Déconfinement : le fabuleux salon de coiffure ambulant reprend du service dans les villages du Lauragais

Depuis huit ans déjà, Sonia sillonne les routes du Lauragais à bord de son camping-car aménagé en salon de coiffure. Confinée durant plus de deux mois, la coiffeuse itinérante est de retour sur les places de villages, sa clientèle est au rendez-vous.

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Il est 10 heures, le soleil réchauffe déjà la brique rouge des maisons. Tout est calme. Un camping car vintage, blanc et vert pistache traverse le village de Fourquevaux avant de s’installer sur la place centrale, celle de la liberté. La manœuvre n’est pas compliquée, Sonia Moldonado a l’habitude. Huit ans déjà qu’elle vient ici, aujourd’hui elle est très attendue. Le confinement dû à l’épidémie de coronavirus a laissé des traces sur pas mal de têtes ; les cheveux ont poussé, parfois en bataille, et des mèches blanches sont venues balayer tempes et racines. Il était temps d’y remédier!
Depuis le début du "déconfinement", elle est un peu débordée et conseille même à ses clients de prendre rendez-vous. Du lundi au vendredi elle navigue entre 7 communes du Lauragais, Fourquevaux, Belberaux ou encore Odars, heureuse de renouer avec sa clientèle qu’elle considère comme "sa famille, ses amis". Une relation de confiance s’est tissée au fil du temps entre elle et les habitants de ces petits villages parfois isolés.
 

Sa clientèle est résolument séduite par ce concept insolite de salon de coiffure itinérant aménagé dans un camping-car. Un service de proximité très important pour dynamiser la vie des villages et créer du lien social.
Mais le succès n’est pas venu tout de suite, "au départ pas mal de gens étaient sur la réserve et me demandaient si j’avais mes diplômes", explique Sonia. Pour réussir elle s’est appuyée sur un projet mûrement réfléchi et bien conçu. Elle a bénéficié de l'accompagnement de la coopérative d'activité et d'emploi du Sicoval pendant deux ans avant de se lancer.
Les services de proximité ont déserté les petites communes. Les boulangeries, épiceries, tabac-presse et coiffeurs ont fermé boutique. Mais depuis quelques années et encore plus aujourd’hui avec l’épidémie de covid-19, quelques indépendants sont entrés en résistance et réinventent le commerce de proximité, un commerce d’un nouveau genre, de type ambulant comme celui de Sonia, l’Itinér’Hair


La coiffeuse et son camping-car à l'heure du déconfinement

Sonia se prépare. Le gel hydroalcoolique est placé à l’entrée du camping-car, elle porte son masque, lance un petit café. Le téléphone n’arrête pas de sonner, les clients prennent rendez-vous.
Il fait bon aujourd’hui alors elle décide d’installer un fauteuil et un casque de coiffure à l’extérieur. Après chaque passage Sonia désinfecte les 6m2 du salon et tous le matériel de coiffure. 
L’espace est restreint mais très fonctionnel. Sa première cliente masquée de la journée vient d’arriver, Florence une habituée. 
 

Florence habite un village voisin. Elle semble exténuée mais heureuse de retrouver Sonia et son petit salon de coiffure si particulier :

Je trouve le concept hyper sympa, atypique,  j’admire son courage, elle a su créer un concept si insolite qui répond tellement aux attentes des habitants.


Florence raconte qu'avant elle détestait aller chez le coiffeur : "c’était vraiment pas mon truc depuis que je connais Sonia tout a changé. De plus, elle utilise des produits 100 % végétal et ses conseils sont précieux. Elle nous concocte des soins à base de produits naturels, une technique de mélange de poudre, génial! Terminé mes problèmes d eczéma. Et puis au fil du temps nous sommes devenues complices, c’est une vraie rencontre, on a beaucoup d’affinités et on discute de choses très intéressantes avec les autres clientes,
quelquefois le salon se transforme en atelier littéraire.

Tout se fait naturellement, vraiment ça nourri de venir ici"!


Coiffeur ambulant dans un camping-car : un concept atypique

C’est vrai que j’ai des relations très privilégiées avec ma clientèle, au début beaucoup de personnes étaient méfiantes mais au fil du temps les gens se sont reconnus dans mon concept, ils ont fait le choix de vivre en milieu rural et adhèrent complètement à ce type de service de proximité.

explique Sonia

Elle a travaillé pendant plus de 20 ans dans de nombreux salons de coiffure parisiens. Souffrant de rhinites allergiques à répétition elle quitte la capitale pour venir s’installer à Toulouse. "J’ai travaillé dans quelques salons mais je sentais bien que j’étais arrivée au bout du système, une cliente toutes les 15 à 30 minutes pas plus, trop chronophage, j’ai dit stop à cette robotisation, j'avais envie de faire enfin les choses à mas sauce !
J’ai pris le temps de réfléchir, je ne voulais plus de ce mode de vie, j’étais même prête à changer de métier. Il fallait que j’organise ma vie professionnelle, travailler tout en prenant le temps de m’occuper de mes enfants. Et puis un vieux rêve a refait surface, celui de mes 18 ans quand je m’envisageais voyager librement à bord de mon camping-car.
Le concept, avoue t-elle, est en quelque sorte "un mix de tout ça, le cocktail est atypique détonant viable, il me ressemble ce salon de coiffure aménagé dans un camping-car itinérant!
Comme j’étais allergique aux produits chimiques, j‘ai étudié les plantes et je n’utilise que des produits 100% végétal. 
Je prends le temps qu’il faut avec les gens, je travaille à mon rythme, chaque personne est différente, on se parle avec beaucoup de respect et de sincérité, ça donne du sens à mon activité et c'est riche sur le plan humain."

 

Un service de proximité qui a fait face à la crise du covid-19

En temps normal, il n’est pas nécessaire de prendre rendez-vous, "quand j’arrive dans un village, tout le monde reconnait mon camping-car, c’est aussi mon concept de service de proximité, être accessible sans contrainte et accueillir tout le monde, c’est un plus aussi pour les personnes âgées. Mais là depuis le déconfinement, il y a trop de demande et pour satisfaire tout le monde je coiffe aussi sur rendez-vous".
Pendant la crise sanitaire, l’activité s’est arrêtée mais Sonia dit ne pas avoir trop souffert financièrement "j’avais fait un très bon début de mois en mars dernier, c’est vrai que le mois d’avril a été plus difficile j’ai eu des aides et puis désormais tout repart!". Le statut d’auto entrepreneur et le concept de son activité lui ont permis de mieux affronter la crise en comparaison à d’autres commerces classiques. Moins de charges, pas de loyer à payer, une autonomie financière, autant d’atouts qui lui ont permis de résister face à la crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus.
 

C’est au tour de César, 8 ans, il habite sur la place du village. C'est aussi un habitué du salon itinérant. Il n’a pas à attendre, Sonia va toquer à sa porte pour le prévenir, un luxe. César n’aime pas quand il y a du monde et puis il l’avoue, il aime bien Sonia et le camping-car!

Ce qui plait aux gens explique Sonia, "c’est justement mon autonomie, ma grande liberté, cette façon de pouvoir gérer ma vie professionnelle et personnelle. Ça a du sens et avec la crise du Covid-19 beaucoup de personnes ont eu le temps de réfléchir et de se poser les bonnes questions".

 

Il est midi. Florence est toujours sous le casque à l’extérieur et Nicolas vient d’arriver pour une coupe rafraichissante. Pendant le confinement ses cheveux ont bien poussé et il attendait le retour de Sonia. Nicolas habite le village et travaille à l’extérieur :

j’aurais pu me faire coiffer à côté du travail sans problème mais quand on a ce type de service qui permet de dynamiser la vie du village, il faut jouer le jeu. Je trouve le concept hyper sympa, je sais qu’elle est là le lundi et le vendredi, je guette son arrivée et puis c'est super de se faire coiffer dans un camping-car, cela  éveille en moi pas mal de souvenirs d'enfance.

 

La journée est loin d’être terminée et les rendez-vous s’enchaînent naturellement sans stress et dans la bonne humeur. Demain Sonia reprend la route, destination Montbrun-Lauragais. Là-bas aussi, tous attendent impatiemment le retour de leur coiffeuse à bord de son fabuleux camping-car, blanc et vert pistache.
 
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