Avec la guerre en Ukraine, AsterX a pris une autre dimension. L'exercice militaire européen de guerre spatiale, coordonné depuis Toulouse (Haute-Garonne), vise à tester la défense des satellites en cas d'attaque. Qu'en est-il depuis le conflit déclenché par la Russie ?
Depuis le 24 février et jusqu'au 4 mars, un exercice militaire dans l'espace se jouait depuis Toulouse (Haute-Garonne). De nombreux officiers venus de tous les pays d'Europe se sont donnés rendez-vous à la Cité de l'espace pour la fin de l'exercice AsterX. L'occasion toute trouvée pour poser cette question : en plus des attaques terrestres en Ukraine, les Russes mènent-ils aussi la guerre dans l'espace ? Éléments de réponse avec le chef d'état major de l'Armée de l'air et de l'espace.
La guerre en Ukraine se joue-t-elle aussi dans l'espace ?
Le chef d'état major de l'Armée de l'air et de l'espace, le général Stéphane Mille, est catégorique ce vendredi 4 mars 2022. A la question de savoir si la guerre en Ukraine engendre des manoeuvres hostiles ciblant des satellites militaires, il répond du tac au tac : " sur des satellites français d'intérêt militaire, la réponse est non." En revanche, il se passe bien des choses au-dessus de nos têtes.
Aujourd'hui, il y a un certain nombre d'actions de brouillage qui se passent dans l'espace. C'est le genre d'actions que l'on ne voit pas, mais qui viennent perturber le fonctionnement d'un certain nombre de satellites militaires ou civils.
Général Stéphane Mille
Le contexte actuel, le conflit armé mené par la Russie en Ukraine, ont bien évidemment renforcé la nécessité, pour tous les pays européens, de savoir ce qui se passe sur le plan terrestre, mais également d'être en mesure d'appliquer et de tester en commun l'ensemble des outils de surveillance de l'espace. Ainsi la nouveauté de cet exercice AsterX 2022 est qu'elle associe des Etats membres de l’Union européenne, et notamment des centres de surveillances spatiaux allemand et italien.
Tir contre un satellite, attaque informatique
"Même si on ne le voit pas, il se passe énormément de choses dans l'espace", explique le général Stéphane Mille.
Les satellites bougent, se rapprochent, s'éloignent et sont parfois même attaqués. Pour mémoire, le 15 novembre 2021, la Russie, déjà elle, avait effectué un tir d’essai contre l’un de ses vieux satellites en orbite. "Une démonstration de force" dénoncée par les Etats-Unis ayant généré plus de 1 500 débris orbitaux et mis en danger les astronautes présents à bord de la Station spatiale internationale (ISS).
Vendredi 4 mars, la France confirmait une attaque informatique contre le satellite Ka-Sat. Le satellite, qui couvre l’Europe et notamment l’Ukraine, rencontre depuis le 24 février, date du début de l'invasion de la Russie, des difficultés à fonctionner.
"L'armée de l'air et de l'espace se doit de préparer une capacité d'action ou de réaction dans l'espace face à ces évènements qui se multiplient" estime le général Stéphane Mille. La priorité de l'armée française est d'être en capacité de mener, elle aussi, sa guerre des étoiles.