reprocher, c'est la pétition aux Français. C'était maladroit, car ils n'ont eux-mêmes pas les clefs pour se positionner en faveur ou non de l'hydroxychloroquine.
Philippe Douste-Blazyà Public Sénat
Avant d'ajouter : "Par contre, les Français avaient le droit de dire qu'ils ne comprenaient pas pourquoi le ministre de la Santé empêchait de prescrire tel ou tel médicament".
Parmi certains médecins, ce "mea culpa" ne passe pas. Un mémo vidéo qui accompagnait la pétition, dans laquelle Philippe Douste-Blazy justifiait l'utilisation de l'hydroxychloroquine, est épinglée sur Twitter. Et a même été reprise par Martin Hirsch, directeur de l'Assistance-Publique Hôpitaux de Paris (APHP).
"Comme Didier Raoult est l’un des plus grands chercheurs et infectiologues au monde, je me suis immédiatement rangé derrière lui [sur l’hydroxychloroquine]", balaie ainsi Philippe Douste-Blazy à Public Sénat. Tout en reconnaissant néanmoins des "erreurs de communication".