À Toulouse, la fin du site web "BricoPrivé.com" s'annonce douloureuse. Depuis l'annonce de fermer l'entreprise d'ici l'été 2024, les 174 salariés peinent à discuter avec l'actionnaire majoritaire, le groupe Mousquetaires. La réunion du 6 mars n'a rien donné.
C'est un signe des temps. Dans un communiqué de presse du 5 mars 2024, Les Mousquetaires dévoilent son bilan 2023. Le groupe annonce fièrement un chiffre d'affaires de 52,9 milliards d'euros grâce à ses nombreux enseignes : Intermarché, Netto, Bricomarché, Roady,... Mais aucune mention de Brico Privé.
Pourtant, Les Mousquetaires détiennent 66 % du capital de ce fleuron de la Tech française. Crée en 2012 à Toulouse, Brico Privé est le leader national des ventes privées dédiées au bricolage, jardinage et aménagement de la maison.
La plateforme affichait en 2022, un volume de vente de 100 millions d'euros. C'est 20 fois le chiffre d’affaires de Rapid pare-Brise, pourtant cité dans la communication des Mousquetaires.
Cet "oubli" reflète le sentiment des 174 salariés de Brico Privé.
"Le dialogue est fermé" lâche Karoline Vitrant, salariée et élue au CSE de BricoPrivé.
Depuis l'annonce d'un plan de sauvegarde d'emploi (PSE) visant à supprimer la totalité des postes, les représentants du personnel tentent d'échanger avec la Direction des Mousquetaires.
Une première réunion a eu lieu ce 6 mars au siège social de l'entreprise à Toulouse. "Mais cela n'a rien donné" se désespère Karoline Vitrant.
La direction ne répond jamais à nos questions et ne fait aucune contre-propositions (..). Par ailleurs, elles nous interdit de communiquer les mesures du PSE aux salariés.
Karoline VitrantElue au CSE de BricoPrivé
Pourtant, les 174 salariés savent que le sort de leur entreprise est scellé. Brico Privé fermera définitivement ses portes d'ici l'été 2024.
"C'est une décision stratégique" analysent-ils. Un constat non démenti par l'actionnaire majoritaire.
Dans un contexte très concurrentiel, et malgré la période de la COVID-19 qui a permis une dynamique importante du secteur, les résultats de Bricoprivé ont été, et sont toujours, en nette régression.
Groupe MousquetaireActionnaire majoritaire de Brico Privé
Aujourd'hui, l'urgence est de négocier le plan social et les indemnisations de départ.
Cependant, les propositions de la direction ne semblent pas satisfaire le personnel.
"On demande que les mesures annoncées soient à la hauteur du groupe Les Mousquetaires qui pèse des milliards d'euros. Aujourd'hui, les mesures proposées sont à la hauteur d'une petite PME. Ce n'est pas acceptable" confiée l'élue CSE lors d'une première manifestation le 29 février dernier.
Lors des échanges du 6 mars avec la DRH des Mousquetaires, le "groupe a revu légèrement en hausse les indemnisations mais cela reste insuffisant" poursuit-elle.
"La direction joue la montre" estime l'élue. "Elle nous refuse d'organiser des dates intermédiaires pour négocier correctement le PSE". Ce denier doit s'achever au mois d'avril avec la consultation finale des instances du personnel.
Un dialogue de sourd réfuté par Les Mousquetaires.
Sollicité, le groupe affirme qu'elle suit la procédure et reste à l'écoute.
Depuis l'annonce du projet de cessation d’activité de BricoPrivé, "les raisons de cette décision ainsi que la volonté d’accompagner au mieux les collaborateurs avec un plan de sauvegarde de l’emploi ont été très clairement exprimées".
"La première réunion d’échanges sur les modalités devait se tenir le 29 février dernier. Des premiers échanges avec le CSE ont eu lieu mais cette dernière a été décalée en raison de l’absence de la DRH" poursuit-elle. "Cette réunion a été repositionnée le 6 mars"
Face aux inquiétudes exprimées, la direction a décidé d’organiser, en complément, une seconde réunion avec l’ensemble des collaborateurs sur cette même journée. L'objectif étant de rappeler les différentes étapes de la procédure, d’apporter l’écoute nécessaire et de répondre aux différentes interrogations.
Groupe Les Mousquetaires
La prochaine négociation est prévue le 11 mars à 9h00. D'ici là, les salariés restent mobilisés et interpellent les élus locaux.
D'ailleurs, la Région Occitanie est venue les soutenir ce 6 mars devant le siège situé dans le quartier de Montaudran. La députée LFI de Haute-Garonne, Anne Stambach a fait de même.
Fermeture de Brico Privé: 174 salariés perdent leur emploi, du fait des mauvais choix stratégiques de l'actionnaire majoritaire.
— Anne Stambach (@Anne_Stambach) March 7, 2024
Le groupement Les Mousquetaires, 45 Mds de chiffre d’affaires, propose un plan social au rabais, encore tenu secret.
Soutien aux salariés en lutte! pic.twitter.com/6Nq1xq7fu3
Le dossier "prend une tournure politique et médiatique" analyse Karoline Vitrant. Elle assure avoir interpellé la Direction à ce sujet. "Mais aucune réaction" conclut-elle.