On les appelle des mineurs isolés. Ces jeunes migrants qui sont arrivés en France et ont sollicité l'aide du conseil départemental de Haute-Garonne comme c'est leur droit. reconnus comme n'étant pas mineurs, ils se retrouvent à la rue, sans ressources. Plus de 200 jeunes seraient ainsi concernés, dont une vingtaine de filles.
Attirer l'attention de la justice sur la détresse qu'elles vivent. C'est l'objectif de trois mineures isolées qui se sont rendues au tribunal de Toulouse en Haute-Garonne, courrier à la main pour tenter de rencontrer le juge des enfants, le 31 janvier 2024. Originaires de Guinée et de Côte d'Ivoire, ces jeunes filles sans ressources ont déposé un recours auprès de Tribunal de Toulouse en Haute-Garonne il y a plus d'un an dont elles sont sans nouvelle.
Plusieurs dans la même chambre
Comme elles ont le droit, elles ont d'abord sollicité l'aide du conseil départemental. Ces jeunes filles affirment être mineures mais ne seraient pas reconnues comme tel.
"On ne comprend pas, pourquoi on est dans cette situation puisqu'on a les documents sur nous. Ils disent qu'on n'est pas des mineurs, mais on a nos extraits, d'autres ont des passeports", explique l'une d'elles qui témoigne anonymement auprès de notre journaliste Marie Martin.
"Depuis un an, on n'a pas de nouvelle de nos dossiers, s'inquiète une autre jeune fille. Et nos dossiers ne sont pas traités. Et depuis ce temps, on vit dans des situations difficiles, précaires. En tant que jeune fille, on est plusieurs à dormir dans la même chambre, par exemple. On rencontre beaucoup de difficultés."
À leur arrivée en France, elles ont été prises en charge par le Dispositif départemental d'accueil, d'évaluation et d'orientation des mineurs Isolés, structure créée par le Département en 2016. Elles ont fait l'objet "d'une évaluation qui dure près de trois semaines, menée par une équipe pluridisciplinaire médico-sociale. Le résultat de cette évaluation est transmis au procureur de la République qui, lui, prend une décision de minorité ou de majorité", précise le Département.
En application de cette décision de justice, "si les jeunes sont reconnus mineurs, le Département de la Haute-Garonne poursuit la prise en charge et les oriente vers les structures adaptées (dans le cadre de sa compétence Protection de l’enfance). Si les jeunes sont reconnus majeurs par le Parquet, ils relèvent de la compétence de l’Etat."
Les bénévoles dépassés
Sans les bénévoles, ces jeunes filles seraient à la rue. Mais le collectif qui les soutient, se dit dépassé. Il dénonce les délais interminables qui les mettent en danger. " Il y en a certaines qui ont subi des traumatismes sur le trajet et qui font des crises d'angoisse, décrit Jennifer Gruman, membre du collectif Tech 31. Nous, on est des bénévoles, on n'est pas formé pour ça. Elles ont besoin d'un suivi professionnel. Comme on a un suivi non-professionnel et qu'on essaie de faire comme on peut, certaines filles ont des grossesses non désirées. Est-ce que c'est normal qu'une jeune de 16 ou de 17 ans se retrouve enceinte ?"
Au tribunal, elles n'ont pas pu être reçues, ce jour-là. Mais elles ont déposé leur courrier relatant leur appel à l'aide d'urgence. Le traitement des dossiers peut prendre jusqu'à 18 mois, au lieu de trois mois. Ces jeunes filles affirment qu'elles auront 18 ans dans quelques mois, réduisant leurs perspectives d'avenir en France.