Rémy Daillet, ancien représentant Modem de Haute-Garonne, et sa famille ont été expulsés dimanche de Malaisie, selon plusieurs sources concordantes, et sont attendus en France lundi où le complotiste, soupçonné d'avoir contribué à l'enlèvement de la petite Mia, fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
Rémy Daillet, sa compagne Léonie Bardet et ses trois enfants de 17, 9 et 2 ans, ont été arrêtés pour situation irrégulière fin mai sur l'île
touristique malaisienne de Langkawi où ils résidaient.
Ils ont été remis ce dimanche matin aux autorités françaises à l'aéroport de Kuala Lumpur et ont quitté la capitale malaisienne dans un vol sous escorte, selon plusieurs sources concordantes en Malaisie. "Je confirme qu'ils ont déjà été déportés par les services de l'immigration", a indiqué dimanche matin une source judiciaire. "Ils ont pris un vol commercial vers l'aéroport de Changi à Singapour avec une escorte de sécurité renforcée", a déclaré une autre source à l'AFP. Ils doivent ensuite prendre un vol pour Paris où ils sont attendus lundi matin. Cette source a précisé qu'ils apparaissaient tous en "bonne santé".
Rémy Daillet, 54 ans, avait entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation tandis que sa compagne enceinte craignait
des complications, voire de perdre son enfant si elle prenait l'avion, selon leur avocat et des proches. Un appel contre la décision d'expulsion était en cours, a indiqué l'un des avocats du Français, Jean-Christophe Basson-Larbi.
Cette expulsion forcée est illégale puisque mise en oeuvre au mépris de l'immigration act de la loi malaisienne, au mépris des conventions internationales, au mépris des règles de procédure et surtout au mépris de l'appel.
Arrêtés pour séjour irrégulier
Rémy Daillet, un ancien cadre du parti centriste MoDem en Haute-Garonne, et exclu de ce parti en 2010, est devenu depuis
une figure du mouvement complotiste.
Rémy Daillet et sa famille n'ont pas été arrêtés dans le cadre de l'affaire de l'enlèvement de la petite Mia mais parce que leurs visas
ont expiré. Une procédure d'extradition proprement dite aurait été beaucoup plus longue qu'une expulsion pour séjour irrégulier.
Mia, 8 ans, avait été enlevée mi-avril à la demande de sa mère par plusieurs hommes alors qu'elle était hébergée chez sa grand-mère dans un village des Vosges (est de la France). Sa mère n'avait alors plus le droit de la voir seule, ni de lui parler au téléphone.
A la tête d'une organisation complotiste
Selon le procureur de Nancy (est), Rémy Daillet aurait joué un rôle important dans l'organisation de l'enlèvement de l'enfant. Dans une vidéo mise en ligne après l'enlèvement de la fillette, Rémy Daillet avait tenté de se défendre. Sans évoquer nommément Mia, il réfutait le terme d'enlèvement.
Dans d'autres vidéos plus anciennes, il défendait l'idée d'un coup d'État populaire et se disait opposé aux impôts, aux vaccins, aux masques ou à la 5G. Il prônait par ailleurs l'éducation des enfants par leurs parents à la maison.
Dans le cadre de l'affaire Mia, neuf personnes au total, dont la mère de la fillette, proches de la mouvance anti-système et complotiste, ont déjà été inculpées et placées en détention provisoire. Au cours de cette enquête, un militaire retraité résidant dans les Hautes-Pyrénées a été arrêté mardi et mis en examen vendredi pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des enlèvements d'enfants". Christophe M., un lieutenant-colonel de l'armée de terre à la retraite, a reconnu avoir adhéré fin 2020 à l'organisation dirigée par Rémy Daillet.