L'occupation d'un bâtiment inoccupé d'une université de Toulouse (Haute-Garonne) par des migrants s'est achevée ce vendredi 23 février 2024 avec l'intervention des forces de l'ordre. Le squat aura duré plus d'un an, jalonné de nombreux épisodes.
Plus de 250 jeunes migrants, installés depuis la fin de l'année 2022 dans un bâtiment inoccupé de l'université Paul Sabatier à Toulouse, ont été délogés ce vendredi 23 février 2024. Les forces de l'ordre ont procédé à leur expulsion depuis 7h du matin, mettant fin à un long combat juridique.
Un ordre d'expulsion datant de novembre 2023
La menace planait depuis plus de deux mois. Saisi par l'université Paul Sabatier, le tribunal administratif de Toulouse avait rendu une ordonnance d'expulsion le 21 novembre 2023. Le juge avait motivé cette décision par des motifs sanitaires et de sécurité.
"Pour prononcer l’expulsion, le juge avait relevé l’insuffisance des installations sanitaires au sein du bâtiment 4R3, des nuisances et perturbations constitutives d’une entrave au bon fonctionnement du service public de l’enseignement, l'état de vétusté du bâtiment notamment des installations électriques et l'insuffisance d'équipements de prévention et de lutte contre l'incendie", rappelle la direction de l'université, ce 23 février 2024.
L'exécution de cette décision judiciaire a toutefois surpris les occupants illégaux et leurs soutiens, la nouvelle présidente de l'université ayant promis de ne pas procéder à cette expulsion avant la fin de l'hiver.
À la rue
Dès 7h ce vendredi matin, les forces de l'ordre ont fait évacuer le bâtiment occupé depuis plus d'un an. Une évacuation qui s'est déroulée dans le calme. Certains jeunes ont pu retourner au compte-gouttes à l'intérieur afin d'aller chercher papiers et affaires essentielles.
Ensuite, des palissades ont été mises en place pour empêcher toute nouvelle entrée dans ce bâtiment. Pour l'heure, ces jeunes migrants sont désormais à la rue alors que la plupart sont scolarisés et doivent reprendre les cours lundi prochain.
Selon un représentant de l'association Tous en classe 31, une cinquantaine de ces jeunes se retrouvent dans ce cas.
Dans un communiqué, le Conseil départemental de Haute-Garonne indique avoir pris en charge une mère isolée et son enfant âgé de moins de trois ans. Par ailleurs, trois autres jeunes "ont été orientés vers la structure mandatée pour évaluer leur minorité."
12 placements en centre de rétention
La préfecture précise que des agents des services de l'État et de l'office de l'immigration et de l'intégration étaient également sur les lieux "afin de procéder à une évaluation de la situation administrative de chaque occupant". Bilan :
- 12 personnes en situation irrégulière et ayant commis des infractions ont été conduites au centre de rétention
- 10 personnes ayant déjà effectué une demande d'asile vont être hébergées par l'OFII
- 2 personnes remplissant les critères requis vont pouvoir obtenir un rendez-vous pour faire leur demande d'asile
- 2 familles ont refusé toute prise en charge au titre de la vulnérabilité
Chronologie
Originaires d'Afrique, ces jeunes migrants sont arrivés en France au printemps 2022. Arrivés à Toulouse, ils s'étaient tout d'abord installés dans l'ancien Ehpad des Tourelles, puis sur les allées Jules Guesde, avant d'occuper le bâtiment de l'université.
Le 22 décembre 2022, l'université Paul Sabatier introduisait une demande en référé en vue de leur expulsion qui sera ordonnée une semaine plus tard par le juge. Quinze jours passent, et c'est le revirement total. Dans un communiqué adressé aux médias, le vendredi 13 janvier 2023, le tribunal administratif toulousain annonce mettre fin à sa propre mesure d'expulsion.
23 janvier 2023 : le conseil d'administration de l'université Paul Sabatier adopte une motion et demande officiellement à l'État et au Département de prendre leurs responsabilités.