L'ancien joueur de rugby du stade Toulousain de 2009 à 2016 et ex-capitaine du XV de France, Louis Picamoles, se confie sur les causes de l'abandon de son projet agricole et les raisons de son engagement en politique aux élections européennes de 2024.
L'ancien troisième ligne du Stade Toulousain, Louis Picamoles, se présente aux prochains élections européennes. L'ex-capitaine du XV nous livre les raisons qui l’ont poussé à abandonner son projet d'élevage de chèvre et les motifs de son engagement en politique.
France 3 Occitanie : pourquoi avoir abandonné votre projet agricole ?
Louis Picamoles : notre projet partait d'une création de A à Z. De la construction des bâtiments d'élevage, au laboratoire de transformation, à l'achat du cheptel d'une centaine de chèvres, d'investissement de matériel mais également de fourrage.
L'augmentation des matières premières, des artisans, des matériaux et de l'électricité ont fait qu'entre le début du projet et les premiers coups de pelle on avait pris entre 30 et 40% d'augmentation et lorsque nous sommes allés voir les banques les taux avaient été multipliés par 3 voir 3,5. Tous les bénéfices que l'on pouvait imaginer partaient dans les intérêts. Je n'avais plus aucune rentabilité sur mon projet.
France 3 Occitanie : les démarches administratives sont-elles trop lourdes ?
Louis Picamoles : j'avais sous-estimé le temps que j'allais devoir donner à la partie administrative. Nous avions réussi avec mon épouse à passer le cap dans le cadre de la création mais ce n'est qu'une première étape.
Il y a énormément de subventions dans l'agriculture aujourd'hui qui demandent un gros suivi administratif. La moindre erreur peut te faire perdre tes aides. Aujourd'hui énormément d'exploitations vivent des aides et donc l'équilibre est vraiment fragile.
Mais le principal problème, ce sont les coups. Pour trouver une rentabilité et vivre de ton activité c'est compliqué. On critique une certaine forme d'agriculture et d'élevage mais l'éleveur ou l'agriculteur est parfois poussé à aller là-dedans parce que si non ce n'est pas viable.
France 3 Occitanie : comment avez-vous vécu votre échec ?
Louis Picamoles : c'était un projet de reconversion, de seconde vie. J'ai eu beaucoup de mal à l'accepter et à l'assumer.
Quand j'ai pris la décision de ne pas le faire, j'ai eu du mal à en parler, à passer le cap. J'avais peur du regard des gens : "il arrivait plein d'envie puis finalement, il va se rendre compte que comme on lui a dit, c'est dur !". " Pourquoi tu te lances là-dedans, tu pourrais faire d'autres choses où tu gagnerais mieux ta vie où tu aurais moins de contraintes."
C'est un métier qui croule sous les normes administratives et sanitaires.
Louis PicamolesFrance 3 Occitanie - Rugby Magazine
France 3 Occitanie : Résultat... vous vous engagez en politique, prêt à défendre les agriculteurs ?
Louis Picamoles : ça a du sens justement par rapport aux difficultés que j'ai rencontré, et à force d'échanger avec ce milieu-là, j'ai vu les problématiques.
J'ai été approché par la liste Alliance rurale. Je vais essayer de voir en étant de l'intérieur, faire bouger les choses.
Je comprends tout à fait la colère des agriculteurs et je soutiens cette colère à 100%. On va voir si les choses annoncées vont être mises en place. On sait que parfois les annonces sont faîtes pour calmer.
On va essayer de mener à bien ce projet pour défendre le monde rural auprès de l'Europe. Aujourd'hui les normes qui concernent la ruralité sont prises par l'Europe. Donc c'est là que l'on peut faire bouger les choses.
France 3 Occitanie : Quel est désormais votre rêve ?
Louis Picamoles : c'est compliqué parce que lorsque tu as un projet depuis 4 ans et que du jour au lendemain tu prends la décision assez difficile d'arrêter un mois avant de lancer les travaux, c'est compliqué ! Trouver ma voie dans de nouveaux projets et m’épanouir avec ma famille.