Le GIEC a rendu un nouveau rapport consacré aux mesures d'adaptation qui doivent être envisagées. Des scientifiques, dont le chercheur Christophe Cassou, se sont rendus sur un marché à Toulouse (Haute-Garonne) afin d'alerter le grand public sur l'urgence du changement climatique. Entretien.
Ce deuxième volet du sixième rapport du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, rendu lundi 28 février 2022, est passé inaperçu dans le contexte chaotique de l'actualité internationale et de la guerre en Ukraine. Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS à Toulouse (Haute-Garonne) est l'un des auteurs de ce 6e rapport.
Conscient de l'importance de sensibiliser le grand public sur l'urgence et les solutions nécessaires à trouver, lui et plusieurs autres scientifiques se sont rendus dimanche 6 mars 2022 au marché Saint-Aubin de Toulouse, afin d'organiser une série de mini-conférences de rues.
France 3 Occitanie : informer le grand public est pour vous un levier afin d'être entendu de tous ?
Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS : ce que nous essayons de faire en organisant une action sur un marché comme celui-ci, c'est de sensibiliser au changement climatique au sens très large. Le GIEC est un collectif de chercheurs de toutes les disciplines. Souvent, on aborde le réchauffement climatique en termes d'énergie, en termes d'agriculture, en termes de transports... Mais on voit que l'ensemble de ces secteurs sont connectés. L'inaction n'est pas une option et ce monde, qui doit évoluer, doit être désirable et c'est ce que nous voulons faire prendre conscience : le monde à 1.5° ou à 2° supplémentaire, n'est pas qu'un monde de contraintes. C'est un mode de sobriété qui a plein de co-bénéfices comme par exemple sur la santé. Un point très fort de ce rapport du GIEC concerne notamment les conséquences du changement climatique sur le bien-être psychologique. Il l'altère. Le vivant est notre meilleur ami. Nous sommes face à des risques croissants qui nous menacent. Le statu quo n'est pas une option aujourd'hui.
France 3 Occitanie : comment être audible dans ce contexte de guerre ?
Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS : justement, les rapports du GIEC évaluent l'impact du changement climatique sur la sécurité mondiale, sur la géopolitique, sur les ressources en termes d'énergie. Ce deuxième volet qui porte sur les impacts du changement climatique sur la vulnérabilité des écosystèmes, des sociétés humaines et sur les adaptations qu'il faudra mettre en place pour mieux intégrer le changement climatique, montre qu'entre 3 et 3.5 milliards de la population vivent déjà dans un milieu qui les rend très vulnérable au changement climatique. Il montre aussi que tout retard vis-à-vis de l'action globale pour lutter contre ce réchauffement climatique ferme la petite fenêtre qui est encore ouverte aujourd'hui pour assurer un monde viable.
France 3 Occitanie : c'est donc maintenant qu'il faut agir ?
Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS : oui ! Une partie du changement climatique est inéluctable. Ce rapport montre que le seuil de 1.5° inscrit dans l'accord de Paris sera franchi dans les années 2030 car il y a une inertie de nos sociétés humaines. Si on stoppait d'émettre du carbone du jour au lendemain, les températures se stabiliseraient. L'intensité des événements extrêmes, les canicules, les vagues de chaleur n'augmenteront plus. Il faut donc limiter le plus rapidement possible nos émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le changement climatique au seuil de 1,5° voire 2°. Ce seuil de 2°, si nous continuons sur cette trajectoire actuelle, il serait franchi d'ici 2050. C'est dans 28 ans... Aujourd'hui, chaque fraction de degré gagné compte.