Une manifestation a lieu ce mardi 19 décembre devant le 115 à Toulouse. 200 personnes se sont rassemblées. Elles craignent le démantèlement de l'équipe mobile qui va au-devant des personnes qui sont à la rue. L'Agence régionale de santé et la Métropole contestent.
Environ 200 personnes se sont mobilisées vers 12h30 devant les locaux du 115, avenue Etienne Billières à Toulouse (Haute-Garonne). Des partenaires du médico-social se sont associés aux salariés : la PASS (Permanence d'accès aux soins de santé), la Halte santé, la Boutique solidarité, la Case de santé ainsi que des équipes de plusieurs centres d'hébergement. Tous sont présents ce mardi 19 décembre car ellezs craignent le démantèlement de l'équipe mobile qui va au-devant des personnes qui sont à la rue.
Veille sociale et lutte contre la précarité
L'EMSS, l'équipe mobile sociale et de santé serait menacée. Ce partenaire du 115, le numéro qui assure la veille sociale et tente de trouver un logement d'urgence aux sans-abri, œuvre depuis plus de 20 ans dans l'agglomération toulousaine. D'après ses salariés, son mode d'organisation et de fonctionnement serait en péril.
Cette équipe est composée de deux personnes : un infirmier du CHU et un travailleur social du Centre communal d'action sociale (CCAS) qui procèdent à des maraudes toute l'année.
"Ce qu'on craint nous et qui est très près d'arriver, c'est la fin du co-portage CCAS-CHU", explique une des salariées qui souhaite garder l'anonymat. "On craint la fin de cette équipe mixte portée par les deux institutions publiques. Ce qu'on nous dit c'est que le CCAS ne veut plus d'un co-portage avec le CHU".
Le SAMU social serait assuré autrement, avec des infirmiers embauchés par le CCAS. Les salariés craignent de voir disparaître les équipes pluridisciplinaires. "Notre travail il faut qu'il soit conjoint et porté par le CHU et le CCAS. Il faut que ce soit porté par les services publics", développe-t-elle. "Les personnes qu'on rencontre, elles n'ont jamais que des problèmes sociaux ou des problèmes de santé, tout est imbriqué. On ne peut pas dissocier notre action auprès d'elles".
"En plus on craint des suppressions de poste. Une Pass mobile, c'est deux infirmiers. On est donc huit parce qu'on travaille 7 jours sur 7, de 9h à 23h. On a un maillage très très resserré de la métropole. Or on risque de travailler du lundi au vendredi, de 9h à 17h, on ne va pas pouvoir faire du tout la même chose".
Vers un remodelage des missions ?
"On craint un remodelage de nos missions avec quelque chose de beaucoup moins professionnel. On ne pourra pas marauder au petit bonheur la chance parce qu'il faut qu'on trouve des personnes qui se sont invisibilisées. C'est ça aussi notre travail, aller dans les bois, trouver des personnes qui se sont mises en marge parce qu'elles ne trouvaient pas leur place. Notre travail c'est de pouvoir les ramener vers le droit commun avec un accès au soin, remettre en route des ressources... Si on est deux équipes réduites à peau de chagrin d'un côté et de l'autre, on ne pourra pas couvrir les mêmes plages horaires et les mêmes territoires".
Une crainte que confirme Françoise, une infirmière retraitée depuis 6 mois, qui participe au rassemblement. "Le lien se construit au fil du temps et des choses peuvent se mettre en place. Nous avons des personnes que nous avons rencontrées complètement isolées, loin de tout, vraiment de tout et qui aujourd'hui sont dans un logement. Beaucoup !".
L'EMSS a ainsi la mission "d'aller vers" mais aussi de répondre à l'urgence sociale tous les dimanches et jours fériés à partir de 17h. Elle secourt les femmes victimes de violence qui se signalent sur le 115, les mineurs à la rue également. Elle est également un observateur social qui fait remonter des informations du terrain. Il s'agit du seul service public de maraude, les autres étant associatives.
Soutien de l'ARS et de l'Etat
L'Agence régionale de santé (ARS) et la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) ont démenti toute remise en cause de l'EMSS. "Avec une dotation en hausse de 12% en 2023 les services de l’Etat et de l’ARS réaffirment leur soutien à l’équipe mobile qui intervient dans la lutte contre la précarité à Toulouse", mentionne-t-elle dans un communiqué.
"Dès cette année 2023, l’Agence régionale de santé a déjà indiqué aux acteurs une augmentation de 12% du budget alloué à cette équipe mobile toulousaine (avec une dotation totale à près de 470000€ désormais). C’est le signe d’un engagement financier considérable, qui dément tout manque de soutien", poursuit le communiqué de l'ARS.
Maintien du binôme
"En contrepartie, l’ARS a engagé en 2023 une démarche d’évaluation de l’ensemble des dispositifs financés pour déployer des actions de terrain. Dans ce cadre, la DDETS et l’ARS ont envoyé le 25 octobre un courrier commun aux équipes de l’EMSS demandant à disposer d’une évaluation des actions mises en œuvre au profit des personnes en situation de précarité".
L'organisme explique encore que "sans attendre l’analyse de ce rapport d’activité transmis par l’EMSS, la DDETS et l’ARS ont validé, par un courrier en date du 15 décembre, les propositions du CHU et du CCAS de mise en adéquation des missions et du fonctionnement de l’équipe avec une échéance de propositions au 31 mars 2024. Elles ont en outre confirmé le maintien du fonctionnement actuel en binôme". L'ARS réaffirme son soutien au dispositif.
Les craintes des salariés sont-elles totalement infondées ? Eux affirment que non et disent rester vigilants pour les mois à venir.