Le Conseil départemental des Pyrénées Orientales est fragilisé après des révélations gênantes. Deux employés de la collectivité sont soupçonnés de conflit d'intérêts. Ils étaient très liés aux entreprises ayant décroché le marché des repas pour les mineurs non accompagnés.
Un chef d'entreprise m'a dit qu'il avait deux apprentis. Celui qui était nourri par Le Fren'cheese disait qu'il ne mangeait pas toujours son repas tellement c'était infect.
Claire GilletJournaliste à Blast
Le conseil départemental des Pyrénées-Orientales est au cœur d'une tourmente après les révélations détonantes du média d'investigation en ligne Blast. Deux employés de l’Institut départemental de l’enfance et de l’adolescence (IDEA) sont soupçonnés de conflit d'intérêts dans l'attribution de marchés publics destinés à servir des repas aux mineurs non accompagnés.
Porte close
Rideaux tirés pour l'un, porte close pour l'autre. Le Fren’cheese, et le O'Moya sont dans le viseur de la justice. Les deux restaurants de Perpignan distribuaient des repas aux mineurs non accompagnés. Des repas payés par le Département. Jusqu'ici rien d'illégal, sauf que le propriétaire d'une de ces enseignes ne serait autre qu'un employé du Département comme le révèle l'enquête de Blast.
Affaires en famille
"On s'est rendu compte que le fonctionnaire en question était non seulement le propriétaire et actionnaire unique de l'une des deux enseignes, c'est-à-dire Le Fren'cheese mais en plus la cheffe de service des mineurs non accompagnés est la tante du propriétaire du second restaurant ", précise Claire Gillet, journaliste à Blast, à France 3 Occitanie.
Les fonctionnaires suspendus
Des révélations qui ont eu l'effet d'une bombe. Les deux agents ont été suspendus. Deux enquêtes sont en cours, l'une administrative, l'autre judiciaire. Le site d'investigation révèle également que les repas distribués étaient de très mauvaise qualité. Des informations qui n'ont pas étonné la représentante du Réseau Education Sans Frontières.
Ce sont les jeunes eux-mêmes qui nous ont alertés en février 2019 parce qu'ils n'en pouvaient plus de ne manger que des pizzas ou des sandwiches.
Anne-Marie DelcampMembre de RESF 66
"Nous avions demandé à être reçus par la cheffe de service qui nous avait dit qu'ils allaient faire une enquête et éventuellement changer de prestataire", ajoute Anne-Marie Delcamp.
Un chef d'entreprise m'a dit qu'il avait deux apprentis. Celui qui était nourri par Le Fren'cheese disait qu'il ne mangeait pas toujours son repas tellement c'était infect.
Claire GilletJournaliste à Blast
Un marché juteux : 4 millions d'euros
Une centaine de mineurs non accompagnés auraient pris leur repas dans ces deux restaurants. Aujourd'hui, ils sont nourris à la cantine de l'institut de l'enfance et de l'adolescence. Selon le site d'investigation, le montant des marchés publics attribués aux deux restaurants s'élèveraient à plus de 4 millions d'euros sur les deux dernières années.
Contacté, le Conseil départemental refuse de s'exprimer tant que l'enquête est en cours.